Quelque 40'000 personnes, dont l'équipe nationale allemande de
football, ont fait leurs adieux dimanche à Hanovre (centre) à
Robert Enke, le gardien de but du club de la ville qui s'est
suicidé mardi, vaincu par la dépression.
Favori pour garder les buts de la Mannschaft au Mondial-2010 en
Afrique du sud, le joueur de 32 ans "n'était pas seulement une
idole mais un idéal", a déclaré le prêtre Heinrich Plochg qui
connaissait bien sa famille. Il a rappelé à la foule que
"l'échec, la maladie et les coups du sort" ne
constituaient "pas des faiblesses que l'on doit s'entraîner à
faire disparaître, même si notre société nous le demande
souvent".
"Le football n'est pas tout"
Avant l'éloge
funèbre, les joueurs de l'équipe allemande, portant tous le deuil,
s'étaient recueillis tour à tour devant le cercueil exposé au
milieu du stade de Hanovre. De longues files d'attente de
supporteurs, pour beaucoup vêtus de noir, s'étaient formées devant
les portes bien avant leur ouverture.
Famille et amis du joueur étaient assis sur un podium installé sur
le terrain. Au pied du cercueil en bois clair recouvert d'un drap
blanc et de gerbes de roses blanches, une couronne de fleurs en
forme de coeur.
"Le football n'est pas tout", a répété trois fois le
président de la fédération allemande (DFB), Theo Zwanziger, lors de
cette cérémonie considérée comme l'une des plus grandes qu'ait
connue le pays en termes de participants. "Le football n'a pas
le droit d'être tout", a-t-il insisté, devant un public triste
et silencieux.
Dans les tribunes, certains ne pouvaient réprimer leurs larmes,
d'autres brandissaient dignement des écharpes aux couleurs du
Hanovre 96.
"Naturel, modestie, cordialité"
"Robert, tu étais numéro un dans le vrai sens du
terme", a déclaré le président du club, Martin Kind, très ému
et décontenancé par la disparition du joueur emporté par une
"maladie sournoise qui lui a brisé le coeur". "Robert
Enke n'avait que des amis" et avait conquis les coeurs pas
uniquement pour son talent sportif mais pour son "naturel, sa
modestie, et sa cordialité", a-t-il poursuivi.
La veuve du joueur, Teresa, qui avait témoigné au lendemain de la
mort de son conjoint de la maladie dont il souffrait, a été
ovationnée. Autre moment très émouvant quand des coéquipiers d'Enke
ont porté son cercueil à l'extérieur du stade en vue de sa mise en
terre.
afp/rou
Emoi sans précédent
Suivi par des psychiatres depuis 2003, Enke s'est jeté sous un train mardi soir dans la banlieue de Hanovre, où il vivait avec son épouse Teresa et la petite fille qu'ils avaient adoptée en mai après la mort, en 2006, de leur propre fille Lara, née avec une grave malformation cardiaque. Il devait être enterré à ses côtés dimanche après-midi dans l'intimité.
Dans l'hebdomadaire Der Spiegel, son père, Dirk Enke, lui-même psychothérapeute, a estimé que "la peur a joué un très grand rôle" dans le déclenchement de la dépression de son fils.
Dans un pays où le football est profondément ancré dans la culture populaire, la mort d'Enke a suscité un émoi sans précédent bien au-delà du milieu sportif. Quelque 35'000 personnes avaient défilé jeudi à l'issue d'un service religieux dans le centre de Hanovre.