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La Belgique peut sereinement viser les 8es de finale

Kevin De Bruyne doit se muer en éclaireur du jeu belge si les "Diables Rouges" entendent aller loin dans cet Euro. [KEYSTONE - OLIVIER MATTHYS]
Kevin De Bruyne doit se muer en éclaireur du jeu belge si les "Diables Rouges" entendent aller loin dans cet Euro. - [KEYSTONE - OLIVIER MATTHYS]
Opposée à la Slovaquie, la Roumanie et l'Ukraine, la Belgique dispose d'un groupe très à sa portée, qui lui permet de viser clairement la phase à élimination directe. Mais les "Diables Rouges" devront pour cela montrer un autre visage qu'à la Coupe du monde 2022.

La Belgique, dit-on, a eu une génération dorée. Celle-ci n’a pourtant rien gagné, et son leader, Eden Hazard, a fini par ranger ses crampons, usé après avoir tant donné dans son couloir, au sortir d’une Coupe du monde 2022 calamiteuse. Cela ne suffit toutefois pas à empêcher les "Diables Rouges" de partir largement favoris de ce groupe E.

Eux qui ont survolé leur campagne éliminatoire et sont partis sur d’autres bases avec un nouveau sélectionneur, Domenico Tedesco, envisagent en effet de réussir au moment où plus grand monde ne les attend, en profitant pleinement de l’effet de surprise, ceci malgré les petits soucis physiques de leur leader, Kevin De Bruyne. Cette poule leur offre un boulevard pour monter en puissance. D’une part car leur solidité défensive épate et, d’autre part, car l’offensive n’est justement pas le point fort de leurs trois adversaires, la Slovaquie, la Roumanie et l’Ukraine.

Un séduisant mélange

L’impatience guette la sélection du Plat Pays. "On parle entre nous, on s’entraîne, on regarde beaucoup de vidéos depuis quelques jours, mais là j’ai vraiment hâte que l’on débute cette compétition, qu’on y aille avec le sourire, avec l’envie de bien faire", pose Tedesco, qui vivra sa première grande épreuve internationale. Avec, enfoui au fond de lui, le sentiment qu’il y a quelque chose à faire avec son escouade, qui mêle éléments d’expérience (De Bruyne, Vertonghen, Lukaku, Witsel…) et étoiles montantes (Doku, Openda, De Ketelaere…). Ce mélange, qui a fait défaut par le passé, pourrait être l’un des atouts des Diables cet été.

La première place étant promise à la Belgique, il apparaît, comme dans d’autres groupes, que la bataille pour les autres tickets qualificatifs (ou l’autre…) sera particulièrement enthousiasmante. Même si, sur le papier, les duels entre Slovaques, Roumains et Ukrainiens ne font peut-être pas rêver, le terrain de jeu pourrait révéler autre chose.

La Slovaquie, qui disputera pour la première fois une compétition sans son joueur emblématique Marek Hamsik sur le terrain - l'ex-capitaine est désormais retraité et sélectionneur-assistant - a réussi une bonne campagne éliminatoire, achevée sur les talons du Portugal. Mais elle manque de leaders, son capitaine Milan Skriniar sortant qui plus est d’une saison compliquée avec le PSG. Le sélectionneur Francesco Calzona tentera néanmoins de s’appuyer sur le Parisien d'adoption, sur les anciens Juraj Kucka (Slovan Bratislava) et Peter Pekarik (Hertha Berlin), ainsi que sur les mercenaires Ondrej Duda (Hellas Vérone) ou Stanislav Lobotka (Naples). Le but: se hisser en 8es de finale.

La mission de la Roumanie

Mais la Roumanie et l’Ukraine ont aussi le droit d’avoir des objectifs. Les premiers cités ont enlevé le groupe de la Suisse, sans un football chatoyant certes, mais en se montrant assez intransigeants sur le plan défensif. Et il n’a certainement pas échappé au sélectionneur Edward Iordanescu que trois matches nuls peuvent conduire à un titre européen (souvenez-vous du Portugal en 2016)… Reste que ses hommes, qui entameront leur tournoi devant l’Ukraine, viseront mieux que trois points. Radu Dragusin (Tottenham), Ianis Hagi (Alaves) et le capitaine Nicolae Stanciu (Damac) auront pour mission de hisser leurs couleurs dans un 8e de finale historique, puisque jamais les Roumains n’ont franchi le cap de la phase de groupes dans un Euro.

Sortie des barrages, l’Ukraine veut pour sa part faire au moins aussi bien qu’il y a trois ans (quart de finale perdu contre l’Angleterre). En mission, en se serrant les coudes, les Yaremchuk (Valencia), Yarmolenko (Dynamo Kiev), Tsygankov (Gérone) et autre Zinchenko (Arsenal) peuvent dessiner un exploit. A condition de trouver un punch offensif qui leur a considérablement manqué ces dernières années.

Arnaud Cerutti

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"Je vois mal les "Diables Rouges" se rater dans cette poule"

Actuel sélectionneur de la Centrafrique, passé également par Neuchâtel Xamax et le FC Sion, Raoul Savoy, consultant RTS sport se penche sur ce groupe E.

Une formalité pour les Belges? "A mon sens en effet, la Belgique ne devrait pas avoir trop de mal à prendre la première place de ce groupe. Même si, comme les Espagnols, ils semblent dans une phase de transition, sans que l'on ne sache vraiment où ils en sont, je vois mal les "Diables Rouges" se rater dans cette poule. C'est en revanche plus loin dans la compétition que des questions se posent pour eux, car ils peuvent tout aussi bien réussir un grand Euro que vivre un gros bide."

Un groupe particulier? "Il y a mine de rien pas mal de qualité technique dans ce groupe, de vrais joueurs de ballons. Ca pourrait être la poule la plus prolifique de cet Euro. Je la vois riche en buts."

Un favori derrière les Belges? "Non. A mon avis, tant la Roumanie que la Slovaquie ou l'Ukraine peuvent accompagner les Belges en 8es de finale. Au moins, ça a le mérite d'être très ouvert. Ce qui promet!"

Quatre joueurs à suivre

Kevin De Bruyne (Belgique): blessé au printemps, "KDB" est revenu dans les temps pour illuminer le jeu belge. Lui, l'un des derniers représentants de la pseudo génération dorée, se doit d'orienter les "Diables" dans la bonne direction. Son coup d'oeil et son sens de la passe peuvent animer l'Euro.

Ianis Hagi (Roumanie): le fils du mythique Gheorghe a retrouvé du temps de jeu en Espagne et, avec son no10 sur le dos, doit être l'inspirateur d'une Roumanie désireuse d'écrire sa propre histoire. "Nos aînés ont montré la voie", dit-il. A lui d'être la boussole de la génération 2024.

Milan Skriniar (Slovaquie): sa saison mi-figue mi-raisin au PSG ne change rien à son statut en équipe nationale. Skriniar, l'ancien de l'Inter, est le leader de sa sélection. En ce sens, il doit propulser son équipe jusqu'en 8es de finale.

Mykhailo Mudryk (Ukraine): acheté à prix d'or par Chelsea mais réglé sur courant alternatif à Londres, Mudryk provoque des sentiments contraires. D'aucuns louent un potentiel encore inexploité. D'autres parlent d'un joueur clairement surcoté. Où se situe la vérité? L'Euro pourrait donner une réponse.