La FIFA ou la crise perpétuelle: les bureaux de Markus Kattner, ex-secrétaire général par intérim, ont été perquisitionnés par la justice suisse, tandis que le président actuel Gianni Infantino est accusé par la presse allemande de vouloir effacer des enregistrements compromettants.
"La crise est terminée", affirmait Infantino le 13 mai lors du congrès de la Fifa à Mexico. L'Italo-Suisse de 46 ans s'est probablement un peu avancé. La vague des perquisitions au siège de l'instance à Zurich, lancée le 27 mai 2015 sur fond de corruption à grande échelle, se poursuit.
L'Allemand Markus Kattner dans le viseur de la justice
La justice suisse ne l'a rendu public que vendredi, mais jeudi, lors d'une perquisition, des documents ont été saisis, plus précisément dans les bureaux de Markus Kattner, a précisé une source à la FIFA.
Cet Allemand de 45 ans, directeur financier, secrétaire général adjoint puis secrétaire général par intérim, avait été limogé le 23 mai, suspecté par la FIFA de "manquements" financiers en lien avec ses fonctions qui pourraient se chiffrer à des millions de dollars.
Il lui est reproché d'avoir touché des bonus énormes, pourtant apparemment prévus dans des additifs à son contrat, mais dont les termes étaient gardés secrets au sein de la Fifa et que seules quelques personnes auraient connus et autorisés. "Nous parlons là de sommes importantes, des millions de dollars", avait assuré le 23 mai une source proche de l'enquête interne à plusieurs journalistes, dont un de l'AFP.
afp/bao
Infantino pas concerné par cette enquête
Gianni Infantino, élu le 26 février, n'est pas concerné par cette enquête, mais son état de grâce est bel et bien terminé. Il y a quelques jours, le Frankfurter Allgemeine Zeitung affirmait qu'il a refusé le salaire qui lui a été proposé, le jugeant insuffisant.
Puis le journal allemand Die Welt a assuré jeudi qu'Infantino pourrait faire l'objet d'une procédure de la justice interne de la FIFA. Selon le quotidien, le no1 du foot mondial encoure une suspension provisoire de 90 jours pour avoir demandé dans des courriels la destruction de l'enregistrement des minutes où la question de son salaire était évoquée lors dernier Conseil (gouvernement de la FIFA) tenu à Mexico.
"Aucune procédure formelle n'a été ouverte contre M. Infantino", a répondu vendredi Roman Geiser, porte-parole de la commission d'éthique, la justice interne de la Fifa, dans une mise au point transmise à l'AFP.
La Fifa a précisé que "l'échange de mails se référait à la destruction d'une copie des enregistrements originaux stockés de façon non conforme sur un serveur local" et ne concernait "pas l'enregistrement officiel archivé". "Ce fichier existe et est conservé à la FIFA", ajoute la fédération internationale.
Infantino n'a pas encore atteint la barre des 100 jours de mandat, mais le contexte est déjà tendu autour de lui. Au lendemain du premier congrès qu'il présidait, à Mexico, Domenico Scala, président de la commission d'audit et de conformité de la FIFA, a démissionné. Ce personnage central des réformes engagées depuis les révélations des scandales à grande échelle, fin mai 2015, dénonçait en claquant la porte la remise en cause de l'indépendance des organes d'enquêtes internes.
Blatter et deux ex-lieutenants ont partagé 79 millions de francs
Sepp Blatter, et ses ex-lieutenants Jérôme Valcke et Markus Kattner, se sont partagé 79 millions de francs "dans un effort coordonné d'enrichissement personnel" au cours des 5 dernières années. C'est ce qu'a spécifié la FIFA en précisant que cela avait été fait à travers des contrats et des compensations.
La fédération internationale de football, basée à Zurich, a indiqué avoir livré ces informations à la justice suisse et va les partager avec la justice américaine. "Certains contrats contiennent des dispositions qui semblent violer le droit suisse", expose encore la FIFA au sujet des avenants et systèmes de bonus de ses 3 anciens dirigeants.