"J'ai été pris de court par tout ce qu'il s'est passé"

RTSsport: Comment est survenue la décision de prendre votre retraite internationale?

GELSON FERNANDES: Je voulais vivre une belle Coupe du monde en Russie, aller le plus loin possible et finalement décrocher un quart de finale. C'était un objectif important pour moi et je me suis beaucoup investi pour lui durant ces années. Mais bon, cela n'est pas passé. Il aurait peut-être fallu en faire plus encore, je ne sais pas. Après le dernier match, j'ai remercié ma famille, mes amis, les gens qui me sont proches pour leur annoncer mon retrait et que pour moi le moment était venu.

C'est parti dans un tourbillon médiatique, c'était fou

Puis, je voulais le communiquer. J'avais plusieurs pistes de réflexions. Est-ce que je fais un simple communiqué ? Est-ce que j'organise une conférence de presse ? Je ne savais pas trop. Et après, je me suis dit que j'allais peut-être convier à la fin du mois d'août, au calme, quelques journalistes pour un point presse avec un apéro dînatoire. Quelque chose de convivial. Mais j'ai été pris de court par tout ce qu'il s'est passé.

Ce jour-là, j'étais avec ma femme à la maison et je lui ai dit: 'je vais devoir communiquer et vite parce que cela part un peu en cacahuète'. Et donc, on s'est assis et elle a écrit pendant que je parlais. Ouais... C'est parti dans un tourbillon médiatique, c'était fou. Je n'en veux pas à Valon. Cependant, c'est vrai que j'aurais aimé que les noms des autres personnes concernées ne sortent pas dans la presse.

RTSsport: Finalement, cette affaire "Behrami" a pris une ampleur qui a relégué tout le reste au second plan.

GELSON FERNANDES: Oui, un peu. Finalement, l'annonce de ma retraite a pu être comprise différemment: 'il n'est plus pris, donc il arrête'. Alors que la décision était déjà survenue plus tôt. C'est pour cela que j'ai essayé de détailler au mieux mon choix.

RTSsport: Comment cela s'est-il passé avec le sélectionneur Vladimir Petkovic?

GELSON FERNANDES: Très bien. Nous avons parlé pendant une heure et demie au téléphone. De l'intérieur, j'ai tout vécu. Après onze ans en équipe nationale, je savais que pour franchir un autre cap, il fallait que nos jeunes joueurs aient un vécu commun. Un vécu qui passe par des matches, des défaites comme hier (ndlr: mercredi en amical contre le Qatar). Cela fait partie du jeu, de l'apprentissage.

Je crois que le manque de communication, de clarté s'est fait ressentir

Mais pour que ces jeunes joueurs puissent construire ce vécu, il faut leur laisser de la place. Ce n'est pas un cadeau que je fais, car ils doivent l'assumer ensuite. Dans la durée, c'est important. Et je ressentais que c'était le bon moment. Deux ans avant un Euro, quatre ans avant la prochaine Coupe du monde où j'aurai 35 ans. Si tu ne le fais pas là... J'espère que l'équipe ira loin dans ces compétitions. Je serais peut-être avec les journalistes aux commentaires ou avec un cigare dans les tribunes (rires).

RTSsport: Quel regard, avec le recul, portez-vous sur l'été chaotique de l'équipe nationale après le Mondial?

GELSON FERNANDES: Je crois que le manque de communication, de clarté s'est fait ressentir. Il aurait fallu peut-être convoquer une conférence de presse deux jours, un jour après même, ne pas laisser les éditos et les articles fleurir pour éviter le "bordel". Car l'idée, le projet de Petkovic ne sont pas stupides en soi. Ils sont cohérents, défendables.

Propos recueillis à Francfort par Ludovic Perruchoud