RTSsport.ch: Vous avez atterri à Young Boys pour vous relancer. Pourquoi ce choix?
GUILLAUME HOARAU: Quand je suis rentré de Chine, je n'avais plus joué depuis 4 mois. Je n'ai eu ensuite que 4 mois pour faire mes preuves à Bordeaux. C'était un peu juste, Malheureusement, il n'y avait pas le temps. Mais ça n'a pas été négatif Je suis allé à Bordeaux parce que mon fils Andrea (6 ans) habite là-bas. Le mercato ensuite a été très calme, j'ai failli signer à St-Etienne, mais ça ne s'est pas fait pour une raison que je ne communiquerai pas.
Après, je sais qu'il y avait eu des contacts avec Bâle car Streller allait peut-être partir. J'ai regardé ce que Young Boys avait fait ces dernières saisons, il y avait la Coupe d'Europe. Je n'avais pas non plus énormément de sollicitations et mon salaire posait problème, surtout en France. Il y a eu une opportunité à Young Boys. Je me suis dit pourquoi pas. En France, on s'est posé des questions car personne ne regarde le championnat suisse. Je suis content d'être là.
RTSsport.ch:
Quel statut avez-vous dans le vestiaire?
GUILLAUME HOARAU: Je ne sais pas, il faudrait leur demander. J'essaie de me faire ma place petit à petit. Parfois quand tu as des trucs qui viennent du coeur et que tu as envie de partager, il faut le dire en anglais, même si beaucoup parlent Français. Et les mots ne viennent pas forcément.
J'essaie par mon attitude d'apporter quelque chose de positif à l'équipe. Mon expérience peut jouer car l'équipe est jeune, surtout quand on perd. Il faut prendre le négatif sur nous. Le plus dur a été le match de Coupe (réd: élimination contre Buochs, équipe de 2e ligue inter) où on a été la risée de Berne. On avait bien réagi. On a l'équipe pour faire quelque chose de bien. On est une bonne équipe, mais pas encore une grande équipe.
"Si je me vois à l'Euro? La nuit, quand je dors"
RTSsport.ch: Vous avez signé un contrat jusqu'à la fin de la saison. Vous verriez-vous rester plus longtemps?
GUILLAUME HOARAU: Tout est possible dans le foot. En Chine, je devais rester trois ans et j'ai fait une année. Là, je reste jusqu'en juin et après on verra. Aujourd'hui, je peux le dire: tout va très vite. Je n'ai pas envie de penser à ce qui pourrait arriver. Pour l'instant, je m'investis dans un projet qui m'intéresse. Si Young Boys est satisfait de moi, pourquoi partir?
RTSsport.ch:
L'Euro 2016 en France est-il dans un coin de votre tête?
GUILLAUME HOARAU: J'y pense sans trop y penser. Dans un sens, j'y suis obligé car c'est mon métier. Ca serait un manque de respect vis-à-vis de ma profession de ne pas y penser.
Après je suis quelqu'un de très lucide. Il y a une hiérarchie. Si on fait le classement, je ne pense pas que mon nom y figurera. Il y a un moyen pour qu'on reparle de moi: être performant et marquer des buts. Tout peut aller vite, mais de là à dire que je me vois faire l'Euro. Quand je dors la nuit, oui (sourire).
"La route a été compliquée"
RTSsport.ch: Vous n'êtes pas l'option numéro un d'Uli Forte à la pointe de l'attaque de Young Boys. Cela vous frustre-t-il?
GUILLAUME HOARAU: Non, l'équipe avait repris depuis un bon mois quand je suis arrivé. J'avais fait une préparation individuelle mais je n'avais pas fait de match. Uli Forte prône un jeu dynamique avec du pressing. Pour ça, il faut être en bonne condition. J'ai bossé pour être "fit", je n'ai rien dit et j'attends mon heure.
On est une équipe, un joueur seul ne nous fera pas gagner. J'ai bien aimé ce rôle de joker car c'est le maximum que je pouvais faire. Mon cas a été très bien géré d'un point de vue physique. Il a fallu prendre le temps. Maintenant, j'espère poser des problèmes au coach lorsqu'il doit composer son équipe. Je suis prêt à commencer les matches.
RTSsport.ch: Qu'est-ce qui a changé entre le Guillaume Hoarau de La Réunion et celui d'aujourd'hui?
GUILLAUME HOARAU: La route a été compliquée, semée d'embûches et longue. Et elle l'est toujours car rien n'est jamais acquis. J'ai gagné en maturité, et encore. J'ai toujours eu ce recul sur tout qui me fait profiter du moment présent. Ce ne sont pas des mots en l'air, ce sont mes principes de vie. Aujourd'hui, je suis père de famille, et c'est ce qui me met un peu la pression. Si je dis des choses à mon fils, il ne faut pas que je les fasse. Les "conneries" de gamins, je ne peux plus les faire, malheureusement.
"Je ne sais pas jouer un rôle"
RTSsport.ch: Quels conseils donneriez-vous à un jeune footballeur en début de carrière?
GUILLAUME HOARAU: On est de passage. Il faut faire en sorte que ce passage, pour soi, soit le plus enrichissant possible, au niveau financier et au niveau des émotions. Car on ne vit pas qu'avec des souvenirs. Il faut laisser une bonne image car on a une famille, qui lit tout ce qui peut se raconter sur nous. On nous déroule le tapis rouge, à nous de faire en sorte qu'il reste rouge tout le long du chemin.
RTSsport.ch: Vous parlez beaucoup de l'image. Quelle image pensez-vous donner?
GUILLAUME HOARAU: Je ne sais pas si l'image que je donne est bonne, je l'espère. On ne peut pas plaire à tout le monde. Mais jouer un rôle, je ne sais pas faire. S'il y a une caméra, je vais être obligé de faire le con, je suis comme ça. Il y en a qui ne supportent pas de me voir car mes blagues ne sont pas marrantes et d'autres sont fans. J'ai pris ça comme un peu pour oublier le stress. En fait, c'est moi. Mais c'est quand même pas facile de faire le con à la télé (rires).
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- 1er volet
Guillaume Hoarau - 2e volet
Propos recueillis par Axel David - Twitter @axel_david7
Parcours de Guillaume Hoarau
Né le 5 mars 1984 à St-Louis (La Réunion)
Professionnel depuis 2003
Attaquant
2003-2008: Le Havre (91 matches, 38 buts)
2006-2007: Gueugnon (prêt, 23/9)
2008-2013: Paris Saint-Germain (161/56)
2013-2014: Dalian Aerbin/CHN (23/5)
2014: Bordeaux (17/3)
2014-...: Young Boys
5 sélections en équipe de France depuis 2010