Modifié

Des succès au Nigeria qui ne tombent pas du ciel

Les "p'tits" Suisses ont battu jeudi la Colombie 4 à 0 en demi-finale.
L'équipe de Suisse M17 profite des excellentes structures de l'ASF.
Si l'équipe de Suisse des moins de 17 ans s'est qualifiée pour les demi-finales du Mondial au Nigeria, ce n'est pas un hasard. La formation de Dany Ryser profite des excellentes structures mises en place par l'ASF.

Avec assez peu de moyens mais des idées et une philosophie
commune à l'ensemble du pays, la Suisse a mis en place un système
de formation des juniors rigoureux qui paie aujourd'hui avec les
succès des M17. C'est l'histoire d'une ambition fédérale nourrie
par la "grinta" des jeunes footballeurs enfants d'immigrés.



Entraîneur et animateur au centre de pré-formation de l'ASF de
Payerne destiné aux talents de 14 à 16 ans, José Ehrbar relève
fièrement que six joueurs s'illustrant actuellement avec l'équipe
nationale au Mondial M17 au Nigeria sont issus des trois académies
nationales de Payerne, Emmen et Tenero: Frédéric Veseli, Nassim Ben
Khalifa, Matteo Tosetti, Haris Seferovic, Pajtim Kasami et André
Gonçalves.



Ces centres, qui permettent de concilier au mieux école et
entraînement quotidien, sont relativement récents: Emmen et Tenero
existent depuis 2005, Payerne depuis 2000. "Nos moyens sont
infiniment moins grands que ceux de pays comme l'Allemagne, mais
nous compensons par des idées et beaucoup de travail"
, relève
le Neuchâtelois Ehrbar.

Une unité de doctrine pour l'ensemble de la formation

Désireuse de faire fructifier le titre européen des M17 (déjà)
en 2002, l'ASF a choisi une unité de doctrine pour l'ensemble de la
formation des jeunes. Avec trois grands principes: le marquage de
zone, le jeu offensif avec le souci permanent de créer le danger et
un football dynamique et de mouvement. Résultat pour les M17 au
Nigeria: 13 buts en 5 matches et un culot qui contraste avec le
football inhibé parfois proposé par certaines sélections
helvétiques.



Cette éclosion est aussi la conséquence de la professionnalisation
des structures. "Nous sommes très performants dans la détection
des jeunes de 11 à 13 ans, très peu sont oubliés au bord de la
route"
, note Ehrbar. "La formation des coaches s'est aussi
améliorée et nos jeunes s'entraînent davantage qu'autrefois, avec
un bon suivi médical."

L'éveil de la maturité est tout bénéfice

Concrètement, au centre de Payerne
(budget annuel de 350'000 francs), les jeunes talents bénéficient
d'horaires allégés pour s'entraîner tous les matins ou après-midi,
tout en étant encadrés lors des repas et hébergés dans des familles
d'accueil. "Nous visons plus généralement le développement
personnel, pas seulement les résultats bruts
", souligne
l'entraîneur. Avec l'idée que l'éveil de la maturité est tout
bénéfice.



Le prestige du "sport-roi" auprès des familles d'immigrés
constitue une aubaine pour le football suisse, qui profite
largement de cet apport: "Les jeunes 'secundos' ont du
caractère et souvent plus d'ambition que nos petits Suisses
talentueux, dont les parents pensent souvent d'abord à l'école et
ensuite au football. C'est l'inverse chez les familles d'immigrés,
où le football est reconnu comme une profession à part
entière
", explique José Ehrbar.

Un rapport deux tiers de secundos - un tiers

La sélection suisse M17 est un modèle multiculturel, à l'image
du centre de Payerne, où 11 des 17 joueurs actuels proviennent de
familles d'origine étrangère. Ce rapport deux tiers (de "secundos")
- un tiers se retrouve dans d'autres équipes de jeunes. Si la
pré-formation (13 à 15 ans) est exemplaire en Suisse, un trou
apparaît ensuite chez les 16 à 20 ans. "Là, nous devons être
plus performants. Nous réfléchissons à l'ouverture d'un centre pour
cette tranche d'âge"
, observe encore Ehrbar.



La post-adolescence est en effet une période délicate, où les
jeunes Suisses se laissent souvent appâter par des clubs étrangers
fortunés, avec des conséquences très incertaines pour leur
carrière...



si/dbu

Publié Modifié

Une structure pour faire face aux recruteurs

Les recruteurs des grands clubs étrangers savent bien qu'ils trouveront quelques pépites sur les terrains suisses. Des scouts anglais ou français viennent régulièrement assister aux entraînements des jeunes de 15 ans ou moins en sélection, sans compter les agents.

"L'ASF a créé une cellule pour protéger nos jeunes, tenter de les dissuader de partir trop tôt à l'étranger", relève José Ehrbar, entraîneur et éducateur avec Michel Mora au centre de pré-formation de Payerne. Sachant que les histoires heureuses comme celle de Johan Djourou à Arsenal ne sont pas la règle. La désillusion guette en effet.

"Dans l'ensemble, plus de 50% des jeunes partant à l'étranger à 16 ou 17 ans reviennent au pays dans les deux ans qui suivent", précise Ehrbar. S'imposer ailleurs est très dur, face à d'autres jeunes souvent issus de milieux modestes et prêts à tout pour réussir.

L'avenir, pour le football suisse, passera peut-être par des structures sport-études plus développées encore pour la relève, non seulement au niveau fédéral mais aussi des clubs, comme c'est déjà le cas à Zurich et Bâle en particulier.

Nigeria, Mondial M17 (24.10-15.11), 1/4

Lundi:
Espagne - Uruguay 3-3 ap (1-1 3-3), 4-2 tab
Nigeria - Corée du Sud (à Calabar) 3-1 (1-1)

Déjà joués
SUISSE - Italie 2-1 (1-1)
COLOMBIE - Turquie 1-1 ap (0-1 1-1), 5-3 tab


Demi-finales (jeudi 12 novembre):
16h00 Colombie - Suisse (à Lagos).
19h00 Espagne- Nigeria (à Lagos)

Finale pour la 3e place: dimanche 15 novembre à Abuja (16h00)

Finale: dimanche 15 novembre à Abuja (19h00)