Gelson Fernandes: "je suis au service du collectif, c'est ma force"

RTSsport: Vous avez connu les joies de la victoire en Coupe d'Allemagne la saison dernière avec Francfort. Comment l'avez-vous vécu?

GELSON FERNANDES: C'était incroyable. Beaucoup d'émotions. Gagner à Berlin contre le Bayern Munich, c'était exceptionnel. Il y avait de l'ambiance et de l'attente. Ce qui s'est passé au niveau de l'équipe est important. L'année d'avant, Francfort avait déjà disputé une finale (ndlr: défaite 2-1 face au Borussia Dortmund). Elle a su ensuite bien intégrer les nouveaux joueurs, favoriser leur adaptation et cela a donné une très belle saison. On a figuré dans le top-5 une bonne partie de la saison (ndlr: 8e au final), on a gagné la Coupe. C'était une belle période et on essaie encore d'en profiter.

RTSsport: Il y a eu une grande ferveur populaire après la victoire en Coupe...

GELSON FERNANDES: Quand on est revenu à Francfort, il y avait une fierté dans la ville... Quelque chose d'exceptionnel. On est arrivé à l'aéroport, on a eu le droit à un accueil merveilleux. Sur le chemin que l'on a emprunté vers la ville, il y avait 300'000-400'000 personnes, je crois. Pas uniquement des supporters, mais des gens simplement heureux de ce succès. Francfort s'est arrêté de vivre l'espace d'un instant. On a été reçu de manière grandiose. Cela restera gravé dans ma mémoire.

RTSsport: Vous n'avez pas pu disputer cette finale en raison d'une suspension. Une grosse frustration?

GELSON FERNANDES: Oui. Mais bon, un but a été annulé en raison de la faute et du carton qui m'ont valu la suspension. Après j'ai vécu l'événement de l'intérieur durant la préparation. Puis, j'étais au stade. J'ai pu voir la force d'un club quand il a du succès, l'énergie qu'apporte une telle finale. C'était aussi une belle expérience.

Adi a une compréhension très poussée de son effectif au niveau émotionnel

RTSsport: Après ce trophée, le premier depuis 30 ans, il y a eu passablement de changements dans l'effectif, l'arrivée de l'entraîneur Adi Hütter en provenance d'YB. Ce qui explique peut-être une reprise un peu difficile. Puis, depuis le 26 septembre, Francfort est invaincu. Neuf matches, 8 victoires, un nul. Comment cela s'est-il passé?

GELSON FERNANDES: On a eu un cadeau empoisonné finalement avec la Supercoupe d'Allemagne, à domicile, face au Bayern Munich qui était en pleine forme (ndlr: 5-0). On a été laminé. Cela a été difficile ensuite. On a enchaîné à Ulm. Ce n'est jamais facile un premier tour de Coupe à l'extérieur. On n'a pas mis nos occasions, ils les ont mises. On a perdu (ndlr: 2-1). On a fait un bon match contre Freiburg (ndlr: 2-0) et on a reçu le Werder pour une défaite malchanceuse. Puis, dans la tempête, on a changé de système de jeu. On est revenu à deux attaquants, à trois derrière (3-5-2) et on a remis certaines choses en place. Et après, on a enchaîné. Avec les victoires, la confiance s'est installée, la sérénité aussi. L'enthousiasme des gens qui nous accompagnent tout au long de la saison augmente. Bien sûr, on perdra d'autres matches, mais il faut essayer de faire durer ce moment-là.

RTSsport: Les choix du coach ont donc réellement influé. Comment définiriez-vous sa "patte"? Qu'est-ce qu'il a apporté?

GELSON FERNANDES: Je ne dirais pas que l'ancien entraîneur (ndlr: Niko Kovac, désormais au Bayern) n'était pas humain. Mais Adi a une pointe sociale en plus. Il a une compréhension très poussée de son effectif au niveau émotionnel. Il sait où il veut aller, il sait comment il veut y aller. Je pense qu'il a fait beaucoup de travail sur lui-même pour comprendre les autres. Et c'est une force.

RTSsport: Francfort est désormais 4e, déjà qualifié pour les seizièmes de finale de l'Europa League. Vous vous attendiez à un tel début de saison?

GELSON FERNANDES: C'est vrai qu'on est dans une belle série. Les gens sont fiers de nous. On a vraiment un groupe qui est sain. Il n'y a que des bonnes personnes. Ce n'est pas toujours ainsi. Il y a du respect, de l'amitié. On rigole, on échange, on va manger ensemble, on sort parfois ensemble, on joue aux cartes, aux jeux vidéos. Le groupe est vraiment génial. Il n'y a pas de mauvais comportements, pas de joueurs aves des egos démesurés.

RTSsport: D'un point de vue personnel, c'est aussi un début de saison intéressant avec le brassard de capitaine, un premier but...

GELSON FERNANDES: Le brassard c'était franchement une surprise. Il y avait plusieurs absents. Mais disons que je n'ai pas besoin d'avoir le brassard pour parler. A mon âge, j'ai conscience de ce que je dois apporter à l'équipe, de ce que je dois transmettre, de comment aider les uns ou les autres. Cela prend bien sûr de l'énergie, mais j'ai la chance de vivre de ma passion, de travailler avec des gens que j'aime. Mon rôle au final est ce qu'il a toujours été, je suis au service du collectif, c'est ma force.

Propos recueillis à Francfort par Ludovic Perruchoud

Deuxième volet: "Un coup à jouer face à la Belgique", selon Gelson Fernandes

Premier volet: Gelson Fernandes: "j'ai été pris de court par tout ce qu'il s'est passé"