Le Qatari Mohammed Bin Hammam, qui s'était fait le chantre anti-corruption, est visé par une procédure de fraude présumée dans le cadre des élections à la FIFA le 1er juin, ce qui devrait laisser le champ libre à son adversaire, le Valaisan Joseph Blatter, pour un quatrième et dernier mandat.
"J'ai l'ambition et la capacité de redorer le blason de la FIFA", expliquait à l'AFP le Qatari, président de la confédération asiatique, qui soulignait encore que ce qui "fait défaut" à la Fédération internationale de football, "c'est cette transparence" que le grand public réclame.
Mais le voilà à son tour rattrapé par la tempête, lui qui avait aussi écrit sur son blog le 12 mai: "Il est impossible de nier que la réputation de la direction de la FIFA a été salie au-delà de toute comparaison sous la présidence de M. Blatter".
Le comité d'éthique de la FIFA, qui avait déjà prononcé des sanctions dans le cadre des affaires de corruption qui avaient éclaté en octobre dernier, a ouvert mercredi une procédure visant quatre responsables, dont Mohammed Bin Hammam et le Trinidadien Jack Warner, vice-président de la FIFA, pour de "possibles violations" du code éthique et allégations de fraude" dans le cadre de l'élection présidentielle de la FIFA du 1er juin. Outre ces deux personnalités de premier plan de la FIFA, sont aussi visés deux dirigeants moins en vue, responsables du foot caribéen, Debbie Minguell et Jason Sylvester.
Leurs arguments de défense sont attendus le 27 mai et leur audience devant le comité d'éthique de la FIFA à son siège de Zurich est prévue le 29 mai... soit trois jours avant l'élection présidentielle de l'instance du football mondial. L'affaire est partie de propos rapportés le 24 mai au secrétaire général de la FIFA Jérôme Valcke par Chuck Blazer, membre du comité exécutif de la FIFA et secrétaire général de la Concacaf. M. Blazer aurait dénoncé en particulier une réunion de la Confédération du football caribéen, apparemment organisée conjointement par Warner et Bin Hammam, qui aurait eu lieu les 10 et 11 mai derniers. Cette réunion aurait été en rapport avec les élections présidentielles à venir à la FIFA.
Le timing joue contre Bin Hammam
M. Bin Hammam pourra-t-il se relever? Le timing joue contre lui. L'homme d'affaire qatari, 62 ans, était déjà incriminé dans un autre dossier par une commission d'enquête parlementaire britannique menée par l'ex-président du comité de candidature anglaise pour le Mondial 2018, Lord David Triesman, et des révélations du "Sunday Times". L'enquête de l'hebdomadaire anglais avançait que deux hauts responsables du football mondial avaient monnayé leur vote dans le cadre de l'attribution du Mondial 2022 pour... le Qatar, fief de Bin Hammam, en échange de 1,5 million de dollars (1,05 million d'euros).
La procédure ouverte mercredi, si elle souille un peu plus l'image de la FIFA, sert évidemment la candidature de Sepp Blatter, qui avait fait part à l'AFP de son "plan tolérance zéro", pour lutter contre la corruption "avec le renforcement des outils juridiques et éthiques" et une "idée d'un conseil de sages avec des personnalités venues hors du monde du foot".
Complot?
Les partisans de Bin Hammam vont sans doute crier au complot. Le camp Blatter pourra toujours rétorquer que le président en exercice n'avait vraiment pas besoin de ça pour briguer un quatrième et dernier mandat à la présidence. Amérique du Sud, Afrique, Océanie, Europe: les soutiens déclarés avaient déjà afflué en faveur du dirigeant suisse de 75 ans, qui semblait se diriger, sauf coup de théâtre, vers une réélection dans un fauteuil. Il y a bien eu coup de théâtre... mais au dépens de Bin Hammam.
afp/tai
"Le Mondial 2022? En juin c'est parfait"
Mohammed Bin Hammam, président de la confédération asiatique, a indiqué que les Qataris étaient "très contents avec la date actuelle" de la Coupe du monde 2022 et avaient "promis au monde d'organiser une Coupe du monde exceptionnelle en juin/juillet". Des doutes ont été exprimés par de nombreux responsables du football sur l'opportunité d'organiser la Coupe du monde 2022 au Qatar en été, où les températures seront très élevées, avec des pics entre 40 et 50 degrés.
Michel Platini, président de l'UEFA, avait déclaré le 20 mars à l'AFP espérer que le Mondial 2022 au Qatar se joue en hiver, "du 20 novembre au 20 décembre". "Juste avant Noël, ce serait super", avait même souligné M. Platini.