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L'Allemagne voudra monter en puissance, la Suisse franchir le cap

Thomas Müller et Toni Kroos: pour les deux géants, l'Euro 2024 est le dernier tour de piste international. [KEYSTONE - FRIEDEMANN VOGEL]
Thomas Müller et Toni Kroos: pour les deux géants, l'Euro 2024 est le dernier tour de piste international. - [KEYSTONE - FRIEDEMANN VOGEL]
Le groupe A ouvre la compétition le vendredi 14 juin avec le pays-hôte, l'Allemagne, qui cherchera à grappiller des points et des certitudes avant de viser plus haut. La Suisse, qui rêve des 8es de finale, luttera surtout avec la Hongrie et l'Ecosse pour tenter de composter son billet pour la phase finale. Pas si simple!

La Mannschaft est une énigme. A l’ouest depuis plusieurs années maintenant, avec des éliminations d'emblée aux Coupes du monde 2018 et 2022 et un Euro 2020 assez fade (8es de finale), elle a toutefois signé deux résultats probants en début d’année (victoires avec la manière contre la France et les Pays-Bas), qui ont changé les regards qui se portent sur elle ainsi que sa propre dynamique. Suffisant pour la considérer comme favorite de "son" Euro? Non. Mais assez pour l’imaginer boucler aisément sa phase de poules, en terminant en tête du groupe A et ainsi s’élargir le champ des possibles.

Parce que oui, malgré quelques cadres vieillissants, des jeunes qui manquent peut-être encore un peu de mordant sur le papier et l’absence d’un véritable "9", demeurent de sérieux arguments dans la sélection de Julian Nagelsmann, qui se verra qui plus est poussée par tout un peuple, dans une ambiance qu'on imagine (et qu'on espère) comparable à celle du mémorable Mondial 2006.

Un tremplin pour l'Allemagne

Pour les Allemands, la première phase devrait être une passerelle pour monter en puissance et éventuellement grappiller quelques certitudes, avant de voir plus loin, plus haut et plus fort. C’est derrière le pays-hôte que ce groupe A sera à surveiller de près, puisque la Hongrie, l’Ecosse et la Suisse paraissent si égales que tout est ouvert pour la 2e place. Toutes trois chercheront l’exploit contre la Mannschaft, avec toutefois le sentiment que ce seront les confrontations directes avec leurs deux autres adversaires qui feront la différence. Et l’idée qu’au petit jeu du marquage à la culotte, la 3e place ne sera peut-être pas forcément synonyme d’accession aux 8es de finale, dans ce groupe...

La Suisse se verrait bien dauphine de Toni Kroos et Cie. Mais il lui faudra notamment pour cela appuyer sur le champignon dès son entrée en lice, le 15 juin à 15h00, face à une Hongrie qui paraît un poil plus solide que l’Ecosse. Il y a 3 ans, un nul contre le Pays de Galles puis une déculottée subie face à l’Italie n’avaient pas empêché Sommer et Cie de poursuivre leur route et d’écrire une jolie page, mais le droit à l’erreur sera plus restreint cet été, d’autant plus avec un ultime match de poule contre l’Allemagne.

Euro 2024: les adversaires de la Suisse dans le Groupe A
Euro 2024: les adversaires de la Suisse dans le Groupe A / Sport dimanche / 1 min. / le 9 juin 2024

Hongrois et Ecossais n'ont rien à envier à la Suisse

Les Hongrois, tout comme les Ecossais, n’ont rien à envier à la troupe de Murat Yakin. Guidés par Dominik Szoboszlai (Liverpool), les premiers s’appuient notamment sur une arrière-garde solide (le portier Peter Gulacsi, le défenseur Willy Orban). Invaincue depuis 14 rencontres avant la préparation pour cet Euro, la troupe de Marco Rossi bénéficie de l’expérience de l'édition 2020, où elle avait notamment accroché la France et mené la vie dure à… l’Allemagne et au Portugal.

L’Ecosse, elle, nous rappelle une sélection que l’on connaît bien, puisqu’elle aussi défend plutôt pas mal mais manque de finisseurs. Cette équipe sans véritable star mais qui fait preuve d’une solidarité à toute épreuve a néanmoins réalisé une campagne qualificative de belle facture en faisant longtemps jeu égal avec l’Espagne, qu’elle avait notamment battue 2-0 en début de parcours. Parmi ses joueurs les plus connus, citons Andy Robertson (Liverpool), Kieran Tirney (Real Sociedad) et Scott McTominay (Manchester United). Ils formeront une menace tant pour la Suisse que pour la Hongrie. Des débats que les Allemands devraient observer de plus loin. A moins que…

Arnaud Cerutti

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"La Suisse doit éviter la Bérézina"

Actuel sélectionneur de la Centrafrique, passé également par Neuchâtel Xamax et le FC Sion, Raoul Savoy, consultant RTS sport se penche sur ce groupe A.

Quid de la Suisse? "Pour elle, cette poule me fait un peu penser à celle de l'Euro 1996, et le contexte est similaire: il va falloir éviter la Bérézina! Donc victoire capitale contre la Hongrie pour se rassurer, comme face au Cameroun lors de la dernière Coupe du monde. Parce qu'on sait que l'Ecosse ne convient pas aux Helvètes et que battre l'Allemagne à domicile, dans le 3e match, sera compliqué."

La plus grande peur? "C'est la rencontre avec les Ecossais qui me fait beaucoup de souci. Je ne suis pas sûr que l'état d'esprit et la mentalité de la Suisse actuelle lui permettent de résister à l'engagement total de cette équipe. La troupe de Yakin est-elle vraiment prête pour de grosses bagarres?"

Et que penser de l'Allemagne? "La Mannschaft devrait sortir facilement de ce groupe, mais je ne la vois pas du tout favorite de cet Euro. Oui, le public peut la pousser un peu, mais pas suffisamment pour aller au bout du tournoi."

Quatre joueurs à suivre

Toni Kroos (Allemagne): l'incroyable joueur du Real Madrid, peut-être pas pleinement reconnu à sa juste valeur, s'apprête à raccrocher ses crampons. Mais il veut le faire dignement, en sortant par la grande porte, contrairement à son ancien entraîneur en Espagne Zinédine Zidane. Avec un titre? Il l'espère si fort.

Lawrence Shankland (Ecosse): on aurait pu parler de McTominay, Robertson ou tant d'autres, mais Lawrence Shankland (28 ans) mérite mention. L'attaquant de Heart arrive à maturité, comme le prouve sa saison à 21 buts. Et si c'était lui le vrai point fort écossais?

Dominik Szoboszlai (Hongrie): auteur d'un exercice pas franchement incroyable à Liverpool, son premier en Angleterre, Szoboszlai est très attendu par les Hongrois. Capitaine courage, il dit avoir les épaules pour aller loin et rêve d'emmener son pays en phase à élimination directe.

Granit Xhaka (Suisse): souvent décevant sous le maillot national eu égard à ce que certains disent de lui, Granit Xhaka dispose en Allemagne, son terrain de jeu préféré, de la scène pour enfin donner une autre dimension à son pays, ceci au sortir d'une grosse saison en club. Mais y parviendra-t-il enfin?