La Suisse éliminée par une belle équipe d'Espagne

PROGRESSION. Le score est évidemment sévère pour une équipe qui n'a pas ménagé ses efforts. Sans doute émoussées physiquement après leurs performances défensives de qualité mais énergivores, les Suissesses ont semblé ne plus avoir le jus pour faire preuve de la même rigueur et lucidité en défense qu'en phase de poules. Il n'empêche que la Suisse a atteint son objectif de se hisser en huitièmes de finale, que l'assise apportée par sa sélectionneuse est une bonne base pour construire sur le long terme et travailler sur l'efficacité offensive. Les joueuses helvétiques n'ont pas à rougir.

REACTION. Giflées 4-0 par le Japon et blessées dans leur orgueil, les Espagnoles ont réussi un excellent début de match. Aitana Bonmati et Alba Redondo ont fait sauter le verrou helvétique dès la 5e minute. Après un formidable arrêt de Gaëlle Thalmann, Redondo a récupéré et idéalement servi Bonmati qui s'est ouvert le chemin du but d'un magnifique crochet avant de tirer. Après la réduction de la marque - un improbable but contre son camp de Laia Codina -, Bonmati a dévié un centre d'Ona Battle pour Redondo qui a placé une tête imparable. Bonmati, élue meilleure joueuse de la Ligue des champions 2023 remportée par son club du Barça, a parachevé sa très belle première période avec le 3-1. Codina, après une partie de billard dans la surface, a pu corser l'addition dans une première période dominée de la tête et des épaules par les joueuses de Jorg Vilda. La messe était dite.

DOMINATION. La formation espagnole a impressionné et évolué plusieurs crans au-dessus de la Suisse. Portée par des joueuses d'exception, techniquement supérieures, elle a retrouvé, hélas pour la Suisse, tout son mordant. La domination stérile du match contre le Japon a laissé place à un jeu précis dans les intervalles, à de nombreuses appels sans doute favorisés par les largesses suisses. Précises, combatives sur les deuxièmes ballons, elles ont parfaitement géré les coups de pied arrêtés, sur lesquels elles ont systématiquement porté le danger. Aucun regret à nourrir pour la Suisse contre une équipe qui a démontré toute l'étendue de son talent et qui franchit les huitièmes de finale pour la première fois de son histoire en trois participations.

CHANGEMENT. Les entrées de Sandrine Mauron, Meriame Terchoun et Viola Calligaris à la mi-temps ont fait beaucoup de bien. Les Helvètes ont montré un meilleur visage après la pause. Même si le mal était fait, elles ont eu le mérite de continuer à jouer et à essayer. Las, ce tournoi n'aura pas été celui de la réussite offensive pour elles. Ainsi, la belle action de la 56e minute n'a pas été récompensée. Sur un ballon difficile, la frappe de Terchoun a été trop cadré pour inquiéter la portière Cata Coll. Ce tir a été le seul cadré de la Suisse dans cette rencontre.

MYTHIQUE. Les tribunes de l'Eden Park, forteresse aussi mythique que - quasiment - imprenable des All Blacks, étaient pleines pour cette rencontre, mais pas dès le coup d'envoi. Car oui, une partie du public a attendu que la victoire des rugbymens néo-zélandais face à l'Australie dans la traditionnelle Bledisloe Cup, disputée à... Dunedin, soit consommée (23-20) pour rejoindre ce temple du rugby et le faire résonner pour ce huitième de finale. Ils étaient 43'217 fans, un chiffre qui n'a rien d'anodin pour l'équipe de Suisse.

Auckland, Ludovic Perruchoud

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