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L’Angleterre et sa jeune garde pour conjurer le sort

Harry Kane (ici face à la Suisse en qualifications) représente l'avenir de la sélection anglaise.
Harry Kane (ici face à la Suisse en qualifications) représente l'avenir de la sélection anglaise.
Emmenée par le talent et la fougue de sa nouvelle génération, l’Angleterre fait son entrée dans l’Euro samedi face à la Russie, à Marseille. Vingt ans après sa dernière demi-finale continentale, chez elle en 1996, la formation des "Three Lions" va-t-elle enfin retrouver son standing? Journaliste à beIN Sports et visage du football britannique en France, Darren Tulett a son idée.

Cela fait maintenant cinquante ans que l’Angleterre n’a pas eu l’occasion de toiser le reste de l’Europe, et du monde. Cinquante ans et son triomphe dans sa "World Cup". Cinquante ans que la photo de Bobby Moore soulevant la coupe Jules Rimet prend la poussière, sans que cela ne surprenne plus personne. Tout juste les supporters britanniques ont-ils eu l’occasion, un court instant, de croire au miracle. Un non-sens pour la terre où le football est né.

"Chaque année c’est pareil. On part avec un espoir un peu désespéré parce qu’on s’est habitué depuis longtemps à ne plus participer à une demi-finale, et encore moins à une finale, dans un grand tournoi, explique Darren Tulett. Cette année, ce n’est pas évident de voir comment on va pouvoir faire mieux", concède le journaliste avec fatalisme.

Beaucoup de talent mais un manque de tauliers

Pourtant, quelques éclaircies ont fait leur apparition dans la brume qui entoure le football anglais depuis cinq décennies. Des éclaircies qui ont pour noms Harry Kane (22 ans), Raheem Sterling (21) ou encore Dele Alli (19). "Lorsqu’on regarde l’équipe, qui est en pleine reconstruction actuellement, on constate qu’il y a pas mal de talent, mais que les joueurs les plus talentueux sont aussi les plus jeunes. On a du mal à croire que ces jeunes-là vont arriver à être compétitifs contre les meilleures équipes d’Europe", explique-t-il.

"C’est une chose de vouloir leur faire acquérir de l’expérience, c’en est une autre de penser qu’ils vont pouvoir remporter le tournoi. Si vous n’avez pas de cadres talentueux et expérimentés autour de vous pour vous guider, ce n’est pas évident, poursuit le natif de Shoreham-by-Sea, dans le Sussex. Aujourd’hui, seul Wayne Rooney peut remplir ce rôle. On a de jeunes joueurs qui, on l’espère, seront des joueurs de classe mondiale demain. Mais ils ne sont pas capables aujourd’hui à 19, 20 ou 21 ans d’aller remporter un titre de cette importance."

Si le sacre européen semble inaccessible pour les boys de Roy Hodgson, qu’est-on en droit d’attendre d’eux? "Très peu d’équipes vont quitter le tournoi après le 1er tour vu que les deux premiers et les meilleurs troisièmes seront qualifiés. Si l’Angleterre ne va pas au moins en 8es de finale ou en quarts, ça sera une énorme déception. Mais les déceptions, on commence à y être habitués", soupire l’ancien journaliste de Canal +.

Un groupe très abordable… sur le papier

Sur le papier, le groupe B dévolu aux Anglais n’a en tout cas rien d’insurmontable. Avec la Russie, la Slovaquie et le Pays de Galles, le sort n’a pas placé sur leur route les places fortes du Vieux Continent. "Sur le papier, le groupe n’a pas l’air très compliqué. Mais quand on y regarde de plus près, on ne sait pas si c’est un bon tirage ou pas", analyse Darren Tulett.

"La Russie va jouer ce tournoi en sachant que la Coupe du monde a lieu chez elle dans deux ans et sera donc dans l’obligation de briller. La Slovaquie peut compter sur des joueurs brillants comme Hamsik (Naples). Attention à elle, c’est son premier Euro. Il ne faut pas oublier qu’elle avait battu l’Italie lors de son premier Mondial en 2010. Et puis il y a le Pays de Galles. C’est le genre de match où les Gallois n’auront rien à perdre et ils ne se priveront pas s’ils peuvent battre le grand frère anglais. Mine de rien, ce groupe n’est pas aussi facile que ça."

Difficile donc de se faire une idée sur la valeur réelle de cette équipe d’Angleterre millésime 2016. Sortie du tunnel ou énième déception pour les "Three Lions" ? Premier élément de réponse samedi face à la Russie, dès 21h00 au Stade Vélodrome.

>> A lire aussi : La dernière pièce du puzzle est posée, la Suisse est prête

Axel David -  @axel_david7

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"Roy Hodgson, l’homme de la situation »

"Je trouve que Roy Hodgson a une maturité intéressante. Pour un 'vieux', il est assez moderne, il a du recul. Dans le football moderne, les Anglais sont casaniers, la Premier League est pour eux le football le plus excitant, le meilleur championnat, etc. On est un peu punis par cette situation car, malheureusement, aucun Anglais ne joue à haut niveau à l’étranger. Personnellement, je pense que c’est une faiblesse pour notre équipe nationale", explique Darren Tulett.

"Lorsque vos meilleurs joueurs évoluent à l’étranger, ils apprennent d’autres cultures footballistiques, d’autres plans tactiques. Hodgson est obligé d’utiliser des joueurs qui ne connaissent que la Premier League et qui sont parfois limités d’un point de vue tactique. Mais il a le recul pour apprendre beaucoup à ces jeunes-là, qui sont à l’écoute et qui ont du respect pour lui. Par son calme, il arrive à instaurer un certain niveau de confiance dans cette équipe. Il montre aux jeunes qu’il est prêt à leur faire de la place s’ils le méritent. Et c’est un discours que les jeunes apprécient aujourd’hui."

"Tottenham, le futur de l’équipe nationale"

Comment expliquer l’éclosion d’autant de jeunes dans un championnat aussi compétitif? "Il y a plusieurs raisons. Lorsque les jeunes Anglais s’entraînent régulièrement avec ce qui se fait de mieux sur la planète football, il y a deux possibilités : soit ils se disent ‘je ne vais jamais y arriver’ et ils se résignent, soit ils prennent ça comme un challenge et se disent ‘si je veux faire carrière, il faut que je sois aussi bon que ces mecs-là ou que je les devance en travaillant encore plus’, expose le journaliste de beIN Sports. Ian Wright, ancien attaquant d’Arsenal au début des années 90 quand les joueurs étrangers sont arrivés en masse, a vu ça de manière positive car il aimait se frotter à tous ces bons joueurs, ça lui permettait de se remettre en question."

D’où le rôle primordial de l’entraîneur, qui au final prend la décision de laisser sa chance à tel ou tel élément. "On le voit avec Mauricio Pochettino à Tottenham qui, depuis qu’il est au club, fait l’effort d’utiliser des jeunes du centre de formation et on voit le résultat: il y en a 5 ou 6 qui sont devenus internationaux. Quand on regarde l’équipe de Tottenham, on voit l’équipe d’Angleterre d’aujourd’hui et de demain avec Harry Kane (22 ans), qui marque but sur but, Dele Alli (19 ans), qui était en 3e division il y a un an, etc."