Même s'il restera encore 17 matches après le déplacement à Vaduz dimanche, le FC Sion aurait tout intérêt à ne pas manquer sa reprise au Rheinpark. Car le neuvième de Super League se rendra ensuite au Parc St-Jacques pour y défier le leader bâlois, avant de recevoir St-Gall puis Lucerne, un autre concurrent direct -comme les Liechtensteinois- dans la lutte pour le maintien.
Avec sérénité
L'équipe de Didier Tholot devra donc rompre avec ses vilaines habitudes: depuis son retour dans l'élite en 2006, le FC Sion n'a pas remporté le moindre match (7 défaites, 1 nul) au sortir de la trêve hivernale. Plus inquiétant encore, il n'a pas même réussi à marquer lors de ces rencontres. Le défi qui attend le nouvel homme fort de Tourbillon, Didier Tholot, n'aura rien d'une sinécure. Mais le technicien français, qui a posé ses valises en Valais pour la quatrième fois, aborde ce deuxième tour avec sérénité.
Sa formation est certes jeune, mais peut compter sur le retour de son taulier Andris Vanins. Outre le gardien letton, rétabli de sa blessure au genou droit, les Sédunois seront renforcés par un autre routinier: Reto Ziegler. L'arrivée de l'international suisse devrait apporter un réel plus pour un club valaisan qui a souvent paru en manque de véritables leaders durant l'automne. Souriant, Tholot se montre en tous les cas confiant. Interview.
"Une excellente réponse du groupe"
RTSsport.ch: Comment s'est déroulée la phase de préparation hivernale?
DIDIER THOLOT: Le stage en Espagne (ndlr: à San Pedro del Pinatar du 12 au 22 janvier) s'est très bien déroulé. Nous avions de super conditions, tout à disposition pour bien travailler. A ce sujet, j'ai senti une excellente réponse du groupe, aussi bien des jeunes que des anciens. Ce que nous recherchions était bien là. La qualité de travail, l'investissement, la rigueur.
RTSsport.ch: Les retards (Carlitos, Cissé, Assifuah et Ramirez ne s'étaient pas présentés à temps à la Porte d'Octodure) ont donc vite été oubliés?
DIDIER THOLOT: Comme je l'ai toujours dit, ces retards ont finalement été une bonne chose pour moi. Ils m'ont permis d'instaurer des règles, de faire comprendre à tout le monde que la priorité était le groupe. C'est-à-dire qu'en arrivant en retard, on ne me met pas moi en difficulté, mais on manque à quelque part de respect à ses partenaires.
"L'équipe vit très bien ensemble"
RTSsport.ch: Vous parlez d'esprit d'équipe finalement. Est-ce que vous l'avez trouvé cet esprit-là à votre arrivée?
DIDIER THOLOT: Je trouve de plus en plus que ce groupe est en train de se former. Je ne veux pas du tout parler de la situation avant mon arrivée, cela ne m'intéresse pas. Ce qui m'intéresse c'est aujourd'hui. Et aujourd'hui, l'équipe vit très bien ensemble. Chacun a conscience qu'il aura sa chance.
RTSsport.ch: Outre l'arrivée de Reto Ziegler, avez-vous d'autres arrivées prévues?
DIDIER THOLOT: Nous en avons parlé oui. Nous aimerions encore un patron au milieu (Sion était en discussion avec GC pour Veroljub Salatic, mais cela n'a rien donné). Reto fait partie de ce type de joueurs également. A Chiasso, en amical, nous avons évolué avec sept jeunes. C'est bien, car cela amène de la générosité, de la fraîcheur. Mais nous avons besoin de cadres.
"Nous avons surtout travaillé sur l'équilibre de l'équipe"
RTSsport.ch: Il est souvent question des soucis d'efficacité du FC Sion. Est-ce qu'il y a eu un travail spécifique?
DIDIER THOLOT: Non. Pour l'instant, nous nous sommes surtout concentrés sur l'équilibre de l'équipe, qui était à mon sens quelque peu déficient. Mais il est vrai qu'il faut qu'on accentue le travail dans la zone de finition. L'important aujourd'hui est de se créer des occasions, ce que nous faisons, même s'il faut mieux les convertir. Jouer au foot, c'est avant tout défendre et attaquer ensemble. Ce que je veux en priorité, c'est que nous jouions l'un avec l'autre et non pas l'un à côté de l'autre.
RTSsport.ch: Un match déjà important vous attend le dimanche 8 février à Vaduz.
DIDIER THOLOT: Oui, il est important. Mais il en reste 17 ensuite. Il faut rester humble. Lorsqu'une équipe est neuvième, c'est qu'elle mérite de l'être. A nous d'avoir le bon comportement et de nous donner les moyens de grappiller quelques places.
RTSsport.ch: Votre objectif premier est clairement le maintien...
DIDIER THOLOT: Oui, oui.
"L'intérêt de tous est dans le maintien"
RTSsport.ch: On imagine volontiers pourtant qu'en Valais, on vous parle beaucoup de la Coupe de Suisse.
DIDIER THOLOT: Oui, mais comme je l'ai dit à mes joueurs. Je veux que nous ayons le même langage, l'intérêt du club aujourd'hui est de se sauver. C'est l'intérêt de tous, des joueurs, des employés, des fans. La Coupe, nous en parlerons durant le laps de temps entre le match de championnat et celui de Coupe (quart de finale face à Aarau le 4 mars à Tourbillon).
RTSsport.ch: Pourquoi finalement être revenu à Sion, mettre en péril l'image très positive que vous y avez laissé lors de vos précédents passages?
DIDIER THOLOT:
J'ai toujours fonctionné comme cela. Avec Christian (Constantin), il y a un respect mutuel. La dernière fois, nous n'étions pas d'accord, je suis parti. Ce qui ne veut pas dire que nous étions fâchés. Là, le timing était parfait. Est-ce le destin? Je ne sais pas (sourire). On me propose de reprendre Bastia après Claude Makelele, ce que je refuse.
Car je suis quelqu'un d'honnête, je suis venu avec lui (comme assistant), donc je ne pouvais accepter. Et Christian cherchait un entraîneur, voilà. Mais oui, j'aurais pu rester à la maison. Je garde en Valais une image plutôt positive en raison du maintien, du succès en Coupe de Suisse (2009). Donc oui, je me mets en danger à quelque part. Mais je suis un mec qui aime bien cela (rires).
"Nous avons les moyens de nous sauver"
RTSsport.ch: Christian Constantin a dit (cf. encadré) que le Didier Tholot de maintenant était plus mûr que celui d'auparavant. Vous êtes d'accord?
DIDIER THOLOT: Oui, certainement. La première fois, j'étais joueur (1997-1998). La deuxième, entraîneur-joueur (2003-2004). La troisième, comme entraîneur mais avec peu d'expérience (2009-2010). Aujourd'hui, je sais exactement ce que je veux.
RTSsport.ch: Pour finir, êtes-vous confiant? Le FC Sion a-t-il les armes pour sauver sa place en Super League?
DIDIER THOLOT: Oui, je pense sincèrement que nous en avons les moyens. Mais je vais également me montrer réaliste. Vous avez beau bossé comme un malade durant quatre semaines, il n'y a qu'une chose qui vient valider cela, ce sont les résultats sur le terrain. Et pour cela, il faudra que nous ayons la haine de la défaite. Il ne faut pas se tromper d'objectif. Ce n'est pas 'je vais être bon et on verra pour les résultats de l'équipe'. Si collectivement, nous avons des résultats, chacun des joueurs sera doublement valorisé. Lorsqu'on recrute, on ne va pas chercher un joueur même s'il est bon chez le neuvième. On aura plutôt tendance à aller chercher un joueur même un peu moins fort chez le troisième ou le quatrième.
Propos recueillis par Ludovic Perruchoud
Sujet sur le FC Sion à voir dans l'émission Sport Dimanche du 8 février
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Entretien avec Christian Constantin
Sur la première partie de saison. On a eu la malchance de devoir composer avec des blessés importants. Andris Vanins, le meilleur gardien de la saison dernière, et Beg Ferati, jugé je crois comme le meilleur défenseur de l'année dernière par l'équipe du Blick. Cela nous a déstabilisé un peu. On a trop couru après le score en encaissant rapidement dans les matches. Et forcément au niveau du jeu, cela se ressent.
Sur la phase de préparation hivernale. Il y a une vraie éclosion qui se fait, si tu veux. Il y a sept joueurs des M21 qui sont en train de passer l'épaule. Chadrac (Akolo, 19 ans) et Edimilson (Fernandes, 18 ans) qui bousculent un peu les plus anciens.
Sur le manque d'identité de l'équipe. Le problème est que les gens aimeraient voir des noms valaisans. Mais les garçons qui sont nés ici n'ont plus forcément des noms d'ici. Ils sont formés au FC Sion. Ce sont les nouveaux enfants de chez nous.
Sur les critiques concernant sa gestion. Il y a une étude universitaire qui a été faite et dans laquelle on voit que je suis l'individu suisse qui a investi le plus d'argent dans le sport. Globalement, sur tous les budgets qui ont été faits lorsque j'étais président et qui avoisinent les 500 millions de francs, j'ai investi près de 15% de cette somme.
Sur Didier Tholot. Je l'ai eu comme joueur, comme joueur-entraîneur, comme entraîneur et je le récupère maintenant quatre ans après cette dernière expérience. C'est un vrai leader, qui arrive pleinement à maturité je pense.
Sur les objectifs du FC Sion. On va prendre les choses les unes après les autres. Là, il faut bien commencer le deuxième tour. Et faire des points avant la venue d'Aarau pour la Coupe de Suisse et après, on verra le reste.
Propos recueillis par Ludovic Perruchoud avant l'émission Sport Dimanche du 1er février.