L'exercice 2009 a été néfaste pour les clubs européens qui ont accusé un déficit de 1,2 milliard d'euros soit près du double de l'année précédente selon le premier rapport de l'UEFA à être rendu public mardi depuis l'adoption du principe du futur de fair-play financier.
Au terme de ce rapport, 56% des 733 clubs européens de première division ont signalé un déficit en 2009, contre 48% en 2008. Si les nouvelles exigences, qui seront imposées progressivement en matière de bonne gestion, étaient immédiatement exigibles, "onze clubs auraient été privés de coupes européennes cette saison", a déclaré Gianni Infantino, secrétaire général de l'UEFA en commentant le rapport.
Sanctions dès 2014-15
Le fair-play financier implique qu'un club ne dépense pas plus d'argent qu'il n'en gagne, avec un calendrier déjà établi: premiers audits dès 2011-12, équilibre à atteindre en 2013-14, et sanctions éventuelles, pouvant aller jusqu'à l'exclusion des compétitions européennes, à partir de 2014-15. Ce principe économique de bon sens fut largement battu en brèche en 2009, notamment à cause des salaires qui ont représenté 64% des 12,9 milliards d'euros de dépenses quand seulement 11,7 milliards entraient dans les caisses.
Inexorablement, et Karl-Heinz Rummenigge, président de l'Association européenne des clubs (ECA), s'en félicite, "le fair-play financier aboutira à un plafonnement indirect des salaires" que les clubs ont l'interdiction d'imposer. "Il n'est pas normal poursuit le président du Bayern de Munich, qu'un club dépense 100% de ses revenus en masse salariale".
Pas de liste noire
L'UEFA s'est refusée à donner une liste noire, se contentant de préciser que sur 30 "grands clubs", quatre seulement avaient signalé un équilibre financier. "Le principe de fair-play financier ne vise pas à mettre en difficulté les clubs mais à les aider à sortir d'une spirale infernale", a justifié Michel Platini, président de l'UEFA qui a fait de l'assainissement budgétaire des clubs l'une des priorités de son mandat.
A la lecture des chiffres, on remarque tout de même que les "grands clubs" ont vu leur situation se détériorer plus vite que les petits, 55% annonçant un déficit contre 37 en 2008. L'Angleterre est de loin le pays européen où la situation est la plus malsaine avec huit clubs ayant signalé des dépenses supérieures de plus de 20% à leurs recettes.
L'UEFA, qui sanctionnera à l'avenir les déficitaires sur recommandation d'un panel de contrôle présidé par Jean-Luc Dehaene, ex-premier ministre belge, a indiqué des pistes aux clubs en difficulté. "Seuls 19% des clubs sont propriétaires de leur stade", a regretté Michel Platini, estimant que la possession de son outil de travail était un signe de bonne santé. Rummenigge a lui jugé que les clubs n'investissaient pas assez sur les jeunes joueurs et prôné la "limitation des groupes de joueurs professionnels à 25" par club.
agences/lper
La Suisse dans la moyenne
L'UEFA, dans son rapport sur la santé financière des clubs en 2009, pointe un problème majeur dans le déficit global du football européen: l'immense charge que représentent les salaires. En imposant un équilibre financier sur trois exercices consécutifs et en limitant le nombre de joueurs dans les effectifs, le fair-play financier vise notamment à endiguer l'inflation spectaculaire des dix dernières années.
En moyenne, les clubs européens ont dépensé en frais de personnel un montant équivalent à 65% de leurs revenus. Les formations de Super League sont dans cette fourchette, puisque leurs coûts en salaire se sont élevés à 63% de leurs gains.
On observe une certaine disparité dans les grands championnats. Le meilleur élève est l'Allemagne (52%), devant l'Espagne et l'Angleterre (62%), la France (70%) et l'Italie (72%). Si la situation est inquiétante en Serie A, le football transalpin a encore une certaine marge de manoeuvre par rapport à des pays comme la Russie (92%) ou la Slovaquie (98%).
Et que dire de la Géorgie ou de la Serbie, qui affichent une masse salariale moyenne représentant plus de... 120% des revenus des clubs ?
Hoffenheim a essuyé des pertes abyssales
Les finances de Hoffenheim sont profondément dans le rouge avec une perte attendue de plus de 7 millions d'euros en 2011 selon son propriétaire, le milliardaire Dietmar Hopp. Le "petit poucet" de la Bundesliga avait déjà essuyé des pertes déjà abyssales ces dernières années.
"Nous avons essuyé une perte de quelque 65 millions d'euros de 2007 à 2009. En 2010, elle a atteint environ 32 millions mais elle a pu être réduite à 16,6 millions grâce à la vente du joueur Carlos Eduardo" au club russe de Rubin Kazan, a précisé le co-fondateur du géant allemand des logiciels SA.
Les comptes de Hoffenheim, un village de 3200 habitants dont le club est passé en deux saisons de la 3e division à l'élite, resteront dans le rouge cette année malgré les rentrées financières liées au récent transfert du Brésilien Luiz Gustavo au Bayern Munich. Dietmar Hopp (70 ans) a par ailleurs indiqué qu'il avait déjà injecté 240 millions d'euros dans son club, soit bien plus qu'estimé jusqu'à présent. Il a précisé que la vente de Gustavo avait été une question de survie financière.