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Chelsea, un géant aux pieds d'argile contre le Servette FC

Le nouveau coach Enzo Maresca et ses joueurs n'ont rien pu faire devant Manchester City. Mais ils comptent vite relever la tête. [KEYSTONE - TOLGA AKMEN]
Le nouveau coach Enzo Maresca et ses joueurs n'ont rien pu faire devant Manchester City. Mais ils comptent vite relever la tête. - [KEYSTONE - TOLGA AKMEN]
Longtemps au sommet de l'Europe ces dernières années, le club londonien ne respire plus totalement la confiance, à l'heure d'affronter par deux fois Servette en éliminatoires de la Conference League (match aller ce soir à suivre dès 21h00 sur RTSsport.ch, match retour à Genève dans une semaine). Une aubaine pour les Grenat?

Défait 2-0 dimanche par Manchester City en entame de saison de Premier League, Chelsea n'a bien sûr pas à rougir de ce revers concédé devant l'une des meilleures équipes du monde, mais ce résultat renvoie mine de rien le club londonien à ce qu'il n'est plus: un géant d'Angleterre. Dans les faits bien sûr, les pensionnaires de Stamford Bridge demeurent de gros clients, mais ils sont clairement descendus d'un ou deux étage(s) ces trois dernières années, soit depuis leur quête de la Ligue des champions 2021 devant... Manchester City.

Un crédit à retrouver

A cette époque, Jorginho, N'Golo Kanté, Kai Havertz, Antonio Rüdiger, Hakim Ziyech, Mateo Kovacic ou encore le vieux briscard Thiago Silva avaient de quoi faire trembler les adversaires directs et faire rêver un peu l'Europe. Aujourd'hui, plombés par deux saisons ratées (12e en 2023, 6e en 2024), des transferts à la mords-moi-le-noeud, des choix d'entraîneurs qui n'ont convaincu personne et une direction aux abois, les Blues ont le moral dans les chaussettes. Et, sous l'impulsion d'Enzo Maresca (lire encadré), un crédit à retrouver. Servette en fera-t-il les frais ces prochains jours?

Bien sûr que face à un club qui a été de ceux ayant survolé l'Europe ces deux dernières décennies, les Grenat n'ont pas de quoi bomber le torse. Mais rien ne leur donne non plus le droit de se présenter en victimes expiatoires à Londres. En dépit de son expérience, des quelques vedettes qui lui restent encore et de la valeur marchande d'un effectif assez fou aux sens propre et figuré (plus de quarante joueurs!), le CFC ne respire pas la confiance.

"Ce n'est pas un club sain!"

Sa campagne de préparation n'a en effet guère été enthousiasmante et son comportement sur le marché des transferts a encore amplifié l'idée que ses têtes pensantes ne pensent pas à grand-chose (rapatriement de Joao Félix, mise à l'écart de Raheem Sterling, vestiaire plein à craquer...). "Le club doit arrêter d'acheter des joueurs et les joueurs devraient arrêter de signer pour Chelsea, a d'ailleurs lancé Jamie Carragher, l'ancien international anglais, lundi lors de l'émission Monday Night Football. Pourquoi y vont-ils? La seule raison serait parce qu'ils auront un long contrat garanti et de l'argent facile pendant plusieurs années. Les joueurs feraient mieux de signer un contrat de quatre ans dans un club digne et chercher à y obtenir de bons résultats..."

Et l'ancienne légende de Liverpool d'ajouter: "Le projet de Chelsea n'a rien d'excitant. Non, il n'y a rien de jeune ou d'excitant là-dedans. Où va jouer Félix? Où va jouer Neto alors que le club a déjà Cole Palmer? Où va jouer Enzo Fernandez? Où va jouer Christopher Nkunku? Oui, la concurrence est importante, mais là Chelsea a trop de monde. Ce n'est pas un groupe sain! Avec 40 joueurs, comment faire pour organiser une séance d'entraînement?"

En Grenat, Thomas Häberli ne se pose pas ce genre de questions. Cela lui évite effectivement un casse-tête, mais le technicien servettien ne serait peut-être pas contre le fait d'avoir quelques outils en plus dans sa mallette pour opposer aux Londoniens un effectif un peu plus relevé, ces deux prochains jeudis. Reste que, niveau confiance, lui a le mérite de rester sur une victoire. Contre Bernex, certes...

Arnaud Cerutti

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Maresca, chef de chantier

Il n'était pas le premier choix, mais Enzo Maresca (44 ans) a bel et bien été choisi en juin dernier pour prendre le relais de Mauricio Pochettino sur le banc de Chelsea. Un gros défi pour l'Italien, qui ne sort toutefois pas de nulle part. Cet ancien milieu de terrain de la Juventus, de la Fiorentina et de Séville notamment (2 Coupes de l'UEFA gagnées avec les Andalous) s'est reconverti depuis 7 ans dans le coaching. Après avoir fait ses armes à Ascoli, il a transité par Séville, West Ham, Parme, Manchester City (réserve et adjoint), puis s'est surtout révélé en faisant monter Leicester en Premier League au printemps. A Londres, c'est autre chose qui se présente à lui, ainsi qu'une autre pression. Le chantier est immense. Un échec européen contre Servette plomberait déjà son aventure.

Quel effectif!

Bien qu'il soit beaucoup trop large, l'effectif de Chelsea peut faire rêver pas mal de coaches en Europe. Maresca a en effet du beau matos en magasin. Citons les défenseurs Wesley Fofana et Marc Cucurella (vainqueur de l'Euro 2024), les milieux Moises Caicedo, Romeo Lavia, Enzo Fernandez et Cole Palmer. Ou encore les attaquants Christopher Nkunku, Nicolas Jackson ou Noni Madueke. Du solide! Des noms auxquels on pourrait encore ajouter celui de Mykhaylo Mudryk. Mais l'Ukrainien est tellement réglé sur courant alternatif depuis son arrivée...

Malgré tout, Servette doit entretenir le rêve

Même s'il est clair que la direction ne mettra pas plus que cela la main à la poche cette saison, Servette ne doit pas abandonner son rêve d'Europe. Il doit au moins l'entretenir une semaine supplémentaire pour s'offrir une soirée historique jeudi 29 août au Stade de Genève. Chelsea est un grand nom, oui, mais aux pieds d'argile, et les Grenat doivent s'engouffrer dans la petite brèche à Stamford Bridge. Bâle et Saint-Gall ont par le passé donné plus que des sueurs froides aux Blues. Le SFC n'est pas plus maladroit qu'eux.