Renato Steffen: briller avec Lugano pour continuer d'évoluer en équipe nationale
Mercredi 11h00 au Cornaredo: Mattia Croci-Torti, casquette noire toujours vissée sur la tête, donne de la voix. Ses phrases, la plupart en italien, parfois en allemand voire en anglais, sont courtes et résonnent dans un stade du Cornaredo en travaux: "plus vite, plus vite; on récupère le ballon; on ne lâche rien; on reste concentré jusqu'à la fin...". Ses joueurs se mettent au diapason, l'intensité est totale lors des mini matches disputés sur une moitié de terrain.
"L'entraîneur aime bien crier quand il y a des caméras. J'espère que, comme moi, il se calmera un peu avec les années", plaisante le souriant, détendu et disponible Renato Steffen au moment de nous retrouver dans la tribune après l'entraînement. "En même temps, s'il continue à avoir du succès, il peut rester comme il est. Le coach a les idées très claires. Il est une pièce importante du puzzle dans notre équipe".
Depuis qu'il est à la tête de Lugano, celui que l'on surnomme "Crus" a mené ses Bianconeri toujours plus haut: 4e de Super League en 2022, 3e en 2023 et 2e cette saison (1 point devant Servette), sans oublier 3 finales de Coupe de Suisse consécutives avec 1 victoire à la clé il y a 2 ans. Son message avec les joueurs passe 5 sur 5. Il semble loin le temps où Lugano ne procédait que par contre-attaques avec un jeu stéréotypé. Le propriétaire américain Joe Mansueto a apporté des moyens avec des joueurs de qualité.
Dans le football, tu as aussi besoin d'un peu de chance
Parmi eux, Renato Steffen. L'Argovien, qui a quitté Wolfsburg en 2022, par manque de temps de jeu, a rejoint Lugano pour gagner des titres mais aussi pour caresser l'espoir de porter le maillot de l'équipe de Suisse lors de la Coupe du monde 2022. Objectif atteint puisque le joueur offensif était du voyage au Qatar et qu'il a joué 31 minutes lors de la défaite contre le Brésil. Pas mal pour celui qui n'avait pas trouvé grâce aux yeux du FC Aarau à l'âge de 15 ans et qui jouait en 2e Ligue interrégionale à 16 ans.
"J'ai fait les choses à mon rythme, avec conviction. Dans le football, tu as aussi besoin d'un peu de chance", explique l'attaquant de poche. "Ensuite, il faut montrer tes qualités lors de certains matches... J'ai toujours cru en moi". Sa persévérance et sa grande volonté l'ont fait passer pro à Thoune en 2012, avant de franchir successivement des paliers à YB, Bâle et de goûter, de 2018 à 2022, à la Bundesliga avec Wolfsburg.
Je peux gérer la pression... J'aime ce rôle
L'Argovien de 32 ans, même s'il admet s'être assagi, est connu pour son tempérament - il dit les choses, quitte à froisser -, son engagement, sa vivacité et son pied gauche. A Lugano, certains le décrivent même comme "une machine de guerre". Pour sa 2e saison au Tessin, "Reni" a marqué de son empreinte l'exercice 2023/2024 en inscrivant 6 buts et en distillant 13 passes décisives en Super League, plus 2 réussites et 2 assists en Coupe.
Meilleur passeur du championnat, malgré le fait qu'il a manqué 7 matches lors du 2e tour (notamment en raison d'une blessure à une hanche), Steffen a été désigné joueur le plus décisif en Suisse selon un classement établi le 15 mai par l'Observatoire du football CIES (Centre international d’étude du sport).
On ne peut pas plaire à tout le monde
A l'écouter, Renato Steffen n'a pas d'autre choix que d'être efficace... "Je dois atteindre un niveau élevé chaque week-end si je veux aider Lugano et en même temps espérer faire partie de l'équipe nationale. Il faut que les performances suivent avec des buts et des assists", précise l'international helvétique aux 39 sélections avant d'ajouter: "Je peux gérer la pression. Je l'ai prouvé cette saison. J'aime ce rôle".
On le sent très clairement, le maillot rouge à croix blanche, Steffen l'a chevillé au... coeur: "Quand je parle de la Nati, j'en ai la chair de poule... Tout le monde ne peut pas prétendre à 39 sélections. Bien sûr, nous avons des joueurs qui en ont plus de 100, mais eux ce sont des stars". Alors quand certains experts s'interrogent sur sa légitimité en équipe de Suisse, le joueur à vocation offensive reste zen: "Ces critiques ne me dérangent pas vraiment. On ne peut pas plaire à tout le monde. Mais au final, je pense mériter ma place en équipe nationale... Si l'on regarde mes statistiques en Super League, je suis l'un des meilleurs... A moi de continuer de le prouver et de tout donner sur le terrain".
Je me déchirerai pour l'équipe
Dimanche, dans un stade du Wankdorf plein comme un oeuf, l'enjeu pour les hommes de Croci-Torti sera de ramener la Coupe de Suisse à Lugano pour la 5e fois de son histoire. Et Steffen de remporter ainsi son premier titre avec Lugano et dans la foulée espérer être du voyage avec la Nati lors de l'Euro en Allemagne. "Si Murat Yakin me convoque, je me déchirerais pour l'équipe".
L'Argovien l'a déjà prouvé en mars 2023 en réussissant un triplé contre le Bélarus ou encore en juin 2022 lorsqu'il avait joué toute la 2e mi-temps au poste de latéral contre le Portugal au Stade de Genève. "Ce n'est pas le poste où l'on joue qui compte, mais la manière dont on aborde les tâches... Je suis très, très fier de ce que j'ai accompli et je sais aussi que je n'ai pas encore fini", conclut Steffen.
Lugano, Miguel Bao
L’histoire d’amour entre la Coupe et Mattia Croci-Torti
Mattia Croci-Torti s’apprête à vivre sa troisième finale de Coupe de Suisse consécutive avec Lugano. L'entraîneur tessinois en a gagné une et perdu l’autre, sa seule défaite en 3 ans dans cette compétition. Voici un extrait de l'enretien dont la version complète sera diffusée ce samedi à 19h00 dans Sport Première.