Les tenors Akanji et Xhaka étoffent leur palmarès, Rodriguez retrouve le chemin des filets

Manuel Akanji a ajouté un troisième trophée à sa collection cette saison avec Manchester City et sans aucun doute le plus important. Victorieux de la Supercoupe de l'UEFA en août et du Mondial des clubs en décembre, le défenseur a joué un rôle en vue dans le solide finish des Citizens en Premier League. Dans un final haletant où elle a aligné neuf victoires, la troupe de Pep Guardiola s'est assuré le titre de champion d'Angleterre avec deux points d'avance sur Arsenal. Les Skyblues ont ainsi été sacrés pour la dixième fois de leur histoire, la sixième lors des sept dernières saisons et le quatrième d'affilée.

Titularisé lors de ces neuf succès consécutifs, l'international helvétique a été l'un des indispensables verrous de la deuxième meilleure défense de la saison anglaise. La BBC l'a d'ailleurs glissé dans les quatre joueurs de City parmi lesquels les fans éliront leur préféré. Le chouchou Phil Phoden devrait, bien évidemment, remporter ce sondage. Mais le Zurichois de 28 ans a accompli une nouvelle saison XXL. "La présence d'Akanji peut paraître surprenante", explique la BBC avant de lui rendre un bel hommage. "Mais le défenseur ne cesse de monter en puissance à City. Sa polyvalence, sa constance et ses qualités de leader ont fait de lui le meilleur défenseur de City cette saison".

Transféré de Dortmund pour quelque 20 millions d'euros en août 2022, Akanji, dont le site spécialisé transfermarkt évalue la valeur actuelle à 45 millions d'euros, a conquis son sixième trophée avec les Citizens. Véritable homme à tout faire de Guardiola, qui n'hésite pas à l'utiliser à plusieurs positions sur le terrain - il a même évolué en milieu offensif en quarts de la Ligue des champions face au Real Madrid -, il a une place de choix dans le dispositif du technicien espagnol. Las, l'ancien joueur de Bâle a terminé sa saison en club sur une défaite 2-1 douloureuse, en finale de Coupe d'Angleterre le 25 mai, contre le grand rival Manchester United. Une fausse note qui ne gâchera toutefois pas l'harmonie d'une splendide saison, encore une.

Il fallait bien que la belle histoire prenne fin. Toute la cruauté de cette implacable logique vient du moment où le Bayer Leverkusen est redevenu une équipe qui pouvait perdre: en finale de l'Europa League. Invaincue depuis 51 matches, la formation de Xabi Alonso a été baladée 3-0 par l'Atalanta du génial Gian Piero Gasperini le 22 mai à Dublin. Les Bergamasques ont dévoré tout cru des Allemands qu'ils ont réduits à une frustrante impuissance.

Pierre angulaire du technicien basque, Granit Xhaka n'a pas franchement eu fière allure dans ce rendez-vous où le Werkself a été écrasé dans la bataille du milieu de terrain. Quelques jours durant, les lauriers et les louanges ont laissé place aux premières critiques. Le Bâlois de 31 ans n'y a pas échappé. Mais c'est connu, l'international helvétique a du caractère et a apporté une réponse clinquante sur le terrain. Trois jours après la déconvenue irlandaise, le meilleur milieu défensif de Bundesliga a offert le doublé championnat/Coupe au Bayer en marquant le seul but d'une finale de Coupe d'Allemagne très tendue face au pensionnaire de 2e Bundesliga, Kaiserslautern.

Sa splendide frappe couronne une saison de tous les superlatifs. Xhaka a été grand, très grand. Sur l'ensemble de l'exercice, il n'a donc connu la défaite qu'à deux reprises: le 21 novembre en qualification pour l'Euro 2024 avec la Suisse (1-0 en Roumanie) et le 22 mai en finale d'Europa League. Après des mois aussi brillants, il sera naturellement très attendu lors de l'Euro 2024.

On n'en parle peu. Et pourtant, du côté de Turin, il est un incontournable. Souvent pointé du doigt pour ses performances en équipe de Suisse, Ricardo Rodriguez sort d'une bonne saison avec Torino. Le capitaine du Toro, sous les couleurs duquel il évolue depuis septembre 2020, a mis fin à une disette de presque 7 ans en Serie A. Auteur d'un but et d'une passe décisive lors du succès 3-1 contre l'AC Milan - son ancien club - le 18 mai, il a permis à son équipe d'accrocher une belle 9e place finale, tout proche de l'Europe. Dans l'ombre des grands, dans l'ombre du surprenant Bologne et du plaisant Atalanta, le Torino est l'une des bonnes surprises de la saison.

Le dernier but du latéral en championnat italien, auquel il a fait une infidélité de quelques mois (prêt au PSV Eindhoven de janvier à juin 2020), remontait au 20 septembre 2017 lors de sa première saison italienne, avec les rossoneri. Une éternité. Rodriguez, dont la science du placement a souvent été mise à l'honneur en Italie, a ainsi fait le plein de confiance avant l'Euro. Après sa performance de l'avant-dernière journée, la Gazzetta dello Sport lui a ainsi tressé quelques louanges après lui avoir attribué l'excellente note de 8. "Le missile du 3-0 est son éclair le plus éblouissant. Mais il y a plus: le centre pour Zapata, l'intervention sur Kalulu, les changements de jeu. Une performance monstrueuse, de niveau européen".

Yvon Mvogo a failli terminer sa saison de belle manière, avec une performance XXL, une place de barragiste et donc l'espoir d'un maintien en Ligue 1. Il a cependant manqué un but aux Merlus, vainqueurs 5-0 de Clermont lors de la dernière journée le 19 mai, pour éviter la dégringolade en Ligue 2. Ne reste donc au portier fribourgeois que la maigre consolation d'une prestation individuelle étincelante face aux Clermontois.

Son match a ainsi été récompensé par L'Equipe. Le quotidien lui a attribué l'excellente note de 7 et a fait figurer l'international helvétique dans son onze idéal pour la deuxième fois de la saison. Avec un Yann Sommer champion d'Italie avec l'Inter, un Gregor Kobel appelé à défier le Real Madrid avec le Borussia Dortmund en finale de la Ligue des champions le 1er juin et un Yvon Mvogo, auteur d'une bonne saison avec les Merlus malgré son issue décevante, le sélectionneur Murat Yakin peut dormir sur ses deux oreilles pour ce qui est de ses gardiens.