Au premier abord, le jeune homme de 24 ans semble d'un calme olympien. Sa voix est posée, ses propos mesurés, son regard doux. Tout en lui, ou presque, dégage quelque chose d'apaisant. Mais il ne faut pas s'y tromper, aussi paisible qu'il puisse paraître le défenseur d'Hoffenheim a l'âme guerrière. Puissant dans les duels, il a donné à l'équipe de Suisse un impact souvent décisif dans la surface.
Face à l'Albanie, il a devancé le portier Etrit Berisha sur un corner de Xherdan Shaqiri pour inscrire son sixième but sous le maillot rouge à croix blanche. Six buts, vingt-et-une sélection, soit quasiment un but tous les trois matches. Fou pour un central.
"Ce but arrive sur un coup de pied arrêté", énonce-t-il. "On sait à quel point ces situations sont importantes et on en a déjà marqué quelques-uns sur ce type de balles. Sur ce corner, "Shaq" (ndlr: Xherdan Shaqiri) fait un super centre. J'arrive à me libérer du marquage, je crois que le défenseur glisse un peu, et je frappe".
Simplicité et humilité
L'explication est simple, sans chichi, empreinte d'une sincère humilité. Elle est à son image. Absent de la zone mixte la veille en raison d'un contrôle antidopage, le buteur s'est proposé spontanément pour la conférence de presse de dimanche à la Mosson. Une disponibilité tout à son honneur.
Car une telle agilité, une telle vista devant le but adverse est plutôt rare à son poste et aurait de quoi gonfler plus d'un ego. Le no 22 de la Suisse est ainsi plus efficace que tous ses coéquipiers, à l'exception de Shaqiri. A titre comparatif, Haris Seferovic a fait trembler les filets sept fois en trente-et-une rencontres.
Mais sa capacité à forcer la décision sur les balles arrêtées n'est pas sa seule qualité, il sait soigner ses relances à un tel point qu'il a été l'un des meilleurs passeurs décisifs de la formation de Vladimir Petkovic durant les qualification pour le tournoi français.
Le défenseur n'est pas maladroit non plus dans le difficile exercice du penalty. Il avait ainsi marqué un tir au but lors de la demi-finale aller d'Europa League de son ancien club, le FC Bâle, face à Chelsea le 25 avril 2013. Hormis quelques absences coupables en défense, il se montre plutôt solide.
Une première saison difficile
On l'aura compris, le St-Gallois a tout pour lui jusqu'à son physique qui n'est pas pour déplaire à certaines groupies. Mais, il n'en sort pas moins d'une saison pour le moins chaotique. Transféré du FC Bâle au 1899 Hoffenheim l'été dernier pour quelque cinq millions d'euros, Schär n'a pas connu le même succès immédiat qu'au FCB.
"C'est un nouveau défi à Hoffenheim, une nouvelle situation. A Bâle, nous voguions de succès en succès. Là, nous nous sommes battus contre la relégation jusqu'au bout. Mes prestations n'étaient pas bonnes. J'ai dû me battre. Les choses se sont améliorées pour le club et pour moi avec le nouveau coach (Julian Nagelsmann, dès février)". Il y a fort à parier, qu'avec un bon Euro - et il est bien parti pour cela - Schär abordera la prochaine saison en confiance et pourra acquérir un nouveau statut en Bundesliga.
Montpellier, Ludovic Perruchoud - Twitter @LPerruchoud
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Albanie - Suisse, tops helvétiques
YANN SOMMER (gardien): hormis une petite frayeur en début de rencontre, le portier du Borussia Mönchengladbach a tout fait juste. Il a remporté son duel face à Armando Sadiku à la 32e minute, puis a réussi une remarquable parade devant Shkelzen Gashi, parti seul en direction de la cage helvétique à la 87e. Le cerbère a également capté plusieurs corners qui ont permis à l'équipe de souffler.
VALON BEHRAMI (milieu défensif): inusable, le joueur de Watford a rendu une copie propre. Meilleur albanophone sur la pelouse, il a su faire fi des copieux sifflets à chacune de ses prises de balles. Le Tessinois a également récupéré nombre de ballons et a soigné ses relances. Il a fait preuve de solidité, d'efficacité et de constance durant toute la rencontre.
FABIAN SCHÄR (défenseur central): après avoir inscrit son sixième but sous le maillot national, le défenseur d'Hoffenheim s'est révélé le plus à son affaire dans l'arrière-garde suisse. Il a surgi nombre de fois pour dégager les centres albanais avec beaucoup d'autorité. Le seul regret réside dans son placement sur l'action de Shkelzen Gashi en fin de rencontre. Elle aurait pu coûter deux points à la Suisse.
Albanie - Suisse, flops helvétiques
XHERDAN SHAQIRI (milieu offensif): transparent, le "chouchou" de Vladimir Petkovic n'a existé que l'espace d'un corner dans ce match, celui qu'il a servi sur un plateau à Fabian Schär. Il s'est ensuite éteint et a été le plus décevant côté suisse. Le milieu de Stoke City est sans conteste celui qui a le plus souffert du contexte et de ces émotions par lesquelles il s'est visiblement laissé submerger.
JOHAN DJOUROU (défenseur central): le Genevois d'Hambourg a offert quelques jolies frayeurs au public suisse du stade Bollaert-Delelis. Sur son placement à la 32e tout d'abord, qui a permis à Armando Sadiku de s'en aller seul au but. Sur quelques relances un peu hasardeuses par la suite. Le central a déjà réussi de bien meilleurs matches avec la Suisse.
HARIS SEFEROVIC (attaquant): l'attaquant de l'Eintracht Francfort a eu le mérite d'essayer, toutefois, dans une telle compétition, manquer quatre occasions de marquer est forcément rédhibitoire. La Suisse se cherche un "tueur" dans le rôle du buteur, ce n'est pas nouveau, mais force est de constater que Seferovic ne répond pas à ce manque au sein de la sélection pour le moment.
UEFA Euro 2016, groupe A
France - Roumanie 2-1 (0-0)
Albanie - Suisse 0-1 (0-1)
Roumanie - Suisse 15.06 18h00
France - Albanie 15.06 21h00
Roumanie - Albanie 19.06 21h00
Suisse - France 19.06 21h00
Classement (11.06)
1. France 1/3
2. Suisse 1/3
3. Roumanie 1/0
4. Albanie 1/0