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Bojan Dimic: "Je veux qu'on ajoute une petite ligne à l'histoire de ce grand club"

Bojan Dimic (au centre) en discussion avec René Weiler (à gauche) et l'entraîneur des attaquants de Servette, Alexandre Alphonse. [Freshfocus - Urs Lindt]
Bojan Dimic (au centre) en discussion avec René Weiler (à gauche) et l'entraîneur des attaquants de Servette, Alexandre Alphonse. - [Freshfocus - Urs Lindt]
A quelques heures du coup d'envoi du 8e de finale retour de Conference League à Plzen, l'entraîneur assistant du Servette FC Bojan Dimic se livre sur l'épopée européenne des Grenat et sur l'incroyable évolution du club depuis qu'il l'a rejoint, en février 2016.

RTSsport.ch: Bojan Dimic, cela fait bientôt 10 ans que vous êtes au Servette FC, parlez-nous de l'évolution du club depuis que vous en faites partie...

BOJAN DIMIC: Alors que j'étais responsable des talents, on m'a appelé un jour pour me dire que j'allais devenir entraineur assistant dans mon club de coeur. C'est comme ça que tout a commencé et ça ne s'est toujours pas arrêté. Et on peut dire que l'évolution du club ces dernières années est spectaculaire, tout autant qu'elle est linéaire. Je vois que chaque saison, on franchit de nouveaux paliers, et on le fait avec plus ou moins les mêmes personnes depuis le début, ce qui montre que le club fait du bon travail. Pour moi qui ai vécu la 3e division, et qui vis maintenant un 8e de finale de Coupe d'Europe, c'est extraordinaire.

RTSsport.ch: Est-ce qu'au moment où vous avez rejoint le club, vous auriez pu imaginer qu'il grandirait aussi vite?

BOJAN DIMIC: Non, jamais je n'aurais pu imaginer ça, mais on pouvait déjà sentir qu'on avait des ambitions, et notamment celle de remonter en Super League. On avait une flamme à rallumer. En revanche, on n'avait pas prévu qu'on y arriverait si vite. Ce n'était pas prévu qu'on monte dès la 1re saison avec Alain Geiger, ce n'était pas prévu qu'on se qualifie pour l'Europe aussi rapidement et aussi régulièrement.        

Ce n'était pas prévu qu'on se qualifie pour l'Europe aussi rapidement et aussi régulièrement.

Bojan Dimic, entraîneur-assistant du Servette FC depuis 2016.

RTSsport.ch: Est ce que c'est négatif que ça aille si vite?

BOJAN DIMIC: Non ce n'est pas négatif, mais il faut avoir les reins solides derrière pour que ça suive. Le club travaille bien et se structure très vite, tout en s'adaptant à ces nouvelles choses qui arrivent rapidement. Quand on voit ce qu'il faut faire pour accueillir un club comme l'AS Roma ou les Rangers, on n'a pas le choix que de s'adapter rapidement et faire le nécessaire pour que ça roule. Mais tout cela nous fait apprendre énormément.             

RTSsport.ch: Est-ce que ce travail peut permettre à Servette de devenir le nouveau Bâle ou YB dans les années à venir?

BOJAN DIMIC: Notre 1er objectif est d'être européen chaque année. Ensuite, pour être capable de faire ce qu'ont fait ces clubs sur cinq, six ou sept saisons d'affilée, il faut encore franchir des paliers et améliorer les infrastructures du club. On n'est pas encore à ce niveau-là selon moi, mais pourquoi pas?

RTSsport.ch: Est-ce que l'arrivée de René Weiler va dans le sens de toutes ces évolutions? Qu'est-ce qu'il apporte de nouveau?

BOJAN DIMIC: René apporte une expérience européenne qu'on n'avait pas forcément. Il n'apprécie pas travailler avec des gens qui ne sourient pas, qui ne disent pas bonjour de la bonne manière. Il a déjà repris des joueurs qui ne lui disaient pas bonjour (rires). Lui, ce qui l'intéresse, c'est le côté humain et mental avant l'aspect tactique. Je me souviens que quand je lui présentais les vidéos d'analyse qu'on faisait avec Alain Geiger, il me rétorquait qu'elles n'étaient pas suffisamment axées sur l'aspect mental. Au début, je ne comprenais pas où il voulait en venir, mais j'ai compris qu'il a besoin d'émotions. Par exemple, quand on va saluer la Section Grenat à la fin des matches, il me dit toujours "C'est génial, t'as vu comme Joël Mall et Jérémy Frick se sont pris dans les bras, c'est beau!"              

Lorsque l'on voit sur les réseaux sociaux tous ceux qui parlent du club, on sent qu'ils ont envie de voir le match, qu'ils ont envie que ça commence tout de suite. Et franchement, ça, c'est extraordinaire. 

Bojan Dimic, entraîneur-assistant du Servette FC depuis 2016.

RTSsport.ch: Au vu des résultats actuels du club, est-ce que vous sentez trop d'attentes de la part des supporters à Genève?

BOJAN DIMIC: C'est le cas dans tous les clubs de Suisse, je pense. Mais on sent à Genève qu'il y a énormément d'attentes et elles sont, selon moi, trop élevées. Il ne faut pas oublier d'où vient Servette. Il faut connaître Genève, il faut connaître le Canton. Il faut y vivre un peu. Le Genevois, il gueule quand il fait beau et il gueule quand il pleut. Et le Genevois, il a beaucoup d'attentes et il aime les grands événements. Les fans qui nous parlent, nous parlent de titre et ne nous disent pas "C'est super ce que vous faites encore cette année". À Bâle et à Berne, il y a également cela, mais à Genève, je pense que c'est vraiment particulier.

RTSsport.ch: Comment ces attentes se traduisent-elles?

BOJAN DIMIC: Par exemple, jeudi dernier après le match contre Plzen où on est tenus en échec 0-0, un de mes amis qui connaît relativement bien le football me dit qu'on a été très moyen en 1re mi-temps, et que ci, et que ça... Là, je me suis dit qu'on avait mal habitué le public parce que mon ami est en train de me dire qu'on a été moyen en 8e de finale de Coupe d'Europe alors qu'il y a 8 ans, on débattait sur des matches contre Breitenrain ou Cham. Il ne faut pas oublier d'où l'on vient, même si ce n'est pas facile.

RTSsport.ch: Est-ce que vous sentez le poids de l'histoire pour le match de ce soir?

BOJAN DIMIC: Nous n'axons pas sur l'histoire ou sur ce genre de choses. On parle beaucoup de performance, d'équipe et de ce qu'on doit faire collectivement, et de ce que chacun doit faire individuellement aussi. Nous restons sur le sportif. Lorsque l'on voit sur les réseaux sociaux tous ceux qui parlent du club, on sent qu'ils ont envie de voir le match, qu'ils ont envie que ça commence tout de suite. Et franchement, ça, c'est extraordinaire. Je veux qu'on passe ce tour. Je veux qu'on ajoute une petite ligne à l'histoire de ce grand club, mais je ne ressens pas plus de pression que lorsque nous jouons un match de championnat de Suisse.

RTSsport.ch: Comment voyez-vous le match de ce soir?

BOJAN DIMIC: C'est sûr que ça ne va pas être facile. Le week-end dernier, ils ont battu le Sparta Prague, leader de la 1re division tchèque, sur le score de 4-0. Mais il faut surtout qu'on s'attende à une grosse ambiance pour que les joueurs soient prêts en entrant sur le terrain. On sent l'engouement et l'effervescence. Mais ce qu'on se dit, c'est que notre destin cette année, c'est peut-être de gagner à l'extérieur... On s'est qualifiés à Genk, on s'est qualifiés à Razgrad, alors peut-être qu'on doit se qualifier à Plzen...

Plzen, Ethan Fasnacht et Thomas Zinguinian

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