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Après l'ère Yann Sommer, Gregor Kobel entre en scène avec la Suisse. "Il a tout pour réussir et convaincre"

Gregor Kobel a lancé lundi sa première semaine de véritable no1 de l'équipe nationale. [KEYSTONE - GEORGIOS KEFALAS]
Gregor Kobel a lancé lundi sa première semaine de véritable no1 de l'équipe nationale. - [KEYSTONE - GEORGIOS KEFALAS]
L’équipe de Suisse reprend le chemin des terrains jeudi contre le Danemark, puis dimanche à Genève face à l’Espagne dans le cadre de la Ligue des Nations (matches diffusés sur RTS 2 à 20h45). Avec une grosse nouveauté: Gregor Kobel en tant que gardien no1. Un thème incontournable à la veille de ces deux rendez-vous.

Hormis peut-être à travers quelques publicités, Yann Sommer, la belle gueule du foot suisse, ne s'invitera plus chaque été dans nos salons. On le sait: le presque mythique portier de l'équipe nationale a décidé de tourner le dos à la sélection et, donc, de ne pas être au rendez-vous de la Ligue des Nations. Sa trace dans l'histoire du ballon rond helvétique ne s'efface pas pour autant. Son ombre est encore là, bien présente, alors que Gregor Kobel, bientôt 27 ans, doit assurer sa succession.

Propulsé nouveau no1, le Zurichois, qui avait affronté la Serbie au Mondial 2022, attire désormais toute la lumière. C'est a priori ce qu’il attendait depuis des mois, voire des années – il l'a assez revendiqué. Mais en dépit des références qui sont déjà les siennes (indiscutable à Dortmund, finaliste de la Ligue des champions, équipe-type de la saison européenne…), prendre le relais d'une légende ne sera pas simple. Parce qu'il n'a ni l'aura ni l'expérience de son prédécesseur. "Sommer est une légende, sans doute le meilleur gardien que la Suisse ait eu, relève Daniel Blanco, actuel entraîneur des portiers du Servette FC. Il a toujours su rebondir et répondre présent, repoussant à chaque fois la concurrence et clouant le bec à ses détracteurs. Yann a été et reste une référence mondiale à ce poste, un dernier rempart qui a toujours fourni de grandes prestations. Passer derrière un tel personnage n'est pas une tâche aisée."

Yann Sommer a été et reste une référence mondiale à ce poste, un dernier rempart qui a toujours fourni de grandes prestations. Passer derrière un tel personnage n'est pas une tâche aisée

Daniel Blanco, entraîneur des gardiens du Servette FC

Surtout lorsque subsistent certaines interrogations, notamment quant au jeu aux pieds du portier du BvB, moins séduisant que celui du dernier rempart de l'Inter. "Yann était le top par rapport au football prôné par Yakin, reprend Blanco. Son jeu aux pieds était parfait. Kobel, on le sait, doit encore beaucoup travailler dans ce domaine, car il est en dessous. Il peut notamment vite se trouver en difficulté lorsqu'il s'agit de jouer dans l'urgence…"

Ancien gardien international, Sébastien Roth est conscient des limites de Kobel dans l'exercice, mais cela ne l'inquiète pas plus que cela. "Gregor n'est pas le dernier venu, indique le Jurassien. Sa taille et sa présence physique sont plus conséquentes que celles de Sommer. Il me rassure notamment grâce à son énorme présence dans les airs, car il ose y aller, alors qu'avant lui, on avait un gardien qui n'y allait simplement pas…"

Gregor Kobel me rassure notamment grâce à son énorme présence dans les airs, car il ose y aller, alors qu'avant lui, on avait un gardien qui n'y allait simplement pas…

Sébastien Roth, ancien gardien international suisse

Est-ce à dire que ce que l'on a perdu dans un domaine a été gagné ailleurs? On peut le croire à entendre nos interlocuteurs, qui s'accordent à dire qu'avec le temps, Kobel va s'imposer aux yeux de tout le monde. "Cette Ligue des Nations va permettre à Gregor de prendre ses aises et de trouver des automatismes avec ses partenaires, qu'il connaît d’ailleurs depuis pas mal de temps, reprend Roth. Il lui faudra être au top pour les éliminatoires de la Coupe du monde 2026, qui seront le vrai gros morceau pour la Suisse ces prochains mois, bien davantage que les matches de cet automne. Il a tout pour réussir et convaincre."

Voilà pour le terrain. Mais il y a aussi les à-côtés. Yann Sommer était en effet un leader, l'une des âmes du groupe helvétique. Gregor Kobel, qui a un tout autre caractère, aura ainsi un autre héritage à assumer que celui purement sportif. Pour avoir souvent revendiqué la place de no1, le Zurichois est attendu au tournant. Par les suiveurs, mais également par ses partenaires, attachés à son prédécesseur. "Oui, Gregor hérite d'une immense responsabilité en termes de leadership, convient Daniel Blanco. Mais s'il brille en matches, il effectuera déjà un premier pas dans la bonne direction pour devenir un pilier de cette équipe nationale. C'est aussi ainsi que Sommer est devenu ce qu'il est."

Et Sébastien Roth de conclure: "Kobel a un caractère fort, mais c'est un gagneur. A lui de gérer ses émotions, mais pas trop non plus, car des forts en gueule sont importants pour "bouger" un groupe."

Bref, la page Yann Sommer est tournée, Gregor Kobel en a une toute blanche à l'horizon. A lui de l'écrire à sa manière. Histoire que, dans 10 ans, on puisse se demander si son successeur n'est pas moins bon que lui…

Arnaud Cerutti

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"Une grosse marge de progression"

Daniel Blanco et Sébastien Roth sont non seulement du même avis quant aux qualités et aux défauts de Gregor Kobel, mais ils sont aussi d'accord sur le fait que l'ancien portier du VfB Stuttgart dispose encore d'une grosse marge de progression. "Il est déjà assez complet, mais je sais aussi que c’est un immense bosseur, un boulimique de travail, pose le coach des gardiens du SFC. Il a notamment son jeu aux pieds à parfaire et, une fois qu'il aura pris de l’assurance dans la cage suisse, il sera pour de bon installé comme Yann Sommer l'avait fait après l'ère Diego Benaglio."

Présent à l’Euro 2004, Roth confirme que Kobel peut devenir monstrueux. "Oui, il est encore plus fragile que Sommer aux pieds et, hormis dans ce domaine, je ne lui vois pas un point précis à bosser, mais ce sont plutôt plein de petits détails, dans le timing, dans le placement, notamment, qui doivent l'emmener à un plus haut niveau encore. Et là, la Suisse pourra encore davantage dormir sur ses deux oreilles…"

La sélection suisse

GARDIENS: Gregor KOBEL, Yvon MVOGO, Jonas OMLIN
DEFENSEURS: Manuel AKANJI, Nico ELVEDI, Becir OMERAGIC, Ricardo RODRIGUEZ, Silvan WIDMER, Gregory WUETHRICH.
DEMIS ET ATTAQUANTS: Michel AEBISCHER, Zeki AMDOUNI, Uran BISLIMI, Kwadwo DUAH, Breel EMBOLO, Remo FREULER, Joël MONTEIRO, Fabian RIEDER, Vincent SIERRO, Renato STEFFEN, Filip UGRINIC, Ruben VARGAS, Granit XHAKA, Denis ZAKARIA.

Groupe 4 Matches Diff. Buts Points
1. Danemark 1 2 : 0 3
2. Espagne 1 0 : 0 1
Serbie 1 0 : 0 1
4. Suisse 1 0 : 2 0