Servette pour le prestige, l'irrégularité de Sion et de Lausanne et la lutte d'Yverdon

Le Servette FC a vécu une semaine incroyable, enchaînant des adversaires de prestige... un peu différents. Le club grenat a d'abord écrit l'une des plus belles pages de son histoire le jeudi soir en s'offrant le scalp d'un grand d'Europe, Chelsea. Puis quelques jours plus tard seulement, les hommes de Thomas Häberli sont sortis de leur parenthèse enchantée pour retrouver les pelouses parfois champêtres de la Super League, en l'occurrence celle du FC Winterthour, s'imposant à nouveau.

Une des soirées les plus mémorables du club

Le Servette FC a peut-être (re)gagné le coeur de nombreux supporters genevois au cours d'une soirée qui restera longtemps dans les mémoires. Les Grenat, certes éliminés en barrages par Chelsea (2-3 au cumulé des deux rencontres), ont réalisé l'exploit de battre l'une des meilleures équipes de Premier League, ou tout du moins l'une des plus riches. Dans un stade en ébullition, les coéquipiers d'Enzo Crivelli, buteur d'un magnifique coup de tête, ont tutoyé les étoiles pour croire au miracle, sans toutefois parvenir à toucher le ciel. Il en reste que cette élimination de toute compétition européenne, qui implique une fatigue moins importante que leurs adversaires directs, pourrait servir les Grenat dans leur quête d'un premier titre en championnat depuis 1999.

Le retour à la réalité

Qui dit élimination des Coupes d'Europe dit également retour à la réalité pour des Servettiens qui ont repris leur marche en avant en Super League. Vainqueurs de Winterthour sur la plus petite des marges (1-0), ils ont pu effacer leurs deux dernières défaites consécutives en championnat, face à Lugano (3-1) puis face à Bâle (6-0), en gardant qui plus est leur cage inviolée pour la première fois de la saison: "Tout défenseur a envie de garder le score de l'adversaire à zéro et espère pouvoir aider son gardien du mieux qu'il peut et je pense qu'on a bien géré cet après-midi pour que les joueurs de Winterthour n'aient pas énormément d'occasions franches" a réagi Steve Rouiller au micro de Lucarne Grenat.

Après un début de saison tonitruant ponctué de 3 victoires en 4 matches, les Sédunois peinent un peu plus, alternant le chaud et le moins chaud. Le moins chaud d'abord avec une défaite que les supporters sédunois auraient pu qualifier d'inquiétante face à GC (3-1). Un revers qui ne souffre aucune discussion tant les hommes de Didier Tholot avaient alors été dominés par plus fort qu'eux.

Sion n'est pas le petit poucet

Mais voilà, le FC Sion cuvée 2024-2025 a les armes pour rester en Super League, et de loin. Son début de saison le démontre, et son dernier match de championnat face à Bâle abonde dans ce sens également. Sérieux et appliqués, les hommes de Didier Tholot ont livré la marchandise pour égaliser après avoir rapidement concédé l'ouverture du score, avant d'obtenir le point du match nul (1-1). Surtout, ils ont fait preuve d'une rigueur défensive qui leur avait de concéder si peu de buts en Challenge League la saison dernière et d'être parmi les toutes meilleures défenses de Super League en ce début de saison. Une solidité qu'a tenu à souligner l'entraîneur, tout autant qu'à valoriser son équipe dans les lignes du Nouvelliste: "Nous avons répondu à la remarque qui fait du FC Sion une petite équipe et me saoule" a tonné le Forézien de naissance.

Une passe décisive pour... Fayulu

Si un joueur s'est fait remarquer, c'est bien Timothy Fayulu. Le gardien sédunois s'est fendu d'une... passe décisive sur l'égalisation valaisanne, après une splendide relance en direction d'Ilyas Chouaref, esseulé sur la gauche. La dernière fois qu'un gardien avait réalisé pareille performance, c'était le 9 octobre 2022, lorsque Jérémy Frick avait effectué une splendide relance en direction de Dereck Kutesa... esseulé sur la gauche.

La saison d'Yverdon-Sport pourrait bien rimer avec lutte contre la relégation. C'est ce que les suiveurs du football suisse promettaient aux Vaudois avant même le début de la saison, et cette tendance semble bien se confirmer. Mais les hommes d'Alessandro Mangiarratti pourront compter sur leur solidarité à toute épreuve pour tenter d'inverser la tendance et de sauver leur place dans l'élite helvétique. Ainsi, après avoir concédé une défaite logique chez un FC Bâle qui semble retrouver certaines couleurs, les Yverdonnois ont remporté une première bataille importante, en s'imposant 2-1 face à un autre candidat à la relégation, GC.

Des recrues décisives

Le salut vaudois passera peut-être par les nombreuses recrues estivales. C'est en tout cas en partie elles qui ont fait la différence pour remporter ce match déjà si important face à GC. Franco Gonzalez, qui provient de Peñarol en Uruguay, a d'abord envoyé une merveille de ballon sur la tête de Boris Cespedes pour l'égalisation. Puis, dans les derniers instants, quelques minutes après une parade incroyable de Paul Bernardoni, c'est une autre recrue, en l'occurrence Hugo Komano, qui a permis aux hommes de Mangiarratti de rafler la mise et de gagner un premier match cette saison. Une victoire qui leur permet de souffler un peu dans ce début de championnat compliqué.

Un ancien immense espoir au Municipal

Une des recrues phares de l'été yverdonnois est Portugaise. Gonçalo Esteves, 20 ans, considéré il y a encore quelques années comme la future pépite du football portugais, a donc débarqué à Yverdon sous la forme d'un prêt d'Udinese. A peine deux jours après son arrivée, le latéral droit formé au FC Porto a déjà trouvé une place de titulaire dans le système du coach vaudois, réalisant même une performance très prometteuse. Reste à savoir si le jeune Portugais pourra enfin faire fructifier tout son talent, ce qui serait largement bienvenu pour Yverdon-Sport.

Lausanne retombe dans ses travers en ce début de championnat. Avec 4 petits points en 5 rencontres, les hommes de Ludovic Magnin ne répondent pas aux attentes, eux qui espèrent accrocher le top-6 en fin de saison. Ils auront néanmoins la possibilité de recoller au (grand) groupe de tête s'ils parviennent à s'imposer lors de leur match à rattraper face au FC Lugano le 18 septembre prochain. Une tâche loin d'être simple pour des Lausannois qui ont, comme la saison dernière, de la peine à concrétiser leurs nombreuses occasions. C'est ce qui leur a fait terriblement défaut chez le champion en titre YB (1-1).

Des statistiques qui parlent pour elles-mêmes

Il faut remonter à bien longtemps pour voir le grand YB être dominé de la sorte chez lui. Et c'est bien le Lausanne-Sport qui est parvenu à malmener les hommes de Patrick Rahmen, récemment qualifiés pour la Ligue des champions, sans toutefois parvenir à ramener l'entièreté de l'enjeu dans le canton de Vaud. Au final, les joueurs de Ludovic Magnin auront tiré... 18 fois (!) au but, cadrant 8 de leurs essais. De leur côté, les Bernois n'ont tiré que 6 fois au but, pour une seule frappe cadrée, celle de Filip Ugrinic qui a fini au fond des filets, d'un tir de 30 mètres... Les fameux xG parlent pour eux-mêmes, les Lausannois finissant la rencontre avec 1.91 "but attendu" alors que les Bernois n'en auront eu que... 0.18. Rageant.

Sow s'affirme face à son club formateur

Même si les Vaudois ont dominé tant et plus, il a fallu attendre la 70e minute pour voir l'égalisation lausannoise. Et c'est Karim Sow, formé à YB, qui est sorti de son trou pour catapulter sa tête en lucarne sur un corner. Le jeune défenseur talentueux de 21 ans avait été pisté par le Lausanne-Sport alors qu'il n'évoluait qu'en moins de 18 ans chez les Bernois. Après un prêt au Stade Nyonnais la saison dernière en Challenge League chez qui il s'était imposé, c'est désormais à l'échelon supérieur qu'il essaie de faire sa place. Et quoi de mieux que de permettre à son club d'égaliser chez le champion pour sa première titularisation?

Dans sa quête à la promotion en Super League, l'irrégularité de Xamax pourrait bien lui jouer des tours. En ce début de saison, les hommes d'Uli Forte ont démontré toute cette difficulté en l'espace d'une semaine et de deux matches: une défaite 4-0 face à la lanterne rouge Wil, suivie d'une victoire écrasante face à un autre candidat à la montée, Vaduz (4-1). Si les Neuchâtelois semblent avoir les armes pour viser très haut dans ce tableau de Challenge League, il faudra absolument qu'ils trouvent une régularité qui leur fait maintenant défaut depuis quelques saisons déjà.

La très bonne affaire

La cellule de recrutement de Xamax a flairé le bon coup cet été, en s'attachant les services de Shkelqim Demhasaj. L'ancien joueur de GC et Lucerne notamment réalise un début de saison fantastique, devenant presque indispensable à l'attaque du club neuchâtelois. Un club qui disait "se réjouir de pouvoir compter sur l'expérience en Challenge et Super League" du Kosovar. Il peut visiblement également compter sur son efficacité, lui qui a inscrit 3 buts et délivré 3 passes décisives lors de ses 6 premiers matches sous les couleurs xamaxiennes.

Étoile Carouge continue de démontrer qu'il a toutes les qualités pour évoluer dans l'antichambre de la Super League. Les hommes d'Adrian Ursea, qui proposent un des jeux les plus alléchants de la ligue, l'ont une nouvelle fois montré. D'abord à Aarau, contre un habitué de la Challenge League, face à qui les Stelliens ont outrageusement dominé la rencontre avant de s'incliner 1-0 sur le seul titre cadré des Argoviens. Des Carougeois qui ont fini la rencontre avec... 70% de possession et 9 tirs de plus que leurs adversaires. Insuffisant cependant.

Ce n'était que partie remise pour des Stelliens qui ont remis l'ouvrage sur le métier la semaine suivante en s'imposant relativement largement face à la lanterne rouge, Wil. Une victoire 3-1, dans une rencontre à nouveau dominée et qui indique que les Carougeois pourraient presque faire office d'épouvantail dans cette saison de Challenge League, eux qui ont déjà cumulé 10 points en 6 rencontres.

Il aura fallu 6 journées pour que Stade Lausanne Ouchy se remette de sa relégation en Challenge League. Les Vaudois ont enfin remporté un match, après avoir connu 3 défaites et 2 nuls jusque-là. C'est le Stade Nyonnais qui a permis au SLO de se relever. Les Stadistes vaudois se sont vite remis de leur défaite 3-1 à Vaduz la semaine dernière pour s'imposer 3-0 cette fois-ci face à leur voisin. Une victoire qui leur permet de souffler un peu dans un début de championnat où la dernière place leur faisait de l'œil.

Un effectif qui a perdu en qualité

Comme habituellement quand un club de Super League est relégué en Challenge League, de nombreux joueurs - les meilleurs la plupart du temps - abandonnent le navire, laissant le club sans réelle possibilité de remonter immédiatement, surtout quand le budget ne peut pas suivre. C'est ce qui s'est passé au SLO cet été, avec de nombreux départs, dont ceux de joueurs qui étaient titulaires indiscutables en Super League: Danho, Hajrulahu, Mulaj, Bamba, Obexer, Ajdini, et surtout Gharbi, prêté la saison dernière par le PSG. Des absences qui se ressentent dans ce début de saison compliqué du club vaudois.

Si le début de saison était une véritable réussite avec 7 points récoltés en 4 matches, les deux dernières rencontres disputées par le Stade Nyonnais pourraient laisser quelques traces. Défaits 4-2 dans une rencontre spectaculaire face à Thoune, grandissime favori à la promotion, les hommes de Christophe Caschili ont surtout montré certaines limites dans le derby romand face à Stade Lausanne Ouchy. Battus largement 3-0 devant leur public, les Stadistes ont l'air d'être moins armés que la saison passée pour remplir leur objectif premier: le maintien. Comme pour le SLO, de nombreux départs ont déstabilisé l'équipe. Ceux de Camara, Sawadogo, Sow, Omeragic ou encore Dugourd risquent de peser lourd dans la balance.

Servette Chênois a trouvé son rythme de croisière en championnat: deux victoires pour fêter son retour au Stade des Trois-Chênes après cinq ans "d'exil" à Carouge. Malgré les scores, 3-0 contre YB le 24 août et 2-0 contre Aarau une semaine plus tard, la manière, elle, laisse encore quelque peu à désirer.

"C'est le début de saison", tempère la gardienne Mickaëla Bottega. "Il faut le temps que tout le monde se trouve. De nouvelles joueuses sont arrivées, mais ça va prendre forme au fil des matches. Un peu de patience sera nécessaire". Il n'empêche que les points sont au rendez-vous avec trois victoires en quatre matches et que les progrès sur le terrain, tant dans les automatismes que dans les changements de rythme, sont visibles.

De quoi aborder avec confiance cette semaine importante en Pologne, où les Servettiennes défieront le Pogon Sczcecin le 4 septembre en demi-finales du 1er tour qualificatif pour la Ligue des championnes. En cas de succès, les joueuses de Jose Barcala affronteront les Grecques du PAOK Salonique ou les Israéliennes du MS Kiryat Gat le 7 septembre en finale.