"La Suisse a livré une prestation vraiment laborieuse et certains de ses leaders ont été en dessous..."
RTSsport.ch: Sébastien Roth, une bonne nouvelle: la Suisse est quasi qualifiée pour les 8es de finale. Une mauvaise: on a retrouvé la Suisse d'avant l'Euro...
SEBASTIEN ROTH: (rires) Oh que cela a été laborieux! Cette 2e mi-temps n'a pas du tout ressemblé à ce à quoi je m'attendais à la pause, alors que la Suisse avait semblé avoir pris la main sur le match à partir de l'égalisation. Honnêtement, les Helvètes peuvent être contents d'avoir pris un point, car les vraies grosses occasions ont été pour l'Ecosse. Ils ont eu de la chance, mais le principal était il est vrai de ne pas perdre!
RTSsport.ch: Avez-vous été surpris en découvrant le onze aligné par Murat Yakin?
SEBASTIEN ROTH: Non, pas spécialement. Déjà parce qu'on connaît l'animal (rires) et surtout parce qu'on sait qu'on ne peut pas aller battre les Ecossais dans les airs. Il fallait miser sur le jeu au sol, sur la verticalité, et mettre de la vitesse. Seulement, on ne pensait peut-être pas que les Suisses allaient avoir un tel déchet technique. C'était très faible.
Ca a été surprenant de voir les Suisses pareillement dépassés devant l'impact physique des Ecossais.
RTSsport.ch: Il paraissait clair que les Ecossais allaient venir très fort, surtout dans le premier quart d'heure. Mais paradoxalement, les Suisses ont semblé surpris...
SEBASTIEN ROTH: C'était étonnant, en effet. Mais peut-être qu'ils ont pensé qu'après avoir pris la tempête contre l'Allemagne, l'Ecosse allait être plus défensive encore, plus prudente... Je ne sais pas, mais c'est vrai que ça a été surprenant de voir les Helvètes être ainsi dépassés par l'impact adverse.
RTSsport.ch: N'y avait-il pas aussi un peu d'arrogance, notamment chez les supporters, avant ce match?
SEBASTIEN ROTH: Oui, très certainement, et c'est curieux, car on sait pertinemment que l'Ecosse n'ayant jamais vraiment convenu à la Suisse, la prudence aurait dû être de mise. Cela étant, je ne pense pas que c'était le cas chez les joueurs, qui savaient très bien qu'il fallait se méfier de cet adversaire.
Granit Xhaka n'était vraiment pas là. Fabian Schär non plus. La Suisse a été un peu abandonnée par ses leaders, exception faite de Manuel Akanji.
RTSsport.ch: Reste que les leaders sont globalement passés à côté...
SEBASTIEN ROTH: Tout à fait. Granit Xhaka n'était vraiment pas là. Fabian Schär non plus. La Suisse a été un peu abandonnée par ses leaders, exception faite de Manuel Akanji, qui a véritablement tenu la baraque derrière. Techniquement, les Suisses ont été très faibles. Et comme les Ecossais ne sont pas non plus des génies techniques, je pense que la personne neutre qui a regardé ce match a dû se dire que ce n'était vraiment pas fameux...
RTSsport.ch: Quid des points positifs?
SEBASTIEN ROTH: Déjà le fait de ne pas avoir perdu et donc d'être quasiment en 8es de finale. Puis le match de Dan Ndoye, toujours intéressant. Il est le seul à avoir été souvent dangereux, il a beaucoup bougé, il a essayé d'animer un maximum l'offensive suisse. Il m'a plu.
On peut dire beaucoup de choses sur Xherdan Shaqiri, mais il n'y a que lui dans cette équipe pour faire tourner un match sur un geste. Et quel geste!
RTSsport.ch: Et encore une fois, comme depuis quasi 15 ans, Xherdan Shaqiri en libérateur, seul joueur suisse à pouvoir faire ça...
SEBASTIEN ROTH: Oui, c'est exactement ça. On peut dire beaucoup de choses sur Xherdan, mais il n'y a que lui dans cette équipe pour faire tourner un match sur un geste. Et quel geste! Il a une qualité de frappe qu'on ne peut pas lui enlever, une aisance technique bluffante aussi. Sur le fond, il a toujours été un super joueur, mais d'autres paramètres entrent en jeu dans une carrière...
RTSsport.ch: A quoi faut-il s'attendre dimanche contre l'Allemagne?
SEBASTIEN ROTH: A un 11 de base encore changé par Murat Yakin (rires)! Plus sérieusement, je pense qu'il faudrait remettre Kwadwo Duah, par exemple. Mais l'adversaire sera différent, aussi. Vu comme ça, le jeu allemand pourrait mieux convenir à la Suisse, mais la vitesse de la Mannschaft peut faire très mal à cette Suisse-là. Tu ne peux de toute manière pas jouer la même chose contre les Allemands que contre les Ecossais. Il va falloir faire des changements. Et surtout éviter un tel déchet technique, qui ne pardonnera pas. Certains estiment que Julian Nagelsmann n'alignera peut-être pas ses 11 meilleurs joueurs. Mais je ne suis pas certain que les joueurs de 12 à 23 soient moins bons que les Suisses!
Arnaud Cerutti
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