En Serie A, la situation de Palerme n'est pas la plus enviable. Steve von Bergen (29 ans) en est bien conscient, mais ça ne l'empêche pas d'apprécier sa vie en famille - avec sa compagne et sa petite fille - au sud de l'Italie, sur son île et dans une ville célèbre pour d'autres "footeux", Salvatore "Toto" Schillacci et, plus récemment, Mario Balotelli. Et de nous narguer, à l'autre bout du combiné: "Il fait 25 degrés, nous sommes en shorts au bord de la mer...".
L'heure n'est pourtant pas au tourisme en Sicile pour le Neuchâtelois, arrivé l'été passé après la relégation de Cesena. L'ex-Xamaxien ne veut pas revivre ça, "même si, vu d'où on revient, ce sera comme un miracle si on se sauve!".
RTSsport.ch a voulu en savoir plus sur la vie du défenseur international dans la Botte, sa carrière et ses rêves. Une interview pleine de franchise.
"Une situation que personne n'attendait"
RTSsport.ch: Comment vous sentez-vous? Votre club, Palerme (18e de Serie A) n'est pas au mieux au classement...
STEVE VON BERGEN: Personnellement, tout va très bien, merci! Sportivement, on dira que ça va un peu mieux. Nous avons rattrapé 6 points de retard, et n'en avons plus que 2 sur le premier non-relégable, Sienne. C'est une situation que personne n'attendait, mais avec laquelle nous vivons depuis un moment...
RTSsport.ch:
Comment voyez-vous la suite? On imagine que vous voulez y croire...
STEVE VON BERGEN: Oui, évidemment! Il nous reste 6 matches, et l'objectif est de prendre au moins 10 points!
RTSsport.ch: Reste que votre programme est corsé, avec notamment les venues de l'Inter, de l'Udinese et de Parme, et des déplacements à la Juventus et à la Fiorentina...
STEVE VON BERGEN: Effectivement, mais nous ne sommes plus en position de "choisir". Si nous voulons nous sauver, nous devons faire des points, quelque soit l'adversaire. Mais nous en sommes capables! Nos récents bons matches contre l'AS Roma (2-0) et à la Sampdoria (1-3, von Bergen a d'ailleurs inscrit son 1er but dans le calcio ce 7 avril 2013) le prouvent.
"Les matches-clé, nous les avons tous perdus"
RTSsport.ch: Mais alors, qu'est-ce qui n'a pas marché pour vous cette saison?
STEVE VON BERGEN: Il nous a toujours manqué une petite dose de réussite. Mais, pire que ça, c'est lors des confrontations directes que nous n'avons pas été bons. Les matches-clé, contre les équipes de notre zone, nous les avons tous perdus! Nous avons également connu un départ difficile (4 défaites, 1 nul) et avons eu de la peine à nous relever. Et je crois que nous avons perdu neuf fois entre la 88e et la 95e! Mentalement, ça fait mal...
RTSsport.ch:
En plus, vous avez connu passablement de changements d'entraîneurs cette saison (4)!
STEVE VON BERGEN: (rires) Mais nous avons eu trois entraîneurs différents, qui ont presque tous été virés avant de revenir! Je crois qu'à un moment nous avons même eu 3 coaches en 6 matches. Ca doit être un record d'Europe (rires)... Enfin, ça prouve surtout que nos résultats n'étaient pas la faute de tel ou tel entraîneur... On parle beaucoup de nos changements de coaches, mais c'est une situation que beaucoup de clubs italiens connaissent.
RTSsport.ch: Au moins, vous ne serez pas surpris si vous signez à Sion un jour!
STEVE VON BERGEN: (rires). Pourquoi? Sion joue le haut du tableau! (rires)
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Plus sérieusement, votre président Maurizio Zamparini est considéré comme un "chaud", un grand "consommateur" de coaches. Comment sont vos relations avec lui?
STEVE VON BERGEN: En fait, on ne le voit quasiment jamais! Il vit au nord de l'Italie et est bien trop nerveux pour venir assister aux matches!
RTSsport.ch: Après deux saisons à Cesena, vous signez trois ans au Genoa mais finissez à Palerme. Eprouvez-vous des regrets?
STEVE VON BERGEN: Non, surtout pas. Palerme a quand même joué deux fois l'Europe ces trois dernières années. En plus, on voit que le football tient une place particulière ici. Nous avons 35'000 personnes au stade alors que nous som mes en position de relégable!
RTSsport.ch: Mais vous jouez à nouveau le bas du classement...
STEVE VON BERGEN:
Ce n'est bien sûr pas facile, surtout que j'avais déjà connu ça avec Cesena, avec une douloureuse relégation à la clé. J'avais signé à Gênes, c'est vrai, mais j'ai vite trouvé que le club était instable. Et croyez-le ou pas, Palerme est une adresse bien plus stable que le Genoa! Mais sauvons-nous, et il y aura du positif de cette saison.
RTSsport.ch: Vous avez encore deux ans de contrat à Palerme. Et si vous descendez?
STEVE VON BERGEN: Mon contrat reste valable... Mais franchement, je n'ai même pas envie d'y penser. Pour être honnête, j'y pensais plus il y a 3-4 semaines alors que nous avions de nombreux points de retard...
"Je n'ai jamais eu l'opportunité de rejoindre un grand club"
RTSsport.ch: Après Zurich, vous signez au Hertha Berlin, puis à Cesena avant de vous retrouver à Palerme. Est-ce un choix de signer dans des "petits" clubs?
STEVE VON BERGEN: En fait, je n'ai jamais eu l'opportunité de rejoindre un grand club. Et honnêtement, je n'ai pas les qualités pour jouer à la Juventus, au Milan AC ou à l'Inter Milan...
RTSsport.ch: Et pourquoi pas? Vous vous considérez moins bon qu'un autre?
STEVE VON BERGEN:
Franchement, un Thiago Silva est bien meilleur que moi. Si j'ai fait carrière, c'est parce que je suis un bosseur. Je ne pense pas que c'était dû à mes qualités naturelles.
RTSsport.ch: Mais jouer dans un "grand club", vous en rêvez encore?
STEVE VON BERGEN: Vous savez, je suis très heureux ici, au bord de la mer. Ma vie est vraiment belle. Après, je ne suis plus tout jeune (réd: 29 ans). Reste qu'on ne peut rien planifier en football, et en Italie encore moins (rires)! Après, ici ou ailleurs, il faudra toujours se faire sa place, il y aura toujours de la concurrence. Il faut donc travailler, travailler.
Propos recueillis par Daniel Burkhalter (@DaniBurkhalter)
"Lucien Favre tient une grande place dans ma carrière"
RTSsport.ch: Vous avez toujours dit: "mon rêve est d'être pro à Xamax". Vous mesurez le chemin parcouru depuis?
STEVE VON BERGEN: Je penserai à ma carrière quand elle sera finie. Mais il est vrai que si on m'avait dit que j'aurais cette carrière-là, j'aurais dit: "Mais il est fou celui-là!" Mais je le répète, j'ai beaucoup travaillé pour y arriver.
RTSsport.ch: C'est Lucien Favre, alors recruteur, qui vous avait proposé votre premier contrat pro à Xamax, puis lui qui vous a pris à Zurich et à Berlin. Allez-vous donc bientôt le rejoindre?
STEVE VON BERGEN: (rires) Il est vrai qu'il tient une grande place dans ma carrière. On s'appelle d'ailleurs encore régulièrement, et on en a même déjà discuté. Mais on s'est toujours dit que 4 ans et demi-5 ans ensemble, c'est déjà beaucoup. Autant le joueur que le coach doivent voir autre chose.
Durer le plus longtemps possible
RTSsport.ch: Quels sont encore vos rêves de footballeur? Souhaitez-vous encore dé couvrir un autre championnat?
STEVE VON BERGEN: Mon rêve le plus proche, c'est de disputer une nouvelle Coupe du monde. J'ai participé à celle en Afrique du Sud et, franchement, c'est exceptionnel à vivre! Ensuite, et c'est plus un but qu'un rêve, j'espère durer le plus longtemps possible. Je prends mon pied dans ma profession, mais combien de temps mon corps tiendra-t-il? Ca, on ne le sait pas... L'Angleterre? Je ne pense pas que ça me convienne, car ça va vite et il y a beaucoup de longs ballons. L'Italie, c'est très tactique et je crois que ça me convient bien. Je suis bien ici.
"Ne pas aller au Brésil serait une immense déception"
RTSsport.ch: La Coupe du monde au Brésil, c'est quand même un rêve qui devrait se réaliser bientôt. Une non-qualification serait un immense échec, non?
STEVE VON BERGEN: Nous sommes en tête, et la première moitié du chemin est faite. Mais il ne faut en tout cas pas se relâcher, on l'a vu à Chypre. Il est clair que vu le groupe que nous avons, et en tenant compte du début de notre qualification, ne pas aller au Brésil en 2014 serait une immense déception!
RTSsport.ch: Vous êtes un peu le footballeur modèle, intelligent et qui ne se met jamais en avant. Un bon client pour les médias, quoi!
STEVE VON BERGEN: Merci (rires)! Vous savez, je suis comme ça, c'est ma personnalité, c'est dans mon caractère.
"Les choix, on ne sait jamais si ce sont les bons!"
RTSsport.ch: Mais on a aussi l'impression que vous faites toujours les bons choix. Vous choisissez des clubs où vous allez jouer. Et en sélection, vous n'avez jamais "fait de bruit" et vous êtes désormais un titulaire indiscutable!
STEVE VON BERGEN: Les choix, on ne sait jamais si ce sont les bons! Que vous soyez au Hertha, à Palerme ou au Barça, il faut travailler pour se faire sa place. Et parfois il faut savoir attendre, puis saisir sa chance quand elle se présente. C'est ce que j'ai fait, je crois, depuis la blessure de Senderos face à l'Espagne à la Coupe du monde.
RTSsport.ch: Dernière question, vous jouez dans le même club que Michel Morganella, qui avait défrayé la chronique à cause d'un tweet "malheureux" lors des JO 2012. L'avez-vous soutenu lors de cette période? Vous vous entendez bien?
STEVE VON BERGEN: Oui oui, nous nous entendons très bien et sommes même collègues de chambre. Il m'a donné sa version des faits, et savait qu'il avait fait une grosse erreur. Mais c'est du passé, et il a même très bien joué lors de son retour en sélection. Il habite encore un mois seul à Palerme - sa fiancée va venir le rejoindre -, et il vient donc manger régulièrement à la maison.