La chasse s'ouvre derrière YB, avec un Servette ambitieux et des Vaudois qui veulent surprendre
Young Boys parti pour rester au sommet? Telle est la première interrogation qui pointe son nez au moment où la Super League reprend sa place dans le calendrier de nos week-ends, et même si la réponse semble déjà connue. Deux mois après avoir retrouvé sa couronne, en marchant cette fois-ci sur le football suisse, le club bernois démarre avec les faveurs de la cote. Rien ni personne ne semble en effet en mesure d'entraver sa marche royale sur les hauteurs du championnat, même si la concurrence risque d'être moins naïve ces prochains mois que la saison dernière. Aussi parce que les protégés de Raphaël Wicky auront d’autres lièvres à chasser, en dehors de nos frontières, et que cela pourrait leur coûter des forces sur le territoire national. Encore que...
Ce nouvel exercice qui démarre samedi vaut aussi pour son originalité par rapport à ce que nous avions connu ces dernières années, avec une élite élargie à 12 équipes et désormais quatre acteurs romands (Servette, Lausanne, Stade Lausanne Ouchy et Yverdon), mais sans le FC Sion, qui a sorti une saison digne d'une Série B pour finir relégué. Les Valaisans tenteront de remonter le plus vite possible, alors que les clubs vaudois marcheront certainement sur des œufs durant cette nouvelle cuvée, menacés qu'ils pourraient être par une chute.
Quid en revanche de Servette? Sorti de sa plus belle saison depuis celle du dernier titre en 1999 (2e du championnat), le club genevois reste sur une pente ascendante. Son recrutement a été intelligent et les promesses nées lors des matches amicaux font déferler un nouveau souffle d'optimisme sur le Stade de Genève. Si René Weiler assure une transition réussie après la belle ère Alain Geiger, il y aura fort à parier que les Grenat joueront à nouveau les premiers rôles. Ils ont en tout cas pour l'instant une belle tête de candidats au podium. Voire mieux? Il est encore trop tôt pour s'avancer, sachant que plusieurs clubs ont encore du travail à fournir lors de ce mercato estival, mais sauf cataclysme, le SFC jouera un vrai rôle dans ce championnat.
Lucerne et Lugano sont aussi attendus dans la lutte pour le podium. Le club de Suisse centrale entend poursuivre l'excellent travail fourni ces derniers temps avec Mario Frick à sa tête et les Tessinois aspirent à confirmer leurs deux très bonnes précédentes saisons. L'appétit venant en mangeant, ils ne se cachent plus au moment d'affirmer leurs ambitions. C'est le contraire de Saint-Gall, qui malgré son excellent coach (Peter Zeidler), apparaît en perte de vitesse, au sortir d'un exercice 2022/2023 qui n’a pas non plus été transcendant. Grasshopper et Zurich, qui cherchent à "taper" plus haut que ce printemps, seront à suivre. Le FCZ n'a-t-il pas prouvé, à l'automne 2021, qu'un excellent début de saison peut tout bouleverser? Les deux clubs des bords de la Limmat auront tout intérêt à être d'emblée au taquet s'ils entendent accrocher l'Europe.
En terre alémanique, la vraie question tourne plutôt autour du FC Bâle, devenu une énigme après tant d’années au sommet. L'arrivée d’un nouvel entraîneur, qui a déjà grincé des dents autour du recrutement, et les départs de Kesim Adams, Zeki Amdouni, Andy Diouf, Darian Males, Andy Pelmard ou encore Andi Zeqiri ont amputé le club rhénan de sa colonne vertébrale, et même plus encore. A moins qu'il ne donne un nouveau coup d'accélérateur en fin de mercato, comme il y a deux ans, le FCB devra souquer ferme pour mettre son grain de sel dans le haut du tableau.
Enfin, subsiste Winterthour, sauvé la saison passée et qui a lui aussi changé d'entraîneur, Patrick Rahmen succédant à Bruno Berner, parti à GC. Mais l'arrivée de l'ancien sélectionneur des M21, qui sort d'un mandat mi-figue mi-raisin avec les "Rougets", n'est pas forcément vue comme la meilleure des choses chez les 9es de la saison passée. Reste que ceux-ci apparaissent mieux armés sur le papier que voici 12 mois. Les arrivées de quelques jeunes joueurs et d'autres cadres expérimentés sont porteuses d'espoirs. Le FCW, que d'aucuns promettent toutefois à la relégation, a, semble-t-il, mieux géré l'été que les trois clubs vaudois.
Place maintenant au rectangle vert pour obtenir les premières réponses.
Arnaud Cerutti - @arnaud_cerutti
Young Boys, une "double équipe"
Young Boys a non seulement un effectif taillé pour la gagne, mais il possède le banc qui va avec. A Berne, les postes sont quasi tous doublés et les 18 premiers joueurs seraient certainement titulaires n'importe où ailleurs en Suisse. Alors certes, Fabian Rieder devrait bientôt partir, et des doutes subsistent autour de Christian Fassnacht et Jean-Pierre Nsame, mais le groupe dirigé par Raphaël Wicky n'a pas d’égal en Super League. Il faudra juste qu'il assure en Europe, en décrochant sa qualification pour la Ligue des champions, pour justifier d’être aussi important.
Servette sur sa lancée?
Vice-champion de Suisse la saison passée, Servette entend faire au moins aussi bien cette fois-ci et viser le titre dans les trois prochaines années, à en croire ses dirigeants. Sur le papier, le club genevois s’est donné en partie moyens de ses ambitions, avec notamment le recrutement de Jeremy Guillemenot. Le jeune Danois Alexander Lyng paraît intéressant, tout comme le latéral Bradley Mazikou. L’arrivée du Japonais Keigo Tsunemoto a fait beaucoup de bruit sur le Net, les Nippons se ruant sur les différents comptes du club grenat. Si le joueur est aussi bon sur le terrain que sur le plan marketing, le SFC aura réussi le coup de l’été. A René Weiler de concrétiser les choses.
Une lutte cantonale
Tous néopromus, Lausanne, Stade Lausanne Ouchy et Yverdon ne s’installeront certainement pas en première partie de tableau. C’est plutôt dans une lutte pour le titre de "meilleur club vaudois" et dans une bataille contre la relégation que tous trois s'élancent. Grâce à son expérience et ses moyens, le LS semble le mieux placé, surtout si les paris tentés lors du match estival s'avèrent gagnants. Stade Lausanne, lui, a perdu l'excellent Teddy Okou (Lucerne), mais puisqu'il nous a habitués à signer des coups étonnants, tout peut arriver. Paradoxalement, c’est pour le champion de Challenge League, Yverdon, que les choses semblent le moins bien emmanchées. Passé sous pavillon américain, le club du Municipal a tardé à enclencher son mercato. Ce retard à l’allumage se traduira-t-il sur le terrain?