On aurait presque tendance à l'oublier, mais un joueur suisse
disputera une finale européenne cette saison. Son nom? Pascal
Zuberbühler. Certes, l'ex-gardien de l'équipe nationale, 40 ans en
janvier prochain et 51 sélections au compteur, n'est que la
doublure de l'Australien Mark Schwarzer à Fulham, mais le
Thurgovien (ex-GC, Bâle ou Neuchâtel Xamax notamment) a un rôle
important à jouer dans son équipe.
A Londres depuis deux ans, "Zubi" a un peu mis sa carrière de
joueur entre parenthèse cette saison. Ainsi, à l'exception d'une
partie de Coupe de la Ligue, il s'est contenté du poste, pas
toujours glorieux, de doublure. Lui, il s'y fait plutôt bien
puisque la donne avait été fixée dès l'été dernier.
Et aujourd'hui, alors que Fulham a la possibilité d'écrire
l'histoire, son histoire face à l'Atletico Madrid en finale de
l'Europa League à Hambourg, "Zubi" nous parle de son club, de "sa"
finale, et ce quelques minutes avant d'embarquer dans l'avion à
destination de Hambourg.
"L'Europa League, pas intéressante au début"
Le fait d'avoir
sorti toutes ces grosses équipes, ça donne une énorme confiance
Pascal Zuberbühler
tsrsport.ch:
- Fulham n'a terminé que 12e de
la Premier League. En revanche, sur la scène européenne, votre
parcours a été incroyable, et ce jusqu'en finale!
PASCAL ZUBERBÜHLER:
Oh oui, nous vivons une
saison extraordinaire (soupirs). Le plus amusant, c'est que
l'Europa League n'était pas très intéressante pour Fulham au début,
la Premier League avait largement la priorité. Puis, nous avons
amassé beaucoup de points en début de championnat. On s'est donc
dit qu'on ferait le point après la phase de groupes, où nous avons
quand même affronté Sofia, Bâle ou encore l'AS Roma...
tsrsport.ch:
- Puis, comme on dit, l'appétit
vient en mangeant. Vous avez éliminé Shakhtar Donetsk en 16es de
finale, la Juventus en 8es, Wolfsburg en quarts et finalement
Hambourg en demi-finales!
PASCAL ZUBERBÜHLER:
Tous des superbes matches! Je
crois qu'il n'y a pas une partie où on peut dire qu'on a eu de la
chance. Et maintenant, on est en finale. On peut être vraiment
fier!
tsrsport.ch:
- C'est d'autant plus incroyable
que vous avez commencé dès le 3e tour qualificatif, soit le 30
juillet dernier. La finale sera donc votre 19e match
européen!
PASCAL ZUBERBÜHLER:
Le fait d'avoir sorti toutes
ces grosses équipes, ça donne une énorme confiance. En fait, je
crois qu'on peut dire que c'est notre qualification obtenue à
Shakthar Donetsk (2-1 à Londres, 1-1 là-bas), le tenant du titre,
qui nous a donné le "positive kick" pour la suite. Mais c'est
seulement ces 3-4 dernières semaines que nous nous sommes
totalement concentrés sur l'Europa League.
"C'est une finale, tout peut arriver"
tsrsport.ch:
- Et là, en finale à Hambourg,
c'est l'Atletico Madrid en face...
PASCAL ZUBERBÜHLER:
Oui mais c'est une finale,
tout peut arriver. Il n'y a pas de favori, c'est du 50-50. Mais moi
je suis sûr que nous sommes prêts...
tsrsport.ch:
- Parlons un peu de vous. A part
un match de "Carling Cup", la Coupe de la Ligue, vous n'avez jamais
joué cette saison...
PASCAL ZUBERBÜHLER:
Non, effectivement, mais
c'était déjà décidé ainsi quand j'ai prolongé, l'été dernier. En
fait, j'ai un rôle bien précis, celui du relais entre l'entraîneur
des gardiens, Mike Kelly (réd: qui occupait déjà le même poste avec
Roy Hodgson en équipe de Suisse), dont je suis un peu le bras
droit, et Mark Schwarzer, notre no1. "Schwarzie" et moi sommes très
amis. Nous nous entendons très bien car nous sommes un peu pareils,
deux gars avec une tête dure (rires)! Mais même en tant que no2, je
dois me tenir prêt à entrer en jeu. La concentration et la
préparation sont les mêmes. Le public ne te pardonnerais pas si tu
entrais en jeu sans être prêt à défendre les couleurs du club.
La nouvelle carrière de "Zubi"
tsrsport.ch:
- Finalement, "Zubi" a un peu
entamé une nouvelle carrière...
PASCAL ZUBERBÜHLER:
En fait oui et non! Je ne
sais pas encore si je vais continuer comme joueur. L'important pour
moi, c'est que notre collaboration avec Schwarzer fonctionne bien,
et qu'il ait la meilleure préparation possible. Et cette saison,
tout a parfaitement bien fonctionné. Et, autre élément important,
que les autres joueurs acceptent mon rôle dans l'équipe.
tsrsport.ch:
- Votre contrat arrive à son
terme, mais Fulham souhaite vous conserver dans son
effectif.
PASCAL ZUBERBÜHLER:
Nous discutons effectivement
d'un nouveau contrat. Fulham souhaite m'engager dans son staff.
Mais ce serait là à nouveau un contrat d'une saison. Pour moi,
c'est quand même une sacrée histoire. C'est Roy Hodgson qui m'a
permis de lancer ma carrière internationale, en me donnant 20
minutes de jeu avec l'équipe de Suisse contre les Emirats arabes
unis, en 1994 à Sion. Et là je finis ma carrière avec lui...
tsrsport.ch:
- Mais le "Roy", élu meilleur
coach en Angleterre cette saison, sera-t-il toujours là? On parle
de lui partout!
PASCAL ZUBERBÜHLER:
C'est certain que c'est le
"king" en Angleterre actuellement. C'est incroyable ce qu'il a fait
avec Fulham, qu'il a sauvé de la relégation, dès son arrivée à
Craven Cottage, fin 2007. Aujourd'hui, le "petit" Fulham est en
finale d'une Coupe d'Europe alors que tous les autres gros clubs
anglais ont été éliminés bien avant. C'est donc normal que d'autres
équipes soient intéressées par l'engagement de Roy Hodgson. Mais
moi je pense qu'il va encore rester ici une saison...
"Je vais tout faire pour gagner cette finale"
tsrsport.ch: - Cette finale d'Europa
League, à près de 40 ans, c'est un peu le sommet de votre carrière,
non?
PASCAL ZUBERBÜHLER: Oui, avec la Coupe du monde
2006. Mais il faut surtout la gagner maintenant, et croyez-moi, je
vais tout faire pour! Je serai encore sur le banc, mais ce sera
comme si j'étais sur le terrain (rires)!
Propos recueillis par Daniel Burkhalter
Duel de morts de faim
Pour sa première édition, l'Europa League, ex-Coupe de l'UEFA, a hérité d'une finale surprenante entre l'Atletico Madrid et Fulham, deux clubs qui n'ont pas le renom de Liverpool et la Juventus Turin qu'ils ont éliminés lors d'un éreintant parcours du combattant.
Pour pouvoir disputer ce mercredi (20h40/tsrsport.ch) à Hambourg la première finale européenne de son histoire, Fulham a entamé sa campagne le 30 juillet par un déplacement en Lituanie. "Cela dépasse tout ce que j'ai réalisé", admet Roy Hodgson, l'entraîneur de Fulham, 12e du Championnat d'Angleterre. L'ancien sélectionneur de l'équipe de Suisse a déjà disputé une finale de C3 en 1997 avec l'Inter Milan (perdue aux tirs au but face à Schalke 04), mais "nous n'avions pas eu affaire au même niveau d'adversaires sur notre parcours", rappelle-t-il.
Ne jamais abdiquer
Si Hodgson a appris à son équipe, redoutable en contres avec Duff et Zamora à la finition, à ne jamais abdiquer, son homologue sur le banc de l'Atletico, Quique Sanchez Flores, a relancé en seulement sept mois les "Rojiblancos".
Quand il a remplacé Abel Resino fin octobre, l'Atletico se traînait dans les profondeurs du Championnat d'Espagne et avait compromis ses chances en Ligue des champions avec un nul et deux défaites. Sous sa direction, l'autre club de la capitale espagnole s'est installé dans le milieu de tableau de la Liga et s'est surtout qualifié pour les finales de l'Europa League et de la Coupe du Roi le 19 mai.
Il peut maintenant offrir à l'Atletico son premier trophée depuis 1996 au terme d'un parcours où son équipe n'a remporté que deux de ses 14 matches européens, mais a écarté notamment Valence et Liverpool grâce aux buts marqués à l'extérieur par l'Uruguayen Diego Forlan. "Fulham est une équipe qui joue très bien ensemble, sa défense est très solide", admire l'ancien joueur de Manchester United.
si/alt