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"Servette doit surfer sur la vague et poursuivre sa progression", lance Yoan Severin

Guerrier sur le terrain, Yoan Severin promet de ne rien lâcher non plus en Europa League. [Keystone - Salvatore Di Nolfi]
Guerrier sur le terrain, Yoan Severin promet de ne rien lâcher non plus en Europa League. - [Keystone - Salvatore Di Nolfi]
Servette entrant en lice en Europa League jeudi contre le Slavia Prague (18h45), RTSsport a pris la température auprès de Yoan Severin, défenseur central en partie formé à la Juventus et arrivé à Genève en 2018. On découvre une personne posée, lucide et aussi déterminée. A lire!

C'est un mélange d'excitation et d'impatience qui attend Yoan Severin (26 ans). Dans quelques heures, le défenseur français du Servette FC et ses partenaires vont pouvoir entrer de plain-pied en phase de poules de l'Europa League, dans leur antre face au Slavia Prague. De quoi saliver! "Oui, c'est vrai, nous nous réjouissons, souffle l'enfant de Bourgoin-Jailleu. Nous avons bossé pour vivre ces moments-là et nous aimerions vraiment pouvoir retrouver les émotions vécues contre Genk et les Rangers en éliminatoires de la Ligue des champions. Franchement, on ne peut qu'être enthousiastes à l'idée de disputer ce genre de rencontres!"

Personnage posé, qui manie bien les mots, l'homme le plus utilisé par René Weiler en ce début de saison a bien voulu s'épancher plus longuement à l'oreille de RTSsport.

RTSsport.ch: Yoan Severin, le Slavia Prague, l'AS Roma et Sheriff Tiraspol vont se dresser sur la route du Servette FC. On imagine que ce ne sont pas tout à fait les adversaires que vous auriez souhaités...

YOAN SEVERIN: J'aurais effectivement aimé affronter un club français, surtout Marseille, parce que son président actuel (ndlr: Pablo Longoria) est l'homme qui m'avait recruté à la Juventus. Aussi car j'ai côtoyé Amine Harit en sélections de jeunes françaises (ndlr: Harit évolue désormais pour le Maroc). Je pense que cela aurait été un magnifique clin d'oeil du destin. Mais même sans l'OM, le Stade de Genève aura droit à de magnifiques affiches. Ca va être beau!

RTSsport.ch: Votre vice-président, Alain Moscatello, estime qu'il y a de quoi espérer accrocher la 2e place de cette poule. Que devra faire le SFC pour signer cet exploit?

YOAN SEVERIN: Même si nous allons nous frotter à du très haut niveau, je pense effectivement qu'il peut y avoir une ouverture. A nous donc de tout entreprendre pour nous y engouffrer! Cette 2e place devrait se jouer sur des détails et c'est justement là que Servette devra montrer qu'il a appris de ses expériences estivales, notamment du match retour contre les Rangers, où nous aurions pu mener 2-0 à la mi-temps. C'est là que nous avons pu mesurer à quel point l'Europe ne pardonne pas. Il faudra tout donner et ne pas avoir de sautes de concentration.

Servette devra montrer qu'il a appris de ses expériences estivales, notamment du match retour contre les Rangers, où nous aurions pu mener 2-0 à la mi-temps...

Yoan Severin, défenseur central du Servette FC.

RTSsport.ch: Les Grenat sont logiquement considérés comme les Petits Poucets de ce groupe. Mais cela pourrait aussi être un avantage, non?

YOAN SEVERIN: Peut-être que nos adversaires pourraient nous prendre un peu de haut, mais je pense que nos performances contre Genk et les Rangers ont changé les regards. Ils ne devraient pas nous sous-estimer... Après, tant mieux si certains de nos adversaires européens nous prennent à la légère et ne se montrent pas trop vigilants (rires). Plus sérieusement, je veux surtout croire en nous et en nos capacités. On a un effectif de qualité qui, à chaque fois en éliminatoires de la Ligue des champions, a su se mettre à la hauteur de l'événement. Nous allons bien analyser nos adversaires afin de pouvoir les regarder dans les yeux. On doit se donner le droit d'y croire.

RTSsport.ch: A quel point l'élimination contre les Rangers a-t-elle pesé dans les têtes?

YOAN SEVERIN: Honnêtement, nous sommes vite passés à autre chose, parce que si on nous avait dit avant l'entame de la saison que nous jouerions la phase de poules de l'Europa League, nous aurions clairement signé des deux mains! Mais il est vrai, aussi, qu'au coup de sifflet final, nous étions meurtris, car nous aurions aimé pouvoir aller jusqu'aux playoffs et défier le PSV Eindhoven. Cela étant, j'avais senti, au fil de la 2e mi-temps face aux Écossais, que nous étions un peu moins bien, que nous commencions à flancher.

Tant mieux si certains de nos adversaires européens nous prennent à la légère et ne se montrent pas trop vigilants...

Yoan Severin, défenseur central du Servette FC.

RTSsport.ch: Justement, l'enchaînement des matches a été important pour Servette ces deux derniers mois. Avez-vous bien récupéré durant la trêve internationale?

YOAN SEVERIN: Oui, tout à fait, car je me suis préparé en conséquence. Nous savions que le programme risquerait d'être très condensé et nous avons fait ce qu'il fallait pour être dans les meilleures dispositions possibles. Et puis, qui pourrait se plaindre de ce programme, franchement? Nous nous sommes en effet battus tout au long de la saison passée pour en arriver là, pour goûter à l'Europe, pour vivre cette aventure. Bien entendu qu'en championnat nous ne sommes pas là où nous souhaiterions être, surtout que nous disposons à mes yeux de l'effectif pour faire bien mieux, mais nous n'avons absolument aucun droit de nous servir des compétitions continentales comme d'une excuse. Au contraire, il faut apprécier ces instants européens et ne surtout pas râler s'il y a un peu d'usure. On vit et on bosse pour ces moments-là!

RTSsport.ch: Ces moments, justement, arrivent cinq ans après votre arrivée au Servette FC, alors que de votre propre aveu vous ne connaissiez pas vraiment le club et que celui-ci évoluait à l'époque en Challenge League. Quelle incroyable aventure!

YOAN SEVERIN: En arrivant ici, j'ai vite compris qu'il y avait l'ambition de retrouver l'élite, mais le club était encore en reconstruction. Nous sommes finalement montés plus vite que prévu et, aujourd'hui, je peux dire que c'est formidable de voir où nous en sommes! Avoir réussi à être champions de Challenge League en marchant sur le championnat, puis surtout être parvenus à se stabiliser pareillement dans l'élite est extraordinaire. Pas tous les clubs n'y arrivent, mais Servette l'a fait, en allant qui plus est chercher l'Europe... Vivre cette évolution de l'intérieur, en étant partis de loin, est un privilège. Alors oui, on peut être fiers de ça, mais j'ai plutôt envie de dire que nous devons continuer ainsi, ne pas nous relâcher. Le SFC doit surfer sur cet engouement qui ne cesse d'enfler autour de lui. On voit que le stade se remplit chaque semaine un peu plus, que les gens sont nombreux à porter des maillots, etc... Il y a une passion qui se dégage et on doit faire en sorte qu'elle s'amplifie encore.

A Genève, il y a une passion qui se dégage pour le Servette FC on doit faire en sorte qu'elle s'amplifie encore.

Yoan Severin, défenseur central du Servette FC.

RTSsport.ch: Sur le plan personnel, on a le sentiment que depuis un autogoal contre GC en août 2022, vous ne cessez de prendre du volume dans le groupe, d'être un guerrier, vous imposant comme l'un des patrons...

YOAN SEVERIN: Le patron, je ne sais pas, mais j'ai enchaîné les matches depuis lors et j'ai pris confiance. Le fait de jouer, de répéter les efforts, de bien me trouver avec mes camarades, m'a placé dans les meilleures dispositions. J'ai aussi énormément travaillé pour franchir de nouveaux caps, en effectuant beaucoup d'analyses vidéos afin de m'améliorer notamment dans mon placement, dans ma manière d'anticiper, de comprendre le jeu. J'espère poursuivre sur ce chemin, dès jeudi face à Prague.

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Arnaud Cerutti - @arnaud_cerutti

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Cognat et Onguéné, vielles connaissances

Lorsqu'on lui demande s'il est à l'origine de la venue à Genève de son nouveau partenaire Jérôme Onguéné, avec lequel il a porté le maillot de l'équipe de France chez les jeunes, notamment en match de poules du Mondial M20, Yoan Severin se marre, mais précise très vite n'y être pour rien. "Non, je n'ai pas joué les intermédiaires, rit-il. Tout juste Jérôme m'a-t-il écrit pour prendre des renseignements, après avoir eu de premiers contacts avec le club..." L'ancien joueur de Francfort n'est pas la seule "vieille connaissance" qui évolue à nouveau aux côtés du No 19 des Grenat. Après avoir signé au SFC en 2018, ce dernier avait en effet retrouvé un certain Timothé Cognat, son ancien camarade chez les jeunes de l'Olympique Lyonnais. "On se connaît depuis qu'on a 14 ans", glisse Severin.

"Les autres veulent nous 'taper'"

Servette ne cessant de monter en puissance depuis 2018, au point d'atteindre la 2e place du championnat et l'Europe, Yoan Severin a vu les regards changer sur le club genevois. Pas seulement dans l'entourage du club, avec un bassin de supporters qui grandit, mais surtout dans les yeux des adversaires. "Oui, on sent que le club n'est plus considéré de la même manière qu'avant, que les gars nous observent différemment, admet le Français. La petite aventure continentale du début de saison a encore amplifié ce sentiment. Les autres veulent vraiment "taper" le vice-champion de Suisse. Ca complique aussi la donne pour nous, qui devons apprendre à affronter cela et nous y adapter. On doit être encore davantage sur nos gardes, davantage vigilants, davantage sérieux. La motivation de nos adversaires grandit face à nous et nous, Servettiens, devons aussi grandir dans ce contexte, apprendre à y faire face."

"La Juve, une institution"

Repéré par la Juventus en 2014, à l'âge de 17 ans, Yoan Severin n'a jamais porté le maillot bianconero en compétition officielle, mais il mesure pleinement ce que lui a apporté son passage à Turin. "Il est clair que lorsqu'on met les pieds à la Juve, on rêve d'y rester, de s'y établir, mais cela ne s'est pas fait pour moi, pose-t-il aujourd'hui. Reste qu'avoir passé trois ans dans ce qui n'est pas un club, mais une véritable institution, a été un privilège. J'y ai vécu des moments magnifiques et un véritable apprentissage en accéléré. Du football bien sûr, mais aussi de la vie. Je me suis retrouvé seul, à 17 ans, dans un pays dont je ne connaissais pas la langue. J'ai été face à moi-même et cela m'a permis de mûrir très vite. Sportivement, j'ai eu le bonheur de faire une année entière avec le groupe pro, d'être aussi sur le banc en Ligue des champions, aux côtés de joueurs comme Giorgio Chiellini, Patrice Evra, etc."

L'Isérois retient surtout d'avoir disputé la Youth League avec les jeunes turinois; une expérience marquante. "Cette aventure reste gravée en moi, reprend-il. Nous affrontions par exemple Manchester City ou le FC Séville dans l'après-midi, puis le soir nous allions soutenir l'équipe première dans les plus beaux stades d'Europe; magique!"

Bien entouré en "Bleu"

Avoir porté le maillot de l'équipe de France, notamment lors du Mondial M20 2017 en Corée du Sud, constitue l'une des plus grandes fiertés de Yoan Severin. "Avoir le coq sur le coeur, entendre l'hymne sur le terrain, ça fait effectivement 'quelque chose', glisse le défenseur central. Cela a été une magnifique étape de ma jeune carrière." En "Bleu", le Genevois d'adoption a notamment côtoyé quelques sacrés joueurs: Christopher Nkunku (à présent à Chelsea), Marcus Thuram (Inter Milan, vice-champion du monde 2022), Théo Hernandez (AC Milan, vice-champion du monde 2022), Amine Harit (Olympique de Marseille), ou encore Jean-Kévin Augustin (FC Bâle), qu'il affronte à présent en Super League. "J'étais sûr que ces gars-là réussiraient, car ils ont un sacré potentiel et du talent, avoue-t-il. Ils étaient déjà parmi les tout meilleurs et en train de s'installer au plus haut niveau à l'époque." Pour l'anecdote, Denis-Will Poha, l'actuel attaquant du FC Sion, faisait aussi partie de la volée envoyée par la France en Asie.

Groupe G Matches Diff. Buts Points
1. Sl.Prague 6 17 : 4 15
2. AS Rome 6 12 : 4 13
3. Servette 6 4 : 13 5
4. Sh.Tiraspol 6 5 : 17 1