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L’épopée 1994 de la Suisse à l’honneur dans un superbe documentaire

L'affiche du documentaire "L'épopée 1994, la Suisse à la Coupe du monde".
L'affiche du documentaire "L'épopée 1994, la Suisse à la Coupe du monde".
Diffusé le 26 mai à 22h45 sur RTS 2, un documentaire de la RTS, intitulé "L’épopée 1994, la Suisse à la Coupe du monde", revient sur les grands moments de la bande de Roy Hodgson sur la route vers la Coupe du monde aux Etats-Unis. Savoureux.

C’est un regard dans le rétroviseur qui nous laisse les yeux embués, une plongée dans les souvenirs d’un temps que les moins de 30 ans ne peuvent pas connaître, qui a des airs de "madeleine de Proust". En choisissant de revenir sur l’épopée 1994 de l’équipe de Suisse, sans doute la plus charmante de l’histoire avec celle de 2006, Frédéric Scola et Yves Matthey ont signé un documentaire savoureux, aidés par de belles images d’archives – ah, les coups francs de Bregy contre l’Ecosse et les Etats-Unis, ah ce match contre la Roumanie...! - mais surtout par les témoignages forts des acteurs de l’époque, un peu grisonnants désormais, mais si délicieux et attachants dans leurs analyses, livrées avec un recul bienvenu.

Bande-annonce "L'épopée 1994, la Suisse à la Coupe du monde"
Bande-annonce "L'épopée 1994, la Suisse à la Coupe du monde" / RTS Sport / 45 sec. / le 16 mai 2024

Ils sont quasiment tous là, les titulaires du moins, exception faite de Ciriaco Sforza, pour narrer deux années folles, d’un 2-1 contre la France à un 0-3 devant l’Espagne, années entrecoupées de succès magiques face aux Italiens ou aux Roumains, pour la revanche contre les bourreaux de l'automne 1991. Mais il y a avant tout le rappel historique, signé par le légendaire photographe Eric Lafargue: "Dans les années 80, aucun junior ne portait le maillot de la Suisse à l’entraînement, parce que c’était presque une honte. L’équipe, c’étaient des pives…"

Ou comment rappeler que la génération 1994 ne s’est pas seulement qualifiée pour une Coupe du monde, mais qu’elle a aussi (re)donné à ses compatriotes une certaine fierté nationale, un amour de la sélection. Et surtout de la joie, de l’envie. Grâce à la patte du "gentleman" Roy Hodgson, coach venu un peu de nulle part mais architecte de génie de cette sélection. "C’était un mec gentil à l’extérieur, mais bouillant, très exigeant", lâche Marco Pascolo. "Avec lui, tu ne faisais qu’une fois faux un exercice, après ça marchait nickel", se marre Yvan Quentin pour souligner la rigueur du technicien anglais.

Les propos de Roy Hodgson m'ont donné une force exceptionnelle. Je ne pouvais pas le trahir.

Alain Geiger, capitaine de l'équipe de Suisse entre 1992 et 1994

Au fil du reportage, on sent les liens restés forts entre les acteurs. On découvre aussi le truculent duo Marc Hottiger-Christophe Ohrel. "A Berne contre l’Italie, on ne sait pas ce que Marc fout là, dans les 16 mètres", dit le deuxième cité. Et son complice, latéral décisif ce 1er mai 1993, éclate de rire: "Je crois que c’est l’instinct du buteur". Les phrases sont fortes. Les sourires sont francs. Les hommages sont sincères, à l’image de ceux d’Alain Geiger et Georges Bregy envers le sélectionneur. "Roy était venu me trouver à Veysonnaz alors que je n’avais plus été pris depuis 2 ans. Ses propos m’ont donné une force exceptionnelle, je ne pouvais pas le trahir", glisse notamment le défenseur et capitaine de cette génération extraordinaire.

Tout le reste va dans le même sens. Ce documentaire, appuyé également par les témoignages d’Alexi Lalas, Ioan Lupescu, Ludovic Magnin, Alex Frei ou encore Johan Djourou, est à voir et à revoir. On en sort ému, en se disant que ces mecs-là ont fait partie de notre vie. "1994, je l'emporterai dans ma tombe", lâche enfin un Nestor Subiat touchant.

Arnaud Cerutti

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"Si généreux devant la caméra"

Il a fallu un gros semestre de travail à Frédéric Scola et Yves Matthey (réalisateur de "Servette, mon enfance" et des exceptionnels "Gros Cons", notamment) pour signer ce documentaire de haut vol. Le journaliste de la RTS en sort comblé. "Ado, j’avais été marqué par Alain Sutter et par cette équipe de Suisse, lance-t-il. Je voulais donc raconter son histoire, ce que ses joueurs sont devenus. Pas seulement car cela fait maintenant 30 ans que la Coupe du monde a eu lieu, mais parce que tous étaient de vraies personnalités, des caractères. Je tenais aussi à raconter le lien qu’ils ont su créer avec la population au fil de leur aventure et je tenais aussi à rappeler qu’ils ont été les précurseurs de ce qui arrive désormais à la Nati."

Scola et Matthey ont eu en face d’eux des personnages qui ne se voient pas tous les jours, mais qui resteront ad aeternam soudés par un lien, un truc magique qu’ils ont partagé. "Ils ont été très généreux face à la caméra, ils nous ont beaucoup donnés, se félicite le spécialiste football. On avait parfois l’impression de se retrouver face à de vieux potes. Je crois que c’est aussi cela, la magie de leur aventure; ils n’étaient pas tous copains, mais ils ont formé un groupe qui s’entendait à merveille."

Egalement au cinéma

Le documentaire sera par ailleurs diffusé en avant-première dans différents cinémas de Suisse romande, en présence de certains joueurs, ainsi que de Frédéric Scola et Yves Matthey. Voici le programme:

Le 21 mai, à 18h00: Scala, La Chaux-de-Fonds.
Le 22 mai, à 18h30: Rex, Fribourg
Le 23 mai, à 18h45: Cinélux, Genève
Le 26 mai, à 10h30: Cinémont, Delémont
Le 28 mai, à 18h00: Apollo, Neuchâtel
Le 29 mai, à 20h00: Royal, Sainte-Croix