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Il reste encore beaucoup à faire en Ukraine

Le nouveau de stade de Kiev qui accueillera la finale de l'Euro 2012 n'est encore qu'un vaste chantier. [Sergey Dolzhenko]
Le nouveau stade de Kiev, qui accueillera la finale de l'Euro 2012, n'est encore qu'un vaste chantier. - [Sergey Dolzhenko]
Alors que l'Euro 2012 approche à grands pas, l'Ukraine, malgré tous ses efforts, ne parvient pas à combler certains retard. L'UEFA demeure cependant confiante.

L'Ukraine travaille dur pour terminer les chantiers prévus pour l'Euro 2012. Mais, à un an du rendez-vous, les travaux dans certains stades et aéroports ont du retard, sans que cela n'inquiète outre mesure l'UEFA. "On a constaté de grands progrès", mais "il reste encore beaucoup de travail", a ainsi rassuré Martin Kallen, directeur des opérations de l'Euro 2012 pour l'UEFA.

Co-organisatrice de la compétition avec la Pologne, l'Ukraine a été très critiquée pour les retards dans les préparatifs, suscitant longtemps l'inquiétude des instances européennes du football en raison de sa fragilité économique et son instabilité politique.

Kiev et Lviv à la traîne

Les travaux d'aménagements des stades sont achevés à Donetsk et Kharkiv, deux villes situées dans l'Est de cette ancienne république soviétique. En revanche, de nouveaux retards sont apparus dans les chantiers en cours dans les deux autres villes hôtes.

Directeur des opérations de l'Euro 2012 pour l'UEFA, Martin Kallen se veut résolument optimiste. [KEYSTONE - Caroline Blumberg]
Directeur des opérations de l'Euro 2012 pour l'UEFA, Martin Kallen se veut résolument optimiste. [KEYSTONE - Caroline Blumberg]

A Kiev, qui doit accueillir la finale, et à Lviv, l'inauguration des stades a été repoussée au mois d'octobre. Cet ajournement est admissible pour l'UEFA, qui souligne toutefois la nécessité de préparer dès maintenant toutes les formalités administratives (certificats, licences, etc). "S'ils ne commencent pas maintenant, ça va être un peu juste", craint M. Kallen.

Côté transports, la modernisation des aéroports, où de nouveaux terminaux sont construits, prend aussi du retard. La mise en service du nouveau terminal D à Kiev, prévue initialement à la fin de l'année, a été repoussée à mars 2012. Même problème avec certains hôtels. Sur un total de 51 200 lits demandés par l'UEFA pour accueillir les supporters dans les quatre villes hôtes, plus de 18 200 manquaient encore en mai, selon le comité d'organisation national. "On travaille très dur. Il faut aller encore de l'avant et on y arrivera", dit M. Kallen.

Polémiques

Par ailleurs, l'utilisation de fonds publics ukrainiens pour l'Euro 2012 suscite des interrogations et des critiques dans ce pays où la corruption est "systémique", de l'aveu même de la présidence ukrainienne. Dernier exemple en date, l'achat en mai par la ville de Donetsk de dix WC mobiles pour plus 4 millions de hryvnias (400 000 francs), aussitôt baptisées "cuvettes en or" par la presse. "On dirait qu'il y a une compétition pour piquer dans la caisse à l'occasion d'achats publics réalisés sous couvert de préparatifs pour l'Euro", s'est insurgé le député d'oppositon Ostap Semerak. Le gouvernement s'est borné à affirmer que l'acquisition de ces toilettes n'était pas liée à l'Euro 2012.

A Lviv, des élus régionaux ont maintes fois dénoncé la hausse suspecte du coût de certains préparatifs. Ainsi, le devis officiel de la construction d'un nouveau stade à Lviv a quadruplé depuis 2008, passant à 2,4 milliards de hryvnias (240 mio de francs). Celui de la reconstruction de l'aéroport a plus que doublé, passant à 2,2 milliards de hryvnias (220 mio de francs). Cette tendance préoccupe aussi la justice. Le parquet général a annoncé fin mai qu'une "société étrangère" avait perçu 15 millions de hryvnias (1,5 mio de francs) de fonds budgétaires pour des travaux à Lviv liés à l'Euro 2012, dont le coût réel était selon lui presque 100 fois inférieur.

L'Ukraine rêve de décrocher le titre sur son sol

L'Ukraine, emmenée une dernière fois par sa star Andrei Shevchenko, rêve de remporter l'Euro 2012 sur son sol avec la nouveau sélectionneur et légende du football soviétique Oleg Blokhine qui cherche encore  de jeunes talents pour renforcer l'équipe à un an du rendez-vous.

Shevchenko, ici en amical face au Canada, rangera ses crampons après l'Euro 2012. [KEYSTONE - Sergey Dolzhenko]
Shevchenko, ici en amical face au Canada, rangera ses crampons après l'Euro 2012. [KEYSTONE - Sergey Dolzhenko]

Blokhine, en fonction depuis avril, s'est fixé comme "principal objectif" de remporter cet Euro, co-organisé avec la Pologne. "J'ai une double responsabilité. La première est de défendre le prestige de l'équipe nationale et la seconde est l'Euro", avait déclaré à l'AFP Blokhine, soulignant que la première étape serait de "passer le premier tour". Le Ballon d'Or 1975 a déjà dirigé la sélection ukrainienne de novembre 2003 à décembre 2007. L'équipe avait alors atteint les quarts de finale au Mondial 2006, s'inclinant face à l'Italie (3-0), futur vainqueur de la compétition.

Oleg Blokhine entend apporter du sang neuf dans l'équipe emmenée par Shevchenko (34 ans), qui a évolué notamment à l'AC Milan et à Chelsea, et a annoncé qu'il mettrait un terme à sa carrière après l'Euro 2012. "Beaucoup de jeunes de talent ont leur place dans l'équipe. Nombre d'entre eux vont représenter l'Ukraine au championnat d'Europe des moins de 21 ans au Danemark (fin juin). Cette compétition va nous aider à déterminer quels jeunes joueurs sont en mesure d'appuyer l'équipe nationale", a dit M. Blokhine. "Cependant, la force de notre équipe est un délicat mélange entre d'un côté la sagesse et l'expérience des anciens, de l'autre le courage et l'enthousiame des jeunes prodiges", a-t-il expliqué.

agences/lper

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"Si 80% des projets sont réalisés en qualité, ce sera réussi", a expliqué lundi à l'AFP Martin Kallen, directeur des opérations à l'UEFA chargé du dossier de l'Euro 2012, rencontré en Ukraine, pays co-organisateur avec la Pologne, à un an de la compétition.

Quel est votre sentiment à un an du tournoi?

MARTIN KALLEN: "Je ne suis pas trop inquiet, je suis positif, les gens qui viendront exploreront l'Est, qu'on ne connaît pas assez. Ce n'est pas seulement une aventure, c'est une bonne aventure. Au Portugal (Euro 2004), tout n'était pas parfait, mais il y a eu une atmosphère unique, avec l'équipe nationale qui est allée en finale. Mais au niveau des bus, des hôtels, les meilleures conditions n'étaient pas toujours réunies. L'aéroport de Porto a été fini en 2005, après l'Euro par exemple."

Où en est-on pour les infrastructures?

MARTIN KALLEN: "En Pologne, un stade est fini, trois ne le sont pas, on est à 80 % des réalisations. Pour les aéroports, je dirais qu'on est globalement à 80%, pour les autoroutes pareil, la plupart seront finies l'année prochaine. En Ukraine, deux stades sont terminés, deux seront terminés en octobre, on devrait être à 70-80%. Les aéroports, on en est à 60%. Mais pour les autoroutes, c'est un travail qui va s'étaler sur 30-40 ans ça ne se fera pas comme ça. En Ukraine, il existe seulement 24 km d'autoroute vers Kiev. Il y a des quatre voies, mais elles traversent des villes et des villages, et on doit freiner, rouler à 40 km/h. Et l'état des routes en Ukraine n'est pas bon".

Et pour les logements?

MARTIN KALLEN: "Il n'y en avait pas plus au Portugal à l'Euro 2004. En Suisse et en Autriche (Euro 2008), il n'y avait pas plus de logements en ville qu'ici. Mais la différence c'est que pour accéder aux logements hors des villes, c'était facile en Autriche et en Suisse. Là, avec les transports publics, c'est impossible. Ici, en Ukraine, il y a des transports publics qui remontent aux années 1970 ou 1980. Cependant, dans toutes les villes, il y a des étudiants, parfois jusqu'à 150.000, et il y a possibilité d'utiliser leurs chambres, leurs dortoirs, en plus des hôtels existants. Par ville, 8 à 15.000 lits suffisent amplement dans la compétition. On devrait y arriver. Mais le plus préoccupant, c'est comment réserver et comment se rendre à des logements excentrés ?"

Quel est l'autre challenge?

MARTIN KALLEN: "En Ukraine, il faut veiller à ce que la pays ait les moyens de financement pour terminer les infrastructures: c'est un défi. C'est un pays qui a été durement touché par la crise et qui n'avait pas l'argent à un moment. Et tout retard entraîne des frais supplémentaires. Il est maintenant important de financer la dernière tranche. Il y a eu aussi des changements politiques: l'équipe dirigeante actuelle est celle qui va livrer les travaux, pas celle qui nous avait fait tant de promesses. En Ukraine, il est aussi important que les passages aux frontières soient plus +efficaces+ et pas trop bureaucratiques, comme par exemple pour importer et exporter des produits. Aujourd'hui, c'est un cauchemar bureaucratique avec tous ces tampons à attendre..."

Avez-vous eu des moments de doute, où vous avez craqué?

MARTIN KALLEN: "Au Portugal en 2004, je n'avais pas l'expérience que j'ai aujourd'hui, qui aide à garder le contrôle de ses nerfs, à avoir une vision d'ensemble. Si on ne peut pas aller à 100% des projets dans la qualité, les derniers 20% en qualité ne sont pas graves: si 80% des projets sont réalisés en qualité, ce sera réussi. Cet Euro 2012 ne sera pas une formule 1 pour jouer les deux premières places, mais plus pour jouer les 10 premières".

Après ça, l'Euro 2016 en France, ce sera des vacances pour vous?

MARTIN KALLEN: "On pourrait presque dire ça (rires)".