Marazzi: "Jouer à Aarau? Que du bonheur"

David Marazzi (28 ans) se sent comme chez lui au Brügglifeld. C'est d'ailleurs là qu'il nous a donné rendez-vous entre deux entraînements. Tout sourire, "Mara" (surnom donné par ses coéquipiers) nous propose d'aller dans dans un restaurant situé à deux pas du stade.

"Je me sens bien ici", glisse le milieu de terrain avant de s'excuser pour répondre à un SMS. "J'ai pas mal de demandes pour des billets pour le match de samedi, ça n'arrête pas (rires)!" Le décor est planté.

"Au coude à coude avec Lausanne"

RTSsport.ch: Aarau se déplace à Lausanne samedi. Pour beaucoup d’observateurs, il s’agit du match entre les deux "favoris" pour la relégation en Challenge League…

DAVID MARAZZI: Oui, c’est vrai que beaucoup s’attendaient à voir ces deux équipes lutter en bas de tableau. Et je pense, en effet, qu’il est possible que le coude à coude avec le LS dure toute la saison. Mais attention : cela ne signifie pas que notre effectif manque de qualité! Ce n’est pas parce que certains nous voient en bas que c’est aussi notre cas. Nous allons nous déplacer à la Pontaise sans complexe, mais nous n’allons pas non plus y aller en "mode kamikaze". C’est une équipe qui prend peu de buts, mais qui n’en marque pas non plus beaucoup.

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On imagine que ce match aura une saveur particulière pour un Lausannois comme vous…

DAVID MARAZZI: Evidemment! J’ai toujours un petit pincement lorsque je retourne à la Pontaise. J’y ai fait mes classes des M14 jusqu’à la 1ère équipe. Ce sont des années que je n’oublie pas! J’y ai côtoyé des joueurs comme Reto Ziegler, Xavier Margairaz ou Arnaud Bühler. Je me rappelle également les matches du LS lorsque j’étais ramasseur de balles, notamment un match de Coupe d’Europe contre le FC Nantes (réd : saison 2000-01). Ma famille sera dans les tribunes samedi, ça va être sympa, je me réjouis d’y être!

RTSsport.ch: Vous avez quitté la Suisse romande très jeune, il y a une dizaine d’années. Comment s'est passée votre acclimatation?

DAVID MARAZZI: J’avais 18 ans, j’étais parti du Lausanne-Sport pour le FC St-Gall. Au début ce n’était pas facile à cause de la langue. Je n’étais pas mauvais en allemand à l’école, loin de là. Mais ça n’avait rien à voir. Il m’a fallu 2-3 mois d’adaptation. Et puis jouer devant 10'000 personnes, ça vous remonte bien le moral (sourire)! Et j’ai toujours pu compter sur le soutien de mes parents et de ma famille. Cette première expérience en Suisse allemande n’était que du bonheur! Et j’ai eu la chance d’y rester cinq ans et demi.

"Je préfère m'établir sur le long terme"

RTSsport.ch: Vous avez ensuite été transféré à Aarau où vous entamez votre sixième saison. Vous faites presque partie des meubles?

DAVID MARAZZI: Oui, je suis un monument, on va bientôt m’élever une statue (rires)! Mais c’est vrai que j’ai vécu beaucoup de choses ici, entre une relégation en 2010 qui a été un vrai tremblement de terre, puis la promotion en Super League il y a un an au terme d’une saison fantastique. Je me plais beaucoup ici. Je préfère m’établir sur le long terme plutôt que de bouger chaque saison.

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Parlez-nous un peu du FC Aarau…

DAVID MARAZZI: C’est un club mythique et un club familial. Il y règne une très bonne ambiance avec des gens qui donnent tout pour le club. Et il y a une ferveur extraordinaire, jouer au Brügglifeld n’est que du bonheur! C’est un vrai chaudron avec ses 7000-8000 spectateurs par match. Les gens sont à fond derrière le club et nous sont reconnaissants à partir du moment où on donne tout sur le terrain. Des supporters nous ont, par exemple, félicités après notre défaite 4-0 contre GC.

RTSsport.ch: Quels sont les objectifs du club cette saison en tant que néo-promu?

DAVID MARAZZI: Il y en a un seul: le maintien! Depuis le début de la saison, nous essayons de produire un football attractif, nous n’avons jamais été ridicules même si nous encaissons trop de buts. Notre état d’esprit fait notre force, l’ambiance dans l’équipe est géniale. C’est notre atout numéro un, c’est ce qui nous a menés jusqu’ici. Nous avons un petit budget, donc nous faisons avec nos moyens. Et si nous pouvions faire un beau parcours en Coupe, les quarts de finale, ça serait génial.

"La situation du foot romand m'attriste"

RTSsport.ch: Quel regard jetez-vous sur le football romand, qui traverse actuellement une crise?

DAVID MARAZZI: Cette situation m’attriste beaucoup. Sion et Lausanne connaissent un début de championnat compliqué, ça serait dommage pour le foot romand de voir un des représentants quitter l’élite après toutes les histoires qu’il y a eues. Et Servette n’est pas au mieux non plus en Challenge League.

RTSsport.ch:

Comment expliquez-vous le contraste entre clubs romands et clubs alémaniques?

DAVID MARAZZI: C’est difficile à dire car je ne sais pas trop comment les autres clubs fonctionnent et je ne voudrais pas dire de bêtises. Mais il faut admettre qu’il n’y a pas photo entre les deux régions au niveau de l’engouement. Il manque de l’euphorie, on peine à s’emballer en Romandie. On a l’impression qu’on a moins de chances de réussir là-bas. Il faudrait peut-être laisser un peu plus de temps pour construire une équipe au lieu de tout changer chaque saison. Une équipe a besoin de deux ans pour créer une base solide.

RTSsport.ch: Vous avez 28 ans, mais vous semblez déjà vous préoccuper de votre après-carrière…

DAVID MARAZZI: Oui, c’est bien de déjà y penser. Je suis actuellement entraîneur-assistant avec les M18 du FC Aarau et je passe mes diplômes d’entraîneur. Ca serait sympa de rester dans le milieu, mais avec une autre occupation à côté.

"Je reviendrai jouer en Suisse romande"

RTSsport.ch: Et un retour en Suisse romande avant la fin de votre carrière est-il envisageable?

DAVID MARAZZI: Oui, bien sûr! Quand? Je ne sais pas. Mon contrat avec Aarau arrivera à échéance l’été prochain. Pour le moment, je me sens super bien ici, mais il est clair que je reviendrai à la maison!

Propos recueillis par Axel David