En se qualifiant pour les huitièmes de la Coupe du monde 2023, les Helvètes ont déjà rempli leur objectif déclaré. Trois matches, cinq points, aucun but encaissé, première du groupe A: la Suisse a fait le job et elle l'a même bien fait. Si, à ces bonnes performances défensives, elle avait ajouté de l'efficacité en phase offensive, elle aurait tout simplement été parfaite.
"Oui, bien sûr", convient Ana Maria Crnogorcevic. "Nous avons bien travaillé défensivement, nous avons beaucoup, beaucoup couru, plus de 11,4 km par match pour moi par exemple. Ce n'est pas rien pour une attaquante (sourire). Mais nous devons mieux jouer vers l'avant. Il manque la précision, il manque la dernière passe." Hormis ce manque d'efficacité, sur lequel elle travaille, la Suisse aborde ce duel en confiance. Elle a montré qu'elle savait hausser son niveau de jeu contre les grosses nations l'an dernier à l'Euro. Il lui manquait alors sans doute un petit quelque chose au niveau physique et mental pour tenir jusqu'au bout (deux défaites contre la Suède et les Pays-Bas concédées dans les dernières minutes).
Sous la baguette d'Inka Grings, la Suisse semble avoir acquis la discipline et le petit supplément de caractère qui lui permettent de ne rien lâcher jusqu'au coup de sifflet final. Même si la pression adverse est intense, même si la réussite offensive n'est pas encore au rendez-vous comme contre la Norvège puis la Nouvelle-Zélande. Portée par une Gaëlle Thalmann brillante, pour son ultime tournoi, et une défense de fer, l'équipe possède une solide base sur laquelle s'appuyer. Dans un rôle d'outsiders qui leur sied mieux que celui de favorites, les Suissesses ne partent assurément pas battues d'avance.
Nous voulons aller plus loin, ce serait historique. Nous pensons que nous sommes capables de le faire.
"Nous sommes libérées d'une certaine pression", explique la milieu du Bayer Leverkusen Amira Arfaoui. "Nous voulons aller plus loin, ce serait historique. Nous pensons que nous sommes capables de le faire. Nous avons vu, lors de la défaite espagnole face au Japon (ndlr: 4-0), qu'il y avait de la place pour marquer." La défense espagnole, piégée à plusieurs reprises par les Nippones, n'a pas donné toutes les garanties, loin de là. "Un de ses points faibles est peut-être sa charnière centrale, à nous d'en profiter", confirme Sandrine Mauron.
Si la Suisse aura un vrai coup à jouer, elle n'oublie pas qu'elle se mesurera samedi à une nation, qui, bien que parfois fragile, compte dans ses rangs des joueuses d'exception à l'image de la double Ballon d'Or Alexia Putellas, d'Aitana Bonmati ou encore de Jennifer Hermoso, des stars dont l'orgueil a été fouetté par le Japon et qui auront une terrible soif de revanche. "Nous pouvons battre l'Espagne, mais ce ne sera vraiment pas simple, nous devrons réussir une performance de très haut niveau", assure Crnogrocevic. Libérée, solidaire, enthousiaste et affamée, cette équipe de Suisse semble prête à croquer la pomme de l'exploit à l'Eden Park.
Auckland, Ludovic Perruchoud
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