Alexander Frei ne laisse personne indifférent. Souvent critiqué
pour son attitude sur et en dehors du terrain, le buteur du FC
Bâle, qui affrontera l'AS Rome jeudi en Europa League, est un
caractériel et ne s'en cache pas. Même si beaucoup de ses colères
sont préméditées et réfléchies. "C'est vrai que, parfois, je
dépasse les limites. Il m'arrive de ne pas me reconnaître quand je
revois certaines images à la TV".
Le ton est à l'honnêteté, dans le restaurant bâlois où rendez-vous
avait été pris avec le capitaine de l'équipe de Suisse. Colérique,
récriminant souvent le jeu de ses coéquipiers, réclamant sans cesse
auprès de l'arbitre, le no 13 du FCB agace.
Alors, Alex Frei, homme au fort caractère ou sale tronche ?
"On m'avait déjà fait la remarque à Rennes, se souvient-il
dans un sourire. Je crois toutefois que l'expression 'sale
caractère' peut avoir aussi une signification positive. J'ai
l'impression qu'en Suisse, avoir du caractère est forcément
négatif. Oui, je m'énerve sur le terrain. Mais c'est parfois
nécessaire".
En homme intelligent qu'il est, le Bâlois aime maîtriser sa
communication. Il prend quelques secondes pour répondre. Il pèse
ses paroles. Et, quand il sent qu'une question est trop orientée,
il passe à l'attaque. "Il faut faire attention car mes propos
sont ensuite lus par le public. Alors je dois choisir mes mots et
ne pas me laisser embarquer par les journalistes, qui veulent
souvent me faire dire des choses qui vont dans leur sens à
eux".
Plus de pression que bien d'autres
Oui, je m'énerve sur
le terrain. Mais c'est parfois nécessaire
Alex
Frei
Une méticulosité qui, naturellement, ne
quitte pas Frei au moment de fouler les pelouses. "Avec
l'expérience, j'ai appris une chose: quand tu es satisfait, les
résultats ne suivent pas. Que croyez-vous ? Bien sûr que j'aimerais
fêter tous les succès avec le public. Mais je ne peux pas toujours.
Par exemple, quand tu te qualifies pour les quarts de la Coupe de
Suisse, tu n'as rien. Tu es juste en quarts".
Alors, Frei dissémine son courroux à ses partenaires, en doses
régulières. Sa "sale tronche" est là pour rappeler à tous que rien
n'est acquis. "Durant toute ma carrière, j'ai subi plus de
pression que bien d'autres joueurs. J'ai toujours dû me battre. A
Thoune parce que j'étais un inconnu. A Lucerne, où tout le monde se
foutait de notre gueule parce que j'étais le seul attaquant de
l'effectif et que je n'avais que 20 ans".
Quelques plis de malice sourdent aux coins des yeux du Bâlois.
"Je ne suis pas toujours mécontent. Parfois, je décide d'être
mécontent. Je sais ce que je fais. Il faut provoquer des trucs dans
un groupe pour qu'il reste en éveil. Je me rappelle que Dortmund
n'arrivait pas à enchaîner 2 ou 3 victoires de suite avant mon
arrivée. J'ai fait la gueule, et on a gagné 7 matches
d'affilée!"
Gagner et rien d'autre
La spontanéité, Frei la réserve au jeu, à son métier de buteur
en série (151 buts en 347 parties de championnat de Suisse, France
et Allemagne, 40 en 73 sélections). Le reste n'est que calcul. Avec
un unique dessein: "gagner, que ce soit en match amical ou
officiel".
Dévoreur de biographies et d'autobiographies, il ne s'intéresse
qu'aux destins des personnages célèbres, comme si même ses goûts
culturels ne pouvaient tolérer autre chose que la première place.
Par ailleurs grand collectionneur de films qui "ont une assise
réelle, politique", Frei vit dans le concret et refuse de se
perdre en conjectures. La victoire et rien que la victoire. Un
sacerdoce imprimé dans la glaise de son inconscient et qui n'est
pas totalement étranger à l'épanouissement de cette Suisse du
football de plus en plus décomplexée.
L'idée des 'petits
Suisses' commence à toucher à sa fin, on l'a encore vu avec le
titre mondial des M17
Alex
Frei
"L'idée des 'petits Suisses' commence
à toucher à sa fin, on l'a encore vu avec le titre mondial des
M17", se réjouit-il. Et des "sales tronches" comme Frei y ont
sans aucun doute contribué. Mais Dame Helvétie ne manque-t-elle
finalement pas de caractériels pour définitivement se libérer de sa
chrysalide inhibitrice? "On ne peut pas s'improviser dans ce
rôle. C'est une attitude liée à la personnalité de
chacun".
Le Bâlois, qui fêtera ses 31 ans quelques jours après la finale de
la Coupe du monde, n'a pas encore fini de "traumatiser"
coéquipiers, adversaires, arbitres et journalistes. D'autant qu'il
se voit bien continuer dans le football une fois sa retraite
sportive arrivée. Dans quel rôle? "En tant que dirigeant, tu
vis plus longtemps, rigole-t-il. Mais normalement plutôt
comme entraîneur". Il est d'ores et déjà certains que ses
futurs protégés n'auront pas la vie facile.
LUDOVIC MAGNIN A ZURICH, CE SERAIT FAIT
Ludovic Magnin devrait rejoindre Zurich pendant
la trêve hivernale, selon le "Blick". Le Vaudois de Stuttgart, seu
lement remplaçant en Bundesliga, veut mettre toutes les chances de
son côté pour disputer la Coupe du monde. Sous contrat jusqu'à la
fin de la saison, le latéral serait transféré gratuitement (une
clause dans son contrat, qui court jusqu'en 2010, lui permet de
rejoindre gratuitement un club suisse).
Diego Benaglio figure pour la 2e fois de la
saison dans le onze idéal désigné par le magazine "Kicker". Le
portier suisse de Wolfsburg a brillé à l'occasion du 2-2 obtenu sur
le terrain du Werder Brême lors de la 14e journée.
La finale de la Coupe de Suisse aura lieu le 9
mai 2010 au Parc St-Jacques de Bâle. Ce sera le dimanche de la Fête
des mères. Quant à la finale dames, elle se déroulera à une autre
date, comme manifestation autonome, a indiqué l'Association suisse
de football.
si/dbu
"Peut-être qu'Hitzfeld prendra 5 attaquants, et non 4"
Même si la liste des échéances du FC Bâle est encore longue jusqu'au terme de la saison, impossible de ne pas évoquer la prochaine Coupe du monde avec Alexander Frei. Concentré sur sa tâche, le capitaine refuse de se disperser. Il assure ainsi ne jamais "s'amuser" à se mettre dans la peau du sélectionneur Ottmar Hitzfeld.
SPORTINFORMATION: - Le nombre des candidats suisses à une sélection pour la Coupe du monde va croissant, et les choix seront difficiles à faire. Aimeriez-vous être à la place d'Ottmar Hitzfeld au moment de rendre la liste définitive des 23 joueurs retenus?
ALEX FREI: Comme toujours, je préfère voir le côté positif de la situation. Il y a de plus en plus de joueurs qui peuvent prétendre à une sélection, qui sont en mesure d'aider l'équipe, de la faire avancer. Et ça, c'est une bonne chose pour le football suisse.
- Mais vous devez quand même vous "amuser" de temps en temps à faire votre propre liste, non?
ALEX FREI: Non, jamais. Je ne me pose pas ce genre de questions.
- Donnerez-vous votre avis à Ottmar Hitzfeld avant l'officialisation de la liste?
ALEX FREI: Je ne discute pas avec Ottmar Hitzfeld de ses choix. Nos conversations ne concernent jamais ces problématiques-là. Je discute avec le sélectionneur des grandes bases des entraînements. Je donne mon opinion sur le choix des camps de préparation, sur leur durée, sur l'ouverture ou non de ceux-ci aux familles. Voilà ce dont nous parlons avec Ottmar Hitzfeld.
- Vous êtes directement concerné par l'augmentation des candidats au Mondial. Avec Nkufo, Derdiyok, Yakin, Bunjaku, Streller et vous, vous êtes déjà six attaquants pour quatre places...
ALEX FREI: Déjà, peut-être qu'Ottmar Hitzfeld va prendre cinq attaquants et non quatre. On ne sait pas encore. J'ai toujours dit qu'il y avait plusieurs avants en Suisse capables de porter le maillot de l'équipe nationale. Souvenez-vous, il y a quatre ans, je tenais le même discours. Je ne vois pas cela comme un problème, mais plutôt comme une chance.
- Ce sera votre quatrième phase finale. En 2004, il y a eu le crachat sur Gerrard. En 2006, la main contre la France. En 2008, la blessure au match d'ouverture. Que préparez-vous pour 2010? Le titre de meilleur buteur?
ALEX FREI: Non, je ne parle pas de cela, ça porte malheur. C'est vrai que les Euros ne sont peut-être pas faits pour moi... Concernant 2006, les gens oublient que j'ai quand même marqué deux buts et que j'ai été nommé homme du match contre le Togo et la Corée du Sud. Combien de joueurs suisses peuvent en dire autant?