Kobel s'épanouit à Dortmund, Akanji voit la vie en bleu ciel, Cömert et Nantes à la peine
Gregor Kobel
La muraille de l'ombre
Il est un gardien qui brille de mille feux loin des projecteurs braqués sur l'indéboulonnable Yann Sommer. Condamné à un rôle de numéro 2 en équipe de Suisse, Gregor Kobel est pourtant l'un des meilleurs portiers de Bundesliga, si ce n'est le meilleur. Le dernier rempart du Borussia Dortmund sera d'ailleurs l'un des deux seuls représentants helvétiques en quarts de finale de la Ligue des champions avec le défenseur de Manchester City Manuel Akanji.
Cette présence à ce stade de la plus cotée des compétitions européennes, le BvB la doit au Zurichois de 26 ans. Privé du match aller à Eindhoven en raison de douleurs musculaires, Kobel a fait le malheur du PSV lors du retour à Dortmund (succès 2-0). Quand bien même il n'a pas époustouflé par une parade photogénique, l'indiscutable no1 des jaune et noir a impressionné par son jeu au pied et sa lecture des offensives adverses.
Cette première participation en carrière à des quarts de finale de Ligue des champions est une juste récompense pour le géant qui s'efforcera de dégoûter les attaquants de l'Atlético de Madrid.
Second meilleur portier de la Bundesliga 2022/23, Kobel est parti sur les mêmes bases cette saison. Avec un pourcentage d'arrêts de 74%, il n'est devancé, parmi les numéros 1, que par le coéquipier de Granit Xhaka au Bayer Leverkusen Lukas Hradecky (78,6%). Selon la note moyenne que lui accorde le Kicker, il est même le meilleur gardien du championnat. Le bi-hebdomadaire de référence en Allemagne rendait d'ailleurs un vibrant hommage à Kobel en octobre dernier lors de la prolongation de contrat du portier helvétique jusqu'en 2028: "en été 2021, le Borussia Dortmund avait déboursé 15 millions d'euros pour acheter Gregor Kobel au VfB Stuttgart. Il est désormais clair qu'il s'agit de l'un des meilleurs transferts de ces dernières années."
Manuel Akanji
La vie en bleu ciel
Manuel Akanji voit la vie en bleu ciel. Depuis son retour au jeu en février, après une blessure à une cheville, le Bâlois enchaîne les bonnes performances avec Manchester City. L'international helvétique de 28 ans, qui est régulièrement le défenseur de son équipe le mieux noté sur le site de la BBC, aborde le printemps en très grande forme. Une bonne nouvelle pour la Suisse bien sûr, mais également pour les Citizens qui peuvent rêver de soulever encore trois trophées cette saison en Premier League, en Coupe d'Angleterre et en Ligue des champions.
Sa présence sur le terrain, où sa qualité technique et son intelligence tactique désespèrent les attaquants adverses, est un gage de solidité pour la formation de Pep Guardiola. Sur les 9 rencontres qu'il a débutées depuis le début d'année, City n'a concédé que 5 buts, soit un de moins que sur les 6 parties durant lesquelles il n'a pas joué. En d'autres termes, Manchester City est plus solide lorsque Manuel Akanji est titulaire.
Cerise sur le gâteau, le Bâlois a marqué devant son public lors du huitième de finale retour de la Ligue des champions. Face au FC Copenhague, il a ravi les fans mancuniens d'une superbe reprise du plat de pied sur un corner botté par Julian Alvarez. Ce but est déjà le quatrième de la saison pour le défenseur central, le cinquième si on inclut sa réussite avec la Suisse face au Bélarus (3-3), et le deuxième en C1. Seuls trois défenseurs ont marqué autant cette saison dans la reine des Coupes d'Europe: Sergio Ramos avec Séville, Pepe avec Porto et Joao Cancelo avec Barcelone.
Eray Cömert
Un but qui cache la forêt
Rien n'est simple du côté de la Beaujoire. Le fameux "jeu à la nantaise", le passé glorieux des Canaris n'est plus qu'un souvenir. La forte identité dans le football pratiqué a laissé place à la valse des entraîneurs, la lutte pour l'Europe s'est, elle, muée en lutte pour survivre en Ligue 1. Torpillé par une gestion que bien des médias français qualifient de chaotique, le FC Nantes du président Waldemar Kita vit une nouvelle saison compliquée. A l'évidence, Eray Cömert aurait pu rêver d'une meilleure adresse pour se faire un nom dans le championnat de France.
Prêté par Valence - avec option d'achat - l'été dernier, l'Argovien de 26 ans peine à tirer son épingle du jeu dans le marasme nantais. Il est certes un titulaire affirmé, il a certes marqué son deuxième but de la saison dimanche, lors de la défaite 3-1 à domicile contre Strasbourg, mais ses performances sont loin d'impressionner.
Malgré son but, L'Equipe se montre impitoyable avec le défenseur central que le quotidien place dans ses flops du match: "il n'est jamais complètement fautif mais jamais non plus complètement net sur ses actions défensives, à l'image du premier et du troisième buts alsaciens, sur lesquels il gère mal la profondeur. La fausse sérénité qu'il essaie de dégager ne trompe plus grand-monde, comme sa façon de houspiller ses partenaires à chaque but encaissé. Il a égalisé, bien sûr, mais son équipe aurait surtout besoin qu'il défende en commettant moins de fautes et qu'il relance sans se cacher."
Le patron de la troisième plus médiocre défense de Ligue 1 a encore du pain sur la planche pour convaincre. Il en aura aussi pour aider ses coéquipiers et son nouveau coach - le troisième de la saison après Pierre Aristouy et Jocelyn Gourvennec - Antoine Kombouaré à sauver une formation en position de barragiste et qui ne compte que deux points d'avance sur la 17e place, synonyme de relégation directe. La trêve internationale lui permettra peut-être de retrouver une ambiance plus sereine en équipe de Suisse et de se montrer plus à son avantage lors de son retour dans un club où il n'est de loin pas le seul à décevoir.
Andi Zeqiri
Une période compliquée
L'automne prometteur d'Andi Zeqiri sous le maillot du KRC Genk semble bien lointain. Le Vaudois de 24 ans vit un hiver très compliqué. Quand bien même il n'a rien perdu de sa vista devant le but adverse, il ne bénéficie que trop peu de la confiance de son entraîneur Wouter Vrancken. Titularisé à sept reprises cette saison, l'attaquant ne figure plus dans le onze de Genk depuis le 25 novembre en Jupiler Pro League. Il est condamné à se contenter de bouts de match quand il ne demeure pas sur le banc.
Depuis la reprise en janvier, il n'a passé que 139 minutes sur la pelouse en dix rencontres, soit un peu moins de 14 minutes par match en moyenne. C'est peu. C'est trop peu pour le talentueux joueur, auteur de 18 buts en 50 matches la saison dernière à Bâle, où il avait été prêté par Brighton.
Ce faible temps de jeu ne l'a pourtant pas empêché de faire trembler les filets. Deux buts, l'un le 20 janvier, l'autre le 17 février, pour porter son total à sept buts cette saison, toutes compétitions confondues: des statistiques intéressantes en regard du temps de jeu qui lui est accordé.
Peut-être est-ce dans cette faculté de mettre à profit ses maigres opportunités et dans celle de prendre son mal en patience que se cache la perspective d'un printemps radieux pour le Vaudois. C'est tout du moins à souhaiter pour Zeqiri, présent lors des deux derniers rassemblements de l'équipe nationale, mais "seulement" de piquet pour les premiers rendez-vous de l'équipe de Suisse en cette année d'Euro.