Conséquence immédiate de la décision prise par la plus haute juridiction sportive basée à Lausanne, l'ancien meneur de jeu de l'équipe de France a annoncé dans un communiqué qu'il démissionnait de la présidence de l'UEFA "pour poursuivre (son) combat devant les tribunaux suisses", tout en dénonçant "une profonde injustice".
Le passage au TAS constituait le dernier recours sportif pour Platini, qui espérait retrouver son costume de patron de l'instance européenne et donner le coup d'envoi de l'Euro 2016, qui débute le 10 juin en France. Platini n'a d'ailleurs pas manqué de relever que la durée de sa suspension l'"empêchera de facto et, comme par hasard, de (se) présenter à la prochaine élection du président de la FIFA" en 2019.
Absence de repentir
Au coeur de la procédure: un paiement de 2 millions de francs reçu en 2011 de la FIFA pour rémunérer un travail de conseiller de Joseph Blatter, alors président de l'instance, achevé en 2002 sans contrat écrit. Une affaire révélée en septembre dernier sur la lancée du vaste scandale de corruption qui ébranle la FIFA et a précipité la chute des deux hommes les plus puissants de la planète football.
Platini et Blatter ont toujours affirmé qu'il s'agissait d'un solde de tout compte sur la base d'un contrat oral, engagement reconnu en Suisse. Un argument qui n'avait pas convaincu la justice interne de la FIFA qui a suspendu le 21 décembre les deux hommes de toute activité liée au football durant huit ans, les jugeant coupables "d'abus de position", de "conflit d'intérêts" et de "gestion déloyale". Cette punition avait ensuite été ramenée à six ans en appel.
Le TAS a certes "constaté l'existence d'un contrat valable" liant Platini et la FIFA. Mais le tribunal arbitral, qui a également réduit de 80'000 à 60'000 francs l'amende infligée par la Fédération internationale au triple Ballon d'Or, n'a pas pour autant été "convaincue de la légitimité de ce versement (...) reconnu par les seuls MM. Platini et Blatter et (...) ne reposant sur aucun document établi à l'époque des relations contractuelles".
Si le TAS a estimé que la suspension de six ans était "trop sévère", il a précisé qu'"une sanction sévère (réd: quatre ans) pouvait se justifier", notamment "en raison de l'absence de repentir" de Michel Platini.
agences/adav
Vacance du pouvoir
La mise à l'écart définitive de Platini ouvre une période d'incertitudes à la tête de l'UEFA, confrontée à une terrible vacance du pouvoir depuis la suspension du Français et désormais à la recherche d'un nouveau président.
Le Comité exécutif de l'instance européenne avait décidé le 3 mai à Budapest de prendre une décision le 18 mai sur le cas Platini. Dans l'attente du verdict du TAS, l'UEFA n'avait pas nommé formellement de président par interim, l'Espagnol Angel Maria Villar, en tant que vice-président senior, prenant la parole dans les grandes occasions.
L'élection d'un nouveau patron de la Confédération européenne pourrait, en théorie, être organisée en urgence, sans le délai de trois mois de campagne électorale prévu par les statuts.
Deux noms reviennent avec insistance pour succéder à Michel Platini: Michael van Praag, le président de la Fédération néerlandaise, âgé de 68 ans et candidat contre Joseph Blatter à la tête de la Fifa en 2015 mais qui s'était finalement retiré au profit du Prince jordanien Ali, et Fernando Gomes, âgé de 64 ans et dirigeant de la Fédération portugaise.