Zen-Ruffinen admet être l'homme qui a désigné des membres pouvant être achetés
Michel Zen-Ruffinen, ancien secrétaire général de la Fédération Internationale de Football (FIFA), a désigné plusieurs officiels de la FIFA comme susceptibles d'accepter de l'argent en échange de votes en faveur de candidats à l'organisation des Mondiaux de 2018 et 2022, indique dimanche le Sunday Times.
Sur son site internet, le journal montre une vidéo prise en caméra cachée dans un restaurant de Genève dans laquelle l'ancien secrétaire général discute avec des journalistes, qui s'étaient fait passer pour des lobbyistes, de membres de la FIFA susceptibles de pouvoir être corrompus, mais dont les noms ont été rendus inaudibles.
120 000 euros pour ses conseils
Invité du "19:30" de la TSR, Michel Zen-Ruffinen a confirmé qu'il s'est fait piéger par le journal britannique. "C'était bien moi, a expliqué l'avocat valaisan, cependant, cette discussion devait rester confidentielle". Zen-Ruffinen a également assuré qu'il est "contre la corruption". "Je répète aussi que je pense qu'elle existe encore au sein de la FIFA", a-t-il dit. Les journalistes du Sunday Times se sont fait passer pour des lobbyistes. "J'aurais du contractuellement être payé 120'000 euros pour mes conseils, a développé le Valaisan. La somme aurait été doublée en cas de choix des USA pour le Mondial 2018".
Selon lui, il faut absolument confier la tâche d'enquêter sur la corruption au sein de la Fédération, sise à Zurich, à un "organisme extérieur".
"Lui, on peut l'avoir avec des femmes"
"X est très bien, c'est un type bien, mais il est prêt à toucher de l'argent", déclare notamment Michel Zen-Ruffinen dans la vidéo en cause. A propos d'un autre officiel, le Valaisan affirme: "X est prêt à recevoir de l'argent, nous pouvons aller à (dans une ville X: ndlr) et parler avec lui à une terrasse, pas de problème". A propos d'un troisième responsable, il déclare encore "C'est quelqu'un qu'on peut avoir avec des femmes, pas avec de l'argent".
Ultérieurement, M. Zen-Ruffinen a déclaré au Sunday Times qu'il était "totalement contre" la corruption et qu'il avait simplement proposé de présenter les gens. "Je ne jouerais jamais ce jeu mais il y a des gens qui seraient prêts à le faire", a-t-il ajouté.
"Coupe du monde: des votes à vendre"
La commission d'éthique de la FIFA avait annoncé mercredi soir qu'elle suspendait les deux membres du comité exécutif le Nigérian Amos Adamu et le Tahitien Reynald Temarii soupçonnés de corruption pour la désignation du pays-hôte du Mondial-2018.
La Fédération internationale de football avait convoqué MM. Adamu et Temarii devant sa commission d'éthique à la suite de premières révélations du Sunday Times.
Le quotidien britannique avait mis le feu aux poudres avec une enquête titrée "Coupe du monde: des votes à vendre". Le journal citait principalement leurs deux noms. Amos Adamu, membre nigérian du comité exécutif de la FIFA, aurait réclamé 570.000 euros pour soutenir une candidature.
Reynald Temarii, vice-président de la FIFA et président de Confédération océanique de football (OFC), aurait quant à lui demandé 1,6 million d'euros au profit d'une académie de sports. Il aurait aussi affirmé que deux candidats à l'organisation du Mondial auraient déjà offert de l'argent à l'Océanie pour obtenir son vote.
afp/ag
Lois anti-corruption revues
Le ministère des Sports suisse a confirmé dimanche qu'il était en train de revoir ses lois anti-corruption dans le sport au vu du récent scandale ayant touché la Fédération internationale de football (FIFA), basée à Zurich, sur l'attribution du Mondial-2018. "Je peux confirmer ce qui est dit dans cet article", a déclaré à l'AFP Martin Buehler, porte-parole du ministère de Défense et des Sports, Ueli, Maurer, à la suite d'un article de la Sonntagszeitung annonçant que le ministre avait demandé un rapport à ses services en vue de resserrer les filets de la lutte anticorruption.
La Suisse accueille environ 40 fédérations internationales, en particulier la Fifa, l'UEFA, le Comité international olympique (CIO) et l'Union cycliste internationale (UCI), qui bénéficient d'accords spéciaux en matière de fiscalité.
Le porte-parole de l'Office fédéral des Sports, Christoph Lauener, a déclaré au journal que ce rôle de pays hôte obligeait la Suisse à la plus grande fermeté contre la corruption, un fléau "plus grand pour le sport et son image que le dopage" en raison de la commercialisation croissante des sports.