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Trois "noms", un Petit Poucet et un groupe pimenté

Alvaro Morata et l'Espagne retrouveront la Croatie pour se disputer certainement la tête de cette poule B. [KEYSTONE - MARTIN MEISSNER]
Alvaro Morata et l'Espagne retrouveront la Croatie pour se disputer certainement la tête de cette poule B. - [KEYSTONE - MARTIN MEISSNER]
Parce qu’il en faut bien un dans chaque compétition, le groupe B a hérité de l’étiquette de "groupe de la mort". Il est vrai qu’avec l’Espagne, la Croatie, l’Italie et le Petit Poucet qu’est l’Albanie, cette poule a fière allure.

Ce sont des noms, des vrais, qui la composent, mais ce serait faire erreur que de considérer Espagnols, Croates et Italiens comme des mastodontes du football actuel. Si tous trois peuvent avoir leur mot à dire dans le mois qui vient, ils restent tout de même en retrait des favoris réels de cet Euro.

A l’image de l’Allemagne, la Roja demeure quelque peu illisible. Elle possède de beaux noms oui, quelques très sérieux arguments, aussi, mais ce n’est plus celle d’il y a 15 ans, qui régnait sur l’Europe et s’apprêtait à faire main basse sur le monde entier. L’équilibre est plus fragile et les certitudes bien moins solides. Et puis, elle n’a pas vraiment été testée lors de sa campagne qualificative, au cours de laquelle l’Ecosse lui a toutefois mené la vie moins simple. Son succès en Ligue des Nations signifie-t-il vraiment qu’elle peut aller au bout? Rien n’est moins sûr, mais la troupe de Luis De La Fuente tient tout de même la corde dans sa poule.

Les armes croates

Parce que oui, les Espagnols évoluent un ton au-dessus d’une Croatie un peu vieillissante et d’une Italie qui apparaît friable et peu confiante. Il sera néanmoins passionnant de suivre les batailles que se livreront ces trois formations.

Toujours articulés autour d’un Luka Modric qui reste un footballeur de génie malgré le temps qui passe, les Croates ont aussi des armes, dont une défense exemplaire (4 buts encaissés seulement en éliminatoires). Il leur manque peut-être un peu de poids offensif pour vraiment se positionner comme des prétendants au dernier carré. Avec pour seul réalisateur Andrej Kramaric (Hoffenheim), ils semblent un peu légers. Pour le reste, magiciens du jeu, ils sont capables d’enchanter un match et se reposent surtout sur une grosse solidarité, qui peut leur permettre de renverser des montagnes, comme en 2018 par exemple (finalistes de la Coupe du monde). Beaucoup de choses pourraient cependant dépendre de leur entrée en lice contre l’Espagne, le 15 juin (18h00).

Ca s'annonce dur pour l'Italie

A l’inverse des Croates, l’Italie manque d’expérience et de roublardise. Trois ans après l’exploit mémorable de l’Euro 2020, le contexte est tout autre. Le récent changement de sélectionneur (Luciano Spalletti a succédé à Roberto Mancini), la difficulté à se qualifier et l’absence de leaders dans l’équipe n’augurent rien de forcément très encourageant. Mais combien de fois par le passé la Squadra Azzurra ne s’est-elle pas montrée plus forte que jamais dans l’adversité?

Voilà pourquoi personne ne peut enterrer l’Italie qui, une fois en 8es de finale (si elle y arrive), pourrait bien faire mal à tout le monde. L’éclosion récente de Gianluca Scamacca (Atalanta), la régularité de Jorginho (Arsenal) et les capacités de Nicolo Barella (Inter) et Federico Chiesa (Juventus) peuvent changer le cours de l’histoire.

Pour l’Albanie, les choses s’annoncent plus compliquées. Bien qu’ils soient brillamment sortis en tête de leur groupe qualificatif et qu’ils n’aient aujourd’hui rien à perdre, les protégés de Sylvinho ont un déficit d’expérience et de profondeur de banc. Mais qui sait, puisque l’union fait la force…

Arnaud Cerutti

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"L'Espagne a moins de facilité que par le passé..."

Actuel sélectionneur de la Centrafrique, passé également par Neuchâtel Xamax et le FC Sion, Raoul Savoy, consultant RTS sport se penche sur ce groupe B.

Que penser de cette poule? "C'est assurément un gros groupe. Du moins sur le papier. Pas sûr que ce sera le cas sur le terrain. Je ne sais pas trop quoi penser de l'Espagne, qui est dans une période de transition, qui a moins de facilité que par le passé, qui est une équipe un peu bizarre, un peu bancale actuellement. La Croatie me paraît elle aussi un peu usée, mais il me semble que cela fait plusieurs années que l'on dit ça et elle continue de surprendre."

L'Italie peut-elle y croire? "La Squadra reste sur deux années de déception, voire un peu plus, et je ne pense pas qu'elle aura la capacité de rééditer ce qu'elle a réalisé à l'Euro 2020, qui était quelque chose de fabuleux. Il manque des choses à cette équipe."

Et l'Albanie? "Je rêverais d'être à la place du sélectionneur albanais (le Brésilien Sylvinho), qui a trois matches fantastiques à jouer, où il aura tout à gagner et absolument rien à perdre. Dans un tel contexte, il n'a pas besoin de trouver des mots fabuleux pour motiver ses joueurs. C'est génial."

Quatre joueurs à suivre

Berat Djimsiti (Albanie): on aurait tant aimé l'avoir en équipe de Suisse, mais après avoir fait toutes ses classes dans notre pays, Berat Djimsiti - né à Zurich - a choisi l'Albanie. A raison, puisqu'il en est le pilier! Auteur de saisons superbes avec l'Atalanta, l'ancien défenseur du FCZ conduira l'arrière-garde albanaise cet été. Pour dégoûter les vedettes adverses?

Andrej Kramaric (Croatie): dans une sélection qui regorge de perles dans l'entrejeu, Andrej Kramaric doit se muer en buteur, en profitant des caviars éventuels. Quelque peu esseulé dans l'attaque croate, le joueur de Hoffenheim a tout de même assez de qualités pour mettre le feu. Il connaît sa mission.

Alvaro Morata (Espagne): enfin épanoui en club comme en sélection, le Madrilène pourrait bénéficier du soutien de Rodri, Olmo et autre Yamal pour exposer à la face de l'Europe son immense sens du but. Avec un grand Morata, l'Espagne peut aller très loin. Sans, en revanche, ce serait compliqué.

Gianluca Scamacca (Italie): il y a Chiesa bien sûr, Raspadori et Retegui également, mais c'est bien Gianluca Scamacca (Atalanta) qui est attendu pour "planter" les buts italiens. Son printemps lumineux convoque les rêves les plus fous. Façon Toto Schillaci?