La consécration pour Xhaka, des éloges pour Schär et la poisse pour Sow

Neverkusen et Vizekusen ont vécu, place à Winnerkusen! Après onze ans de règne, le Bayern a cédé son trône à l'équipe enthousiasmante de cette saison: Bayer Leverkusen. L'histoire est belle pour un club qui n'avait jamais remporté la Bundesliga en 120 ans d'existence, pour un club dont la légende s'était forgée dans l'acier des deuxièmes places au point de lui valoir quelques surnoms un brin moqueurs. Ce triomphe porte évidemment la patte de Xabi Alonso, l'entraîneur le plus courtisé d'Europe avant l'annonce de sa prolongation dans le club de Rhénanie-du-Nord-Westphalie à la fin mars.

Le technicien de 42 ans a insufflé de la jouerie, de la liberté et du plaisir dans un système où Granit Xhaka s'épanouit. Chef d'orchestre dans le dispositif du Basque, l'international helvétique a tenu un rôle prépondérant sur les sentiers de la gloire empruntés par le Werkself et s'est affirmé comme l'un des meilleurs, si ce n'est le meilleur à son poste, dans le championnat allemand. Signe indéniable de son importance et de la confiance que lui voue Alonso, le Bâlois de 31 ans est le joueur du Bayer le plus utilisé cette saison avec 3445 minutes de jeu, toutes compétitions confondues. En Bundesliga, il a été titularisé lors des 29 journées disputées.

"Avec lui, Xabi Alonso a pu faire du Werkself une véritable équipe de haut niveau. Bras droit du coach, joueur clé, stratège en chef. L'international suisse aux records de sélections, recruté d'Arsenal pour 15 millions d'euros, est le patron absolu sur le terrain et dans le vestiaire", lui rend hommage le Kicker. Le bi-hebdomadaire l'a fait figurer à cinq reprises dans son onze de la journée. Cerise sur le gâteau, la cinquième fois correspond à la 29e journée, celle de la victoire 5-0 face au Werder, celle du 43e match consécutif sans défaite, celle du sacre.

Et ce n'est pas un hasard, le maître à jouer a livré une nouvelle prestation de haut vol qu'il a ponctuée d'un but, une magnifique frappe de 25 mètres. L'ancien milieu des Gunners, privé du titre en Premier League dans un sprint final mal négocié, peut encore rêver de soulever deux autres trophées cette saison. Le milieu défensif, qui tourne à 92% de passes réussies, et Leverkusen sont bien lancés vers les demi-finales de l'Europa League après leur victoire 2-0 contre West Ham lors du quart de finale aller disputé la semaine dernière en Allemagne. Le 25 mai prochain à Berlin, les Scharzroten affronteront Kaiserslautern en finale de la Coupe d'Allemagne, une compétition où ils ont perdu trois fois en... finale depuis leur dernier sacre en 1993.

Keystone - EPA/CHRISTOPHER NEUNDORF

Fabian Schär continue de couler des jours heureux sur les rives de la Tyne. Chouchou du public, le Saint-Gallois de 32 ans a également conquis les observateurs éclairés par ses performances. Dans une équipe de Newcastle décimée par les blessures, il est un pilier pour son entraîneur, le trop sous-côté Eddie Howe. Il est le seul joueur à avoir débuté les 32 matches de Premier League et le deuxième joueur le plus utilisé au sein des Magpies toutes compétitions confondues.

"Le défenseur suisse s'est rarement trompé cette saison et a dû s'adapter à trois partenaires différents en défense centrale", écrit le Chronicle. "Non seulement il a été un roc dans l'arrière-garde, mais il a également inscrit quatre buts à des moments clés. Son but contre le PSG restera longtemps dans les mémoires, tandis que son doublé contre Aston Villa a contribué à une énorme victoire à un moment crucial." Les journalistes du quotidien de Newcastle ne tarissent pas d'éloges pour l'international suisse qui compte parmi les quatre Magpies choisis pour devenir le joueur de Newcastle de la saison.

Lors des deux dernières journées, les performances de Schär ont été particulièrement inspirées. "Il a été superbe contre Fulham à Craven Cottage", souligne l'ancien manager de Tottenham Harry Redknapp sur le site de paris sportifs BetVictor.

Outre sa solidité défensive, le Saint-Gallois s'est vu refuser un but après consultation de la VAR lors du succès 1-0 de Newcastle. "Il a muselé Rodrigo Muniz, a remporté énormément de duels et n'a pas été chanceux de voir son but annulé [ndlr: pour une faute d'un coéquipier]", explique Alan Shearer dans le Chronicle. La légende des Magpies le fait d'ailleurs figurer dans son équipe type de la 31e journée.

Ce quatrième but de la saison est finalement venu lors de la démonstation 4-0 de samedi face à Tottenham. Au mythique Saint-James Park, Schär a repris victorieusement de la tête un corner d'Anthony Gordon pour sceller le score. "Il est courageux", estime l'ancien défenseur de Manchester United Rio Ferdinand sur TNT Sports. "Il a une influence à ce point apaisante dans sa façon de jouer que je vois l'équipe s'épanouir à travers lui. Il a pris de l'envergure." A la lutte pour une place européenne, Newcastle a trouvé en Schär un véritable patron.

Noah Okafor a une fois encore marqué les esprits lors de la 32e journée de Serie A. L'ailier a permis à l'AC Milan de sauver le point du match nul à Sassuolo en inscrivant le 3-3 sur sa première touche de balle. Le Bâlois, qui fêtera ses 24 ans dans un peu plus d'un mois, n'en est pas à sa première entrée décisive avec les Rossoneri. Le 20 janvier, il avait marqué le 3-2 victorieux sur la pelouse de l'Udinese, une demi-heure après son entrée en jeu. Le 1er mars, c'est encore lui qui avait offert la victoire 1-0 face à la Lazio dans les dernières minutes après avoir remplacé Yacine Adli. Trois buts qui valent sept points.

Avec cinq réalisations - sur six - après avoir débuté le match sur le banc, l'international helvétique est le "supersub" par excellence. Aucun autre joueur de Serie A ne l'égale dans cette statistique, ainsi que le signale Opta.

Cette capacité à faire la décision ne passe pas inaperçue dans la "Botte". Le site spécialisé MilanPress parle de la "zona Okafor". Le Corriere dello Sport n'hésite pas à assurer que le Suisse a sauvé la tête de son entraîneur Stefano Pioli. La Gazzetta dello Sport lui attribue la très belle note de 6,5.

A l'amorce d'une semaine décisive, durant laquelle Milan affrontera la Roma jeudi au Stade Olympique en quarts de finale retour de l'Europa League (défaite 1-0 en Lombardie) puis défiera l'Inter lundi dans un "derby della Madonnina" qui pourrait offrir le scudetto au grand rival milanais, MilanPress se demande "s'il [ndlr: Okafor] pourrait débuter les rencontres". Une question légitime. D'autant plus que Pioli possède suffisamment de cartes offensives pour se permettre de faire tourner ses quatre ailiers.

Djibril Sow ne gardera pas forcément un souvenir impérissable de sa première saison en Andalousie. Au sortir d'un bon exercice 2022/23 avec l'Eintracht Francfort, le Zurichois de 27 ans a posé ses bagages l'été dernier dans un FC Séville en phase de transition et qui traîne son spleen sur la scène nationale depuis août 2022. Après une adaptation loin d'être simple dans un club qui a changé deux fois d'entraîneur cette saison et à la lutte pour s'éloigner de la zone rouge, le milieu a dû composer avec une gêne chronique au tendon d'Achille.

La semaine dernière, une très mauvaise nouvelle est venue conclure cet exercice compliqué. L'international helvétique s'est fracturé le cinquième métatarsien du pied gauche. Une blessure qui le privera non seulement de la fin de saison mais également de l'Euro 2024 avec l'équipe de Suisse. "C'est un moment difficile à accepter que la saison soit terminée pour moi et que je ne puisse pas aider l'équipe lors des derniers matches", a-t-il expliqué sur Instagram.

Il est à souhaiter que Sow puisse bien récupérer en vue de la saison prochaine. Car malgré ses pépins physiques, il a disputé 24 matches avec les Sévillans en Liga, dont plus de la moitié en tant que titulaire, avec un but et une passe décisive à la clé. L'exercice n'a ainsi pas été de tout repos mais laisse entrevoir des lendemains plus rieurs sous le soleil andalou pour le Zurichois, dont le contrat court jusqu'en 2028.