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Quand la bêtise humaine franchit la ligne à Gênes

Heurts à Gênes lors du match Italie-Serbie
Le football n'a pas eu voix au chapitre mardi soir.
Le monde du football a touché le fond mardi à Gênes lors de la rencontre Italie - Serbie. La faute à des hooligans serbes, qui ont lancé des fumigènes sur le terrain et dans la tribune adverse. La presse serbe et italienne a fustigé le comportement de ces imbéciles.

La presse serbe dans son ensemble a fustigé mercredi le comportement des supporters serbes qui ont provoqué l'interruption du match Italie-Serbie de qualification pour l'Euro 2012 mardi à Gênes. La presse italienne a aussi fait part de son mécontentement.

"La plus grande honte du sport serbe", titrait à la une l'influent quotidien Politika, rapportant dans le détail les incidents provoqués par les hooligans serbes. Politika relevait que le capitaine de la sélection, Dejan Stankovic, qui évolue en Italie à l'Inter Milan, a quitté le stade en larmes.

"Une honte éternelle"

La police italienne face aux supporteurs serbes
La police italienne face aux supporteurs serbes

"La Serbie rouge de honte"

, titrait pour sa part Vecernje novosti, avant d'ajouter: "horreur, cauchemar, la Serbie a été douloureusement déshonorée à Gênes (...). Ces images de jeunes cagoulés ont suscité une impression qui fera rougir de honte toute la nation".

"Nous avons disputé des matches en Italie qui ont marqué l'histoire du football serbe, du football en général, mais cela n'est plus le cas depuis fort longtemps", a écrit pour sa part le quotidien Sportski Zurnal sous le titre "une honte éternelle".

La presse citait abondamment le président de la Fédération serbe de football (FSS), Tomislav Karadzic, selon qui les violences des hooligans à Gênes n'étaient pas "une attaque contre le football, mais contre l'Etat".

Dans un pays où les exactions et débordements des supporters de football sont nombreux, la quasi totalité des journaux télévisés ont consacré leurs premières minutes aux incidents à Gênes. La chaîne B92 a rappelé qu'ils survenaient après les violences de dimanche à Belgrade, où des heurts entre de jeunes manifestants qui s'efforçaient d'empêcher la tenue d'une Gay pride et les forces de l'ordre avaient fait plus de 150 blessés.

"Les bêtes", titre la Gazzetta dello Sport

La presse italienne exprimait aussi sa colère mercredi au lendemain des affrontements entre la police italienne et les supporters serbes qui ont fait 16 blessés. "Les bêtes": le gros titre barre la une de la Gazzetta dello Sport au dessus d'une photo d'un leader des supporters serbes, cagoulé et vêtu d'un tee-shirt noir orné d'une tête de mort, en train de faire le salut fasciste.

"Nous voulions vous parler d'une partie de foot. Au lieu de ça, nous devons écrire sur un acte honteux. C'est triste à dire mais le héros de la soirée c'était lui. L'homme en noir. La bête", écrit le quotidien sportif. Le Corriere dello Sport exprime lui aussi sa colère contre le leader serbe en titrant "nous nous sommes rendus à lui".

Un autre journal sportif, TuttoSport, affirme que les affrontements sont "la honte de la Serbie". "La soirée d'hier ne peut pas rester sans réponse", estime le Corriere della Sera dans un éditorial. "Les Anglais ont été exclus du football européen pendant cinq ans. Il est temps que cela arrive à d'autres", estime ce quotidien.

La Repubblica, journal de gauche, s'inquiète d'une montée de la violence ultra-nationaliste dans toute l'Europe orientale, en Hongrie, Pologne, Russie et Serbie. "La prochaine coupe d'Europe ne sera pas très drôle", affirme le journal, selon lequel "le match a été volé par une bande d'idiots". De son côté le Messaggero titre simplement: "nous avons tous perdu".

agences/bao

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Retour sur les événements de mardi

Au total 16 personnes ont été blessées dont deux grièvement et 17 supporters serbes ont été arrêtés dans la nuit de mardi à mercredi à Gênes, lors d'affrontements avec les forces de l'ordre ayant suivi l'annulation d'un match Italie-Serbie de qualification pour l'Euro 2012.

Selon les radios italiennes, le calme n'est revenu aux abords du stade Marassi de Gênes que vers 4h00 du matin, quand le dernier bus de "hooligans" serbes est parti sous escorte des forces de l'ordre.

Au total, la police a procédé à 17 arrestations avant et après le match, retardé d'une demi-heure puis stoppé au bout de six minutes en raison de lancers de fumigènes sur la pelouse par des supporters serbes.

Avant la partie, des dizaines de supporters serbes complètement ivres s'étaient livrés à des violences dans le centre de Gênes, cassant des vitrines, vandalisant du mobilier urbain, selon les médias italiens. Ils s'en étaient même pris à leur propre équipe lançant un fumigène à l'intérieur du car des joueurs et menaçant le gardien Vladimir Stojkovic à son arrivée au stade. Celui-ci avait demandé à ne pas jouer le match.

La police a saisi des bâtons, barres de métal et des couteaux sur une bonne partie des fans serbes ainsi qu'un sac contenant des pétards de grande taille. "Nous avons cherché à contrôler la zone pour éviter des affrontements entre fans serbes et italiens et nous y sommes parvenus", a raconté sur la chaîne télévisée en continu Sky TG24, Marco Azzaro, chef du corps local des carabiniers. Selon Marco Azzaro, quatre carabiniers ont été blessés pendant les violences.

Le journal local de Gênes, Il Secolo XIX, a fait état sur son site internet d'un bilan de 25 blessés et d'une vingtaine d'arrestations.

Le blessé le plus grave est un officier des carabiniers hospitalisé après avoir reçu en plein visage un engin explosif. Un supporteur serbe souffre aussi de traumatisme facial.

Les violences ont éclaté après l'annulation du match quand certains des supporters serbes parqués entre des barrières métalliques, en attendant leur évacuation, ont enfoncé une grille et que la police est entrée dans leur périmètre pour reprendre le contrôle de la situation.