D'un point de vue sportif, "il n'y a rien à dire sauf que ça fait mal au coeur", commence Christian Zermatten, entraîneur de Sion à deux reprises, la dernière fois en 2008/09 avec Umberto Barberis. "Il faut se demander pourquoi les gens ne viennent plus au stade." Le club attire en effet de moins en moins de monde à Tourbillon (6889 spectateurs en moyenne contre plus de 10'000 lors des quatre saisons précédentes).
"Un perpétuel recommencement"
Zermatten a une explication très simple: "Je trouve que la gestion globale du club n'est pas correcte." Un point de vue partagé par Stéphane Grichting, ancien junior puis joueur de la première équipe valaisanne, aujourd'hui à GC.
"J'ai l'impression que plus ça va, moins ça va. On ne sait pas trop quels sont leurs moyens pour s'en sortir, après avoir déjà changé x fois d'entraîneur et x fois de composition. Ce ne sont pas toujours les entraîneurs qui sont mauvais...", glisse l'ancien international.
En bientôt 20 ans de professionnalisme, Grichting a eu le temps d'identifier les ingrédients qui font qu'une équipe fonctionne ou pas. "A Sion, avec les incessants mouvements de joueurs, c'est un perpétuel recommencement chaque saison, ou même chaque six mois. C'est alors très compliqué pour les joueurs, car ce dont ils ont le plus besoin, c'est de stabilité, de sécurité, de confiance. Vu de l'extérieur, c'est un gâchis car ce club est formidable. Mais il y a un malaise."
Dynamique fragile
Un malaise que vit au quotidien un joueur actuel de Sion qui préfère pour des raisons évidentes conserver l'anonymat. Incompréhension, divisions, peur, ras-le-bol, les Sédunois ont la tête à tout sauf au jeu, assure-t-il ainsi en substance. "Ici, il est très difficile de faire son travail", lâche-t-il encore.
"On ne gère pas un club de football comme n'importe quelle entreprise", affirme Zermatten qui, comme bon nombre d'observateurs et de personnes directement concernées, goûte peu les récurrents chantages aux salaires ou aux primes effectués par le président Constantin. "Les joueurs ne sont pas sereins", estime l'ancien coach.
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"Le problème n'est pas la trentaine de coach"
Christian Zermatten s'étonne que peu de joueurs qui débarquent en Valais depuis quelques saisons parviennent à s'y épanouir. "Nous avons vu arriver plusieurs très bons joueurs à Sion, Monterrubio, Saborio, Wüthrich, Margairaz, que le club n'arrive pas à mettre à l'aise. Quand ils repartent, on a l'impression qu'ils ne savent plus jouer. Le problème n'est pas la trentaine de coaches qui est passée sur le banc!"
Regard critique
Persuadé que Christian Constantin "aime le club", Zermatten pose toutefois un regard critique sur son ancien président. "Constantin n'est pas un homme de terrain, il n'a aucune formation d'entraîneur ou de technicien. C'est un grand président, quelque part un visionnaire. Mais il doit repenser son organisation et ne plus s'immiscer dans le travail du staff. Aujourd'hui, ce club doit se reconstruire techniquement. Ce doit être sa priorité, et pas de savoir s'il fait 6000 inscrits à la choucroute."