La fameuse question revient: tiens, et si c'était l'année de l'Angleterre?
Tiens, et si c’était l’année de l’Angleterre? Ils sont quelques-uns à commencer à se poser sérieusement la question. Cinquante-huit ans après sa quête de la Coupe du monde 1966 à domicile, la "Three Lions" aspire toujours à retrouver les sommets de quelque chose, mais jusqu’ici toutes ses générations, même les présumées dorées, se sont cassé les dents. La nouvelle volée, incarnée par Jude Bellingham, espère faire souffler un vent nouveau sur le football anglais, en commençant par marquer les esprits dans sa phase de poules.
Pour entamer ce tournoi, la troupe de Gareth Southgate est tombée dans un groupe correct, ni trop relevé ni trop faible, idéal semble-t-il pour lui permettre de se mettre en jambes avant une phase finale qui s’annonce a priori plus pimentée. Moins de deux ans après son élimination contre la France en quarts de finale du Mondial 2022 dont elle dit avoir beaucoup appris, l’heure est venue pour elle de convertir l’essai. Sauf qu’on ne parle pas de rugby et que ses dernières sorties n'ont guère été étincelantes.
Les détracteurs de Kane
Sur le terrain de jeu, c’est surtout offensivement que les Anglais devront passer la vitesse supérieure. Eux qui, lors de l’Euro 2020, n’avaient encaissé que deux buts mais n’étaient pas parvenus à battre l’Italie en finale doivent effectuer un saut de qualité dans ce domaine. Leurs détracteurs diront qu’avec Harry Kane dans l’équipe, aucun titre ne peut arriver au bout de l’aventure, mais le malheureux attaquant du Bayern Munich reste un formidable réalisateur. Avec à ses côtés des éléments comme Bellingham, Phil Foden ou encore Bukayo Saka, on se dit qu’il y a de quoi faire. Mais on sait que cette sélection a un mental fragile...
Dans cette poule, les vice-champions d’Europe devront d'ailleurs être assez rapidement à niveau, car la Serbie, le Danemark et la Slovénie ne s’offriront pas en victimes expiatoires. Ce sont les Vikings qui se posent en contradicteurs principaux. Demi-finalistes du dernier Euro, Christian Eriksen et ses partenaires restent sur une Coupe du monde ratée mais ont des envies de revanche. Après avoir fini en tête de leur groupe éliminatoire, portés notamment par les 7 réussites de Rasmus Hojlund, ils visent la phase à élimination directe, en sachant que tout peut arriver ensuite.
La Slovénie, vent dans le dos?
La Serbie et la Slovénie paraissent de leur côté moins bien outillées que le Danemark, mais attention tout de même! La sélection de Dragan Stojkovic n’a guère été brillante en éliminatoires et, à l’exception de Dusan Vlahovic, ses cadres sont vieillissants. Elle reste tout de même en mesure d’enquiquiner n’importe qui, même si son mental n’est - à elle non plus - pas son point fort, comme on l’avait vu lors du dernier Mondial. Revenue dans le concert européen 24 ans après la belle génération de Zlatko Zahovic, la Slovénie a pour sa part bien envie d’endosser le costume de poil-à-gratter. Plutôt solide défensivement, elle dispose d’un gardien de premier plan (Jan Oblak) et d’un attaquant qui incarne autant le présent que l’avenir, Benjamin Sesko (RB Leipzig). Sans compter que le fascinant retour au jeu de Josip Ilicic (ex-Atalanta Bergame) pourrait transcender tout un groupe. Forcément intéressant.
Arnaud Cerutti
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"Un groupe piégeux pour les Anglais"
Actuel sélectionneur de la Centrafrique, passé également par Neuchâtel Xamax et le FC Sion, Raoul Savoy, consultant RTS sport se penche sur ce groupe C.
La tête de la poule pour l'Angleterre? "Je ne pense pas que cela sera si évident pour les Anglais! Cette poule ressemble fort à un groupe piège, car leurs trois adversaires peuvent leur poser des problèmes. Ils devront donc batailler pour finir en tête. Pour éviter les écueils, il faudra que les vice-champions d'Europe soient tout de suite très bien dans leur tournoi, ce qui n'est pas simple."
Quel adversaire le plus dangereux? "Tous peuvent enquiquiner l'Angleterre. Les Danois forment une très belle équipe et sont toujours compliqués à manoeuvrer, les Serbes vont proposer un gros défi physique et les Slovènes n'auront rien à perdre. Ces trois ont les capacités à pousser l'Angleterre à passer à côté. Les hommes de Southgate devront sortir les muscles."
Un mot sur Jude Bellingham? "Pour que l'Angleterre aille loin, il faudra que Jude Bellingham, joueur fantastique, soit à la hauteur de l'événement. Je l'en crois capable. Si cette poule se passe bien pour son pays, alors Bellingham sera le grand bonhomme de cet Euro."
Quatre joueurs à suivre
Phil Foden (Angleterre): il y a Bellingham bien sûr, Kane aussi, mais Phil Foden pourrait détenir entre ses pieds les clefs de la réussite anglaise. Auteur d'une saison fantastique avec City (28 buts, 16 assists), le joueur de 24 ans se présente à cet Euro dans les meilleures dispositions.
Rasmus Hojlund (Danemark): sa saison avec Manchester United n'a guère été flamboyante, mais, en tant que meilleur buteur de son pays lors des éliminatoires, Rasmus Hojlund porte pas mal d'espoirs sur les épaules. A lui de répondre!
Dusan Vlahovic (Serbie): avec ses camarades Mitrovic et Tadic, Dusan Vlahovic incarne - sur le papier - un trio offensif de folie pour la Serbie, mais cela ne se traduit pas encore sur le terrain. Néanmoins, l'attaquant de la Juventus, courtisé par les plus grands clubs du continent, a un talent fou. L'Euro lui offre une scène parfaite pour exploser.
Josip Ilicic (Slovénie): révélé à l'Atalanta avant le Covid, puis retiré des terrains en raison d'une très grosse dépression, Josip Ilicic (36 ans) a retrouvé la sélection juste avant l'Euro et a même marqué! Son retour sous les drapeaux pourrait transcender tout un peuple et être la fabuleuse histoire de cette compétition.