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Un suspense insoutenable, le sacre mérité d'un collectif et un coup de poker gagnant

Servette a longtemps couru après le bonheur. Il y a pleinement droit en ce 2 juin, date déjà mythique dans l'histoire du club. [KEYSTONE - SALVATORE DI NOLFI]
Servette a longtemps couru après le bonheur. Il y a pleinement droit en ce 2 juin, date déjà mythique dans l'histoire du club. - [KEYSTONE - SALVATORE DI NOLFI]
Servette
0 - 0 ap 9 - 8 tb
Lugano
Servette est allé chercher sa première Coupe de Suisse depuis 23 ans en mettant au supplice ses propres nerfs et ceux de ses supporters. Le coup de poker de René Weiler en vue de la séance de tirs au but a payé. Le club genevois peut sabrer le champagne.

MALL, CE HÉROS René Weiler et Joël Mall en héros servettiens! Le coach genevois a tenté un coup de poker façon Louis van Gaal, un coup de maître pour tout dire, en faisant entrer son gardien pour la séance de tirs au but. Le dernier rempart a détourné 3 essais tessinois (Sabbatini a lui tiré au-dessus), dont l’ultime de Lukas Mai. Surtout, le dernier rempart de Chypre a remis son Servette dans la rencontre alors que Lugano avait des balles de match. Arrivé l’été dernier, l’Argovien, également impérial à la 120e+1 sur une volée d’Aliseda, s’est inscrit dans l’histoire du club. Son partenaire Jérémy Frick, capitaine courage, impeccable en Coupe, mérite lui aussi des éloges pour sa grosse saison.

LA PLUIE, LA DATE Il y a des signes qui ne trompaient pas pour la destinée du peuple grenat. Ce 2 juin et cette pluie renvoyaient 25 ans en arrière, en 1999, lorsque les Genevois étaient allés cueillir à Lausanne (5-2) ce qui reste jusqu’ici leur dernier titre national, à l’issue d’une rencontre époustouflante et maîtrisée en patrons sous les ordres de Gérard Castella. Sans doute était-il écrit quelque part que cette journée allait encore être la leur, 23 ans après leur dernière quête en Coupe de Suisse.

CONTRASTE Sans aucune surprise, les deux équipes sont restées fidèles à elles-mêmes lors de cette finale. Ainsi a-t-on vu un Lugano ultra-défensif, très regroupé et très agressif au contact, décidé à fermer le jeu et à stopper toutes les escarmouches servettiennes. A l’inverse, les Genevois ont tenté de poser leurs idées, de développer leur football, plutôt chatoyant par essence, mais se sont trop heurtés à un bloc tessinois très solide et intransigeant. "Pour moi, il n’y a eu qu’une seule équipe sur le terrain, il n’y avait pas photo aujourd’hui", a souligné Frick.

UN ENTREPRENANT SERVETTE Servette a empoigné cette finale par le bon bout, se montrant d’emblée le plus entreprenant, histoire de ne pas laisser les Tessinois prendre leurs aises et surtout de tenter de débloquer le tableau d’affichage. C’est lui qui a fait le jeu, qui a porté le danger le premier sur la cage adverse. A tel point qu’Amir Saipi a dû être relayé sur sa ligne par Renato Steffen sur un vicieux corner de Miroslav Stevanovic que le portier bianconero avait très mal estimé à la 15e minute. Ce qui a été l’une des deux seules alertes de la première période avec la tentative de 20 mètres signée Steffen, passée quelque peu au-dessus de la cage de Jérémy Frick (43e).

ALISEDA, PRESQUE POISON Entré en jeu à la 68e minute, Ignacio Aliseda a été un véritable poison pour l’arrière-garde genevoise. L’Argentin s’est d’abord illustré dix minutes plus tard, avant de venir à nouveau mettre le bazar dans la défense servettienne à la 88e. A la 105e encore, l’ancien joueur du Chicago Fire a manqué une montagne devant Frick sur un service parfait de Mahou. Avant de mettre immédiatement à contribution Mall sur une volée exceptionnelle qui prenait le chemin du petit filet à la 120e+1.

PENALTY OUBLIÉ? La finale a failli se jouer sur une sorte de coup de dés, à la 89e minute, lorsque Keigo Tsunemoto a détourné de la main droite puis du bras gauche un essai de la tête d’Anto Grgic. Une fois l’action finie, le Japonais s’est éloigné des lieux, conscient qu’il y avait matière à siffler penalty. Après discussion avec le VAR, M. Dudic a choisi de ne rien faire. Cette situation aurait certainement été sanctionnée dans 80% des cas. "Servette s’en tire bien pour le coup", a relevé Gérard Castella, l’ancien entraîneur des Grenat.

Arnaud Cerutti

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Des départs à prévoir?

Pour certains joueurs aussi, cette finale constituait peut-être leur dernier rendez-vous sous leur maillot respectif. Après six ans à Genève, Timothé Cognat a notamment des touches en Espagne et aurait aussi séduit des clubs français. Chez les Tessinois, Zan Celar – qui est passé à côté de sa finale – devrait retourner en Italie. Quant au vétéran Jonathan Sabbatini, son avenir est en question depuis des lustres de l’autre côté du Gothard. Des points d’interrogation pèsent également sur l’entraîneur Mattia Croci-Torti, auteur d’un travail fantastique en trois ans sur le banc des Bianconeri.