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La presse anglaise s'insurge contre le vote "truqué"

"Truqué", titre le Sun qui prétend que la Russie connaissait le résultat du vote à l'avance.
"Truqué", titre le Sun qui prétend que la Russie connaissait le résultat du vote à l'avance.
La presse anglaise a dénoncé avec virulence vendredi l'attribution de la Coupe du monde 2018 à la Russie par la FIFA. Elle affirme que le vote avait été "truqué" au détriment de la candidature anglaise. A Moscou, en revanche, la presse a salué cette victoire.

"Truqué!", titre en Une le quotidien le Sun, selon qui "les Russes connaissaient le résultat" du vote. L'éditorialiste du quotidien, l'ancien manager de l'équipe d'Angleterre Terry Venables, qualifie ce vote de "honte", ajoutant: "peut-être ne devrions-nous pas être surpris que la Russie ait obtenu l'organisation de la Coupe du monde 2018. Après tout, la FIFA et le KGB (services secrets soviétiques) sont juste les deux dernières organisations secrètes de la planète. C'est une grande honte. Une honte pour l'Angleterre. Une honte pour le football. Et honte à la FIFA."

"Un système corrompu"

Un autre tabloïd, le Daily Mirror tire lui aussi à boulets rouges sur les choix de la FIFA. "La Russie, un Etat mafieux pourri jusqu'à la moëlle par la corruption; le Qatar (organisateur de la Coupe du monde 2022), un royaume médiéval sans liberté d'expression; les deux nagent dans l'argent du pétrole", affirme le quotidien en première page, en accusant la FIFA d'être "vendue". "La Coupe du monde était-elle un coup monté ?", s'interroge de son côté le Daily Mail.

Dans un éditorial, le Times pointe lui aussi la corruption au sein de la FIFA. "Le système des élections de la Coupe du monde est atrocement corrompu", juge le quotidien pour qui "il est trop restreint, le rendant facile à manipuler, et il est trop secret". Jeudi, le Premier ministre Vladimir Poutine avait estimé que les accusations de corruption portées par les médias anglais contre des membres de la FIFA étaient "inacceptables".

L'argent plutôt que l'écologie

Le Qatar devra construire 12 stades climatisés pour résister à des températures estivales de 50 degrés. [EPA/STRINGER]
Le Qatar devra construire 12 stades climatisés pour résister à des températures estivales de 50 degrés. [EPA/STRINGER]

La presse néerlandaise était également amère vendredi, dénonçant le choix de la FIFA comme celui de l'argent et de la corruption. "Avec La Russie et le Qatar (...) la FIFA a choisi pour les garanties en or et pour l'argent", accuse Hans van Zon, journaliste du quotidien populaire AD, dans son éditorial : "le quartier général de la Fédération internationale de football à Zurich va nager dans les billets de banque".

"Les Pays-Bas et la Belgique ont eu l'illusion que la FIFA serait sensible à l'aspect écologique de leur candidature", ajoute-t-il : "Avec le Qatar, la FIFA fait le choix d'une attaque contre l'environnement: pour une coupe du monde dans des stades à l'air conditionné consommant énormément d'énergie".

A ce propos, l'éditorialiste du Temps rappelle que le Qatar, "un Etat qui ne possède aucune culture footballistique", devra construire intégralement ses douze stades de 21'000 à 86'000 places, des enceintes qui seront complètement fermées et climatisées pour faire face à des températures atteignant 50 degrés en juin et juillet. Le Mondial 2022 sera "celui du mépris envers les problèmes de notre planète", conclut le quotidien romand.

Le mépris de la démocratie

Concernant le choix de la Russie pour 2018, les dirigeants de la FIFA ont opté pour les "moins démocratiques des neufs candidats" et ont "encore attiré l'attention sur leur réputation controversée", affirme de son côté le quotidien de gauche Volkskrant, en référence aux scandales de corruption qui ont éclaboussé récemment la FIFA.

"Bienvenue en Russie : corrompue et sans avenir", titre en pages trois et quatre le NRC next, édition du matin du quotidien économique NRC Handelsblad. "Dans huit ans, la Coupe du monde de football ira dans un pays autoritaire où rien n'évolue", prédit-il.

En Russie, "la démocratie est au plus mal, le président ne peut prendre aucune décision importante sans l'autorisation du Premier ministre et le gouvernement entretient des liens étroits avec le crime organisé et s'enrichit sans vergogne", soutient le NRC next.

Le quotidien catholique Trouw se montrait quant à lui plus fataliste, assurant que la lutte était "inégale" et que l'issue du scrutin était "prévisible". Les Pays-Bas associés à la Belgique, l'Angleterre, la Russie, l'Espagne avec le Portugal étaient candidats pour 2018.

agences/sbo

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La Russie entre joie et inquiétude

La presse russe célébrait vendredi une "victoire" après la désignation de Moscou pour l'organisation du Mondial-2018 de football, mais s'interrogeait sur le coût astronomique pour le pays d'un projet que le Kremlin et Vladimir Poutine ont voulu à tout prix.

"On y croyait, on s'est battus, on a vaincu", titrait le quotidien officiel Rossiïskaïa Gazeta, soulignant que le rêve de la Russie d'organiser pour la première fois de son histoire le Mondial s'était "réalisé."

"Pour la Russie, le projet peut devenir l'un des plus chers et des plus difficiles de son histoire, plus cher même et plus difficile que les jeux Olympiques d'hiver de Sotchi en 2014", commentait cependant le quotidien Kommersant.

Le journal soulignait que tout était à faire en Russie pour organiser cette compétition, prévue dans 13 villes séparées parfois par des milliers de kilomètres, et manquant cruellement d'infrastructures. "Du reste, le cas des JO de Sotchi montre que la rentabilité et les économies dans la préparation d'événements sportifs sont les dernières choses auxquelles pense le pouvoir en Russie", poursuivait Kommersant.

"Sans le championnat, la Russie économiserait des milliards de dollars de fonds publics. Du reste, on pourrait se faire à l'idée de toutes ces dépenses si elles étaient transparentes et contrôlables, en d'autres termes si un tel projet en Russie n'était pas un terrain potentiel pour la corruption", écrivait Nezavissimaïa Gazeta.

Selon les estimations du quotidien des affaires Vedomosti, l'organisation du Mondial "va coûter à la Russie, selon les estimations les plus basses, plus de 50 milliards de dollars." Il faut en effet construire ou reconstruire près de 8000 kilomètres de routes, plus de 2000 kilomètres de voies ferrées, bâtir des hôtels, refaire les pistes d'aéroports, construire de nouveaux terminaux...

"Le prix à payer n'est-il pas trop élevé ?", s'interroge le journal. "L'organisation des JO d'hiver, et maintenant du Mondial de football, tout cela correspond bien à la politique des patriciens de la Rome antique, dont toute la relation à l'égard de la plèbe se résumait à lui fournir du pain et des jeux. Cela s'est mal fini", écrivait encore le journal.

La demande de Poutine

M. Poutine a appelé les sociétés privées du pays à participer au financement de nouvelles infrastructures -stades, routes -qui devront être aménagées pour cet événement et suggéré à M. Abramovitch de "mettre un peu la main à la poche", a indiqué le porte-parole de celui-ci, John Mann.

"Je n'exclus pas que monsieur Abramovitch puisse prendre part à un de ces projets. Qu'il mette un peu la main à la poche, il a beaucoup d'argent", avait déclaré M. Poutine, en présence de l'intéressé, lors d'une conférence de presse jeudi soir à Zurich après la désignation de la Russie.

Le chef du gouvernement russe a évoqué la somme de 300 milliards de roubles (7 milliards d'euros) pour construire ou reconstruire les stades et les infrastructures dans 13 villes de la partie occidentale du pays choisies pour la compétition, mais selon certaines estimations, il faudrait au total jusqu'à 37 milliards d'euros notamment pour les routes et les voies ferrées.

M. Abramovitch, par ailleurs propriétaire du club de football anglais de Chelsea, est "prêt à examiner les différentes options pour participer aux préparatifs du Mondial 2018 en partenariat avec l'Etat russe", a ajouté M. Mann.

En outre, M. Poutine a indiqué que toutes les infrastructures nécessaires devraient être prêtes d'ici à 2017.