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J-M.Pfaff: "La Belgique doit faire bonne figure"

Jean-Marie Pfaff a connu les heures de gloire des Diables Rouges dans les années 1980. [AFP - Eric Lalmand]
Jean-Marie Pfaff a connu les heures de gloire des Diables Rouges dans les années 1980. - [AFP - Eric Lalmand]
Vice-champion d'Europe en 1980, Jean-Marie Pfaff a gardé la cage de la Belgique durant plus d'une décennie. Joint par téléphone, l'ancien gardien du Bayern Munich revient sur la période dorée des Diables Rouges et sur les chances de la bande d'Eden Hazard à l'Euro 2016, avant son premier match face à l'Italie, lundi à Lyon.

RTSsport.ch: Vous avez disputé l'Euro à deux reprises, en 1980 et 1984. Quels souvenirs en gardez-vous?

JEAN-MARIE PFAFF: J’en garde de très bons souvenirs, pour moi et pour la Belgique. Le plus beau reste l’Euro en Italie lors de l’Euro 1980. Nous avions d’abord fait match nul contre l’Angleterre (1-1), puis avions battu l’Espagne (2-1) avant de faire match nul contre l’Italie lors du dernier match de groupe (1-1), ce qui nous a permis de jouer la finale contre la RFA. Cet Euro 1980 reste un formidable souvenir.

RTSsport.ch: Trente-six ans après, la défaite face à la RFA est-elle toujours aussi amère?

JEAN-MARIE PFAFF: Chaque fois que l’on perd, cela fait mal. Chaque défaite doit nous permettre d’apprendre quelque chose malgré la déception. Même si on est bien préparé, il peut se passer des choses, on ne peut pas tout contrôler. On a joué cette finale comme on s’était entraîné. Nous avons fait un bon match, mais les Allemands se sont battus jusqu’au bout et se sont imposés en toute fin de match (réd: 2-1).

"Nous voulions réussir ensemble"

RTSsport.ch: Cela reste à ce jour la seule finale de la Belgique dans un grand tournoi...

JEAN-MARIE PFAFF: A l’époque, les clubs ne pouvaient pas aligner plus de deux étrangers en match. C’était très différent d’aujourd’hui. Avant il y avait toujours de la qualité dans le pays. Il y avait des sélectionné belges en Belgique, et maintenant ils jouent un peu partout. Mais ça permet de côtoyer d’autres mentalités, c'est bon pour le caractère et l'expérience.

RTSsport.ch: La période 1980-1986 constitue-t-elle pour vous l'âge d'or du foot belge?

JEAN-MARIE PFAFF: Les frontières n’étaient pas ouvertes comme aujourd’hui pour les footballeurs. Nous avions une autre mentalité, nous voulions réussir ensemble, travailler ensemble pour atteindre ce que nous voulions. Nous avions de très bons joueurs et nous sommes allés à la Coupe du monde au Mexique en 1986, où nous avons fini à une belle quatrième place, au même niveau que les grandes équipes comme le Brésil, la France, et les autres. C’était un succès, en tout cas personnel, de toujours faire plus, toujours croire à la victoire, pour peut-être devenir champion du monde.

Jean-Marie Pfaff s'interpose ici devant l'Espagnol Emilio Butragueno lors du Mondial 1986 au Mexique. [AFP - STAFF]
Jean-Marie Pfaff s'interpose ici devant l'Espagnol Emilio Butragueno lors du Mondial 1986 au Mexique. [AFP - STAFF]

RTSsport.ch: Peut-on comparer la génération de 1986 avec la génération actuelle?

JEAN-MARIE PFAFF: Non absolument pas. C’était un tout autre groupe. Aujourd’hui, aucun joueur de l’équipe nationale ne joue en Belgique. Ils jouent à Liverpool, Arsenal, Tottenham, etc. A notre époque, le football était un hobby et on n’était pas millionnaires. Aujourd’hui, les joueurs gagnent des fortunes. La mentalité et la qualité ne sont pas les mêmes entre les deux générations, il y a plus de possibilités, de "luxe". Avant on ne se posait pas de questions, on était fier de porter l’emblème de l’équipe de Belgique sur la poitrine.

"Les Allemands sont favoris"

RTSsport.ch: La Belgique a récemment figuré au 1er rang du classement FIFA. Est-ce que ça en fait l'un des favoris pour l’Euro 2016 ?

JEAN-MARIE PFAFF: Je ne veux pas faire de pronostics, mais pour moi le no1 c’est l’Allemagne. Les Allemands sont les favoris. d’abord parce qu’ils sont champions du monde en titre. Ils ont du succès à chaque tournoi et ce depuis plusieurs années. La Belgique a, elle, sorti de bons joueurs, alors on doit marquer des buts, bien figurer dans le tournoi, c’est une question d’honneur.

RTSsport.ch: Quelles sont les forces des Diables Rouges ?

JEAN-MARIE PFAFF: Notre grande force est d'avoir plusieurs joueurs par poste et ça fait au moins 10 ans qu’on n’a pas eu ça. Du coup ça nous donne une chance et ça nous permet aussi de moins "respecter" les adversaires.

RTSsport.ch: Eden Hazard a connu une saison en demi-teinte et Vincent Kompany est forfait. Cela vous inquiète-t-il?

JEAN-MARIE PFAFF: Oui bien sûr. Mais c’est toujours comme ça dans le foot, et tous les joueurs qui seront en France devront être au top. On ne peut pas aller à l'Euro avec des joueurs blessés ou en méforme.

Propos recueillis par Axel David - @axel_david7

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Jean-Marie Pfaff en bref

Né le 4 décembre 1953 à Lebbecke/BEL

Professionnel de 1973 à 1990

Poste: gardien

Parcours professionnel:
1973-1982: KSK Beveren (305 matches)
1982-1988: Bayern Munich (156)
1988-1989: Lierse (23)
1989-1990: Trabzonspor (22)

64 sélections avec la Belgique

Palmarès en sélection:
Finaliste de l'Euro 1980
Demi-finaliste de la Coupe du monde en 1986

Palmarès en club:
Finaliste de la Coupe d'Europe des clubs champions en 1987
Champion de Belgique en 1979
Champion d'Allemagne en 1985, 1986 et 1987
Vainqueur de la Coupe de Belgique en 1978
Vainqueur de la Coupe d'Allemagne en 1984 et 1986