Championne du monde ! Face au Nigeria, qui évoluait dans sa capitale Abuja devant 64'000 spectateurs acquis à sa cause, la Suisse a remporté la Coupe du monde des moins de 17 ans en s'imposant 1-0 en finale. La délivrance est venue d'une tête de Seferovic à la 63e. Historique, puisque jamais une sélection de l'ASF n'avait triomphé dans un Mondial jusque-là.
Ce sacre a confirmé que la Suisse avait sa place à la table des meilleurs pays formateurs de la planète. Et que les joueurs à croix blanche de cette classe d'âge n'ont véritablement rien à envier à leurs adversaires, puisque le seul autre titre international conquis par des Helvètes était celui de champion d'Europe en 2002 chez les M17 déjà.
Siegrist impeccable tout au long du match
A la base de ce succès, la parfaite organisation défensive mise en place par le sélectionneur Dany Ryser et symbolisée en finale par les miracles de Benjamin Siegrist - désigné meilleur gardien du tournoi - et l'intransigeance de Charyl Chappuis dans l'axe. Car la tâche de la Suisse, à savoir contenir la vivacité des Nigérians, n'était pas facile.
D'ailleurs, l'entame de rencontre fut douloureuse pour les Helvètes. Etouffés par la furia nigériane, les protégés de Ryser ne devaient leur maintien à flots qu'à Siegrist, auteur notamment de deux arrêts déterminants aux 5e et 6e minutes, sur des tentatives d'Ajagun et Oliha, et qui avait été sauvé sur sa ligne à la 4e par Kamber sur un premier tir d'Ajagun.
Sonné après un choc avec Emmanuel, le portier d'Aston Villa passait quelques minutes avec le soigneur, ce qui permettait à la Suisse de respirer. Etouffés, peut-être aussi crispés, les protégés de Ryser mirent du temps à trouver leur souffle et les solutions pour bloquer les percées individuelles de leurs véloces adversaires, notamment Envoh, Ajagun et Emmanuel.
Le réalisme offensif suisse extraordinaire
Malmenée, imprécise, dominée dans le jeu, la Suisse fit cependant honneur à sa réputation d'équipe réaliste et efficace. Redoutablement efficace même. Peu après l'heure de jeu, Buff bottait un corner sur la tête de Seferovic, qui s'offrait son cinquième but dans la compétition, terminant ainsi à égalité avec Emmanuel au sommet de la hiérarchie des buteurs. L'attaquant des Grasshoppers concluait de cette manière un magnifique tournoi pour lui et son comparse Nassim Ben Khalifa (GC lui aussi).
Par la suite, le Nigeria doutait, ne trouvait pas de solution devant la très solidaire défense helvétique. Et n'avait pas plus de chance qu'en première mi-temps, Otubanjo trouvant la transversale sur une tête puis Siegrist réalisant un nouveau miracle face à Okoro (78e).
L'avenir en question
Place maintenant aux questions concernant l'avenir de cette génération exceptionnelle. Les treize binationaux resteront-ils dans le giron de l'ASF une fois l'âge adulte atteint, ou préféreront-ils défendre les couleurs de leurs pays d'origine, à l'image des Petric, Rakitic ou Kuzmanovic ? Et, surtout, quelles tournures vont prendre les carrières respectives de ces jeunes «héros» ?
Car une telle ligne à son palmarès n'est nullement la garantie d'un passage flamboyant au professionnalisme, et encore moins d'un futur international assuré. De la sélection championne d'Europe M17 en 2002, seuls Philippe Senderos, Tranquillo Barnetta, Reto Ziegler et - dans une moindre mesure - Sandro Burki ont par la suite tutoyé les sommets et l'équipe nationale A.
Or, si quelques autres encore, comme Bühler, Siqueira-Barras, Diethelm et Antic, ont pu mener des carrières à des niveaux intéressants, bien des hommes dirigés à l'époque par Markus Frei sont ensuite retombés dans l'anonymat de la Challenge League, voire même des ligues inférieures.
Les 21 Suisses champions du monde:
Gardiens:
Joel Kiassumbua (06.04.1992/Lucerne)
Benjamin Siegrist (31.01.1992/Aston Villa)
Raphael Spiegel (19.12.1992/Grasshopper)
Défenseurs:
Charyl Chappuis (12.01.1992/Grasshopper)
André Gonçalves (23.01.1992/Zurich)
Sead Hajrovic (04.06.1993/Arsenal)
Janick Kamber (26.02.1992/Bâle)
Bruno Martignoni (13.12.1992/Locarno)
Ricardo Rodriguez (25.08.1992/Bâle)
Robin Vecchi (03.01.1992/Bâle)
Frédéric Veseli (20.11.1992/Manchester City)
Milieux et attaquants:
Nassim Ben Khalifa (13.01.1992/Grasshopper)
Roman Buess (21.09.1992/Bâle)
Oliver Buff (03.08.1992/Zurich)
Pajtim Kasami (02.06.1992/Lazio Rome)
Igor Mijatovic (21.11.1992/Bellinzone)
Maik Nakic (17.01.1992/Sion)
Kofi Nimeley (11.12.1992/Bâle)
Haris Seferovic (22.02.1992/Grasshopper)
Matteo Tosetti (15.02.1992/Locarno)
Granit Xhaka (27.09.1992/Bâle)
si/rsch
Ce qu'ils ont dit
DANY RYSER: Champions du monde ? Ca sonne magnifiquement bien. Cela va prendre beaucoup de temps avant que nous réalisions. Ce titre est mérité, nous avons dépassé nos limites dans cette finale. Nous avons fait d'un rêve une réalité, grâce au fait que nous nous soyons très bien préparés pour contrer la vitesse du Nigeria. Ce que toute l'équipe a montré est impensable. Il n'y a pas de mot pour décrire ce que le groupe a réussi. La nuit va être courte, et nous ne l'oublierons jamais. A eux de profiter pleinement du moment présent car ces moments sont uniques et ils ne durent que peu.
HARIS SEFEROVIC: Nous savions que le Nigeria ne pourrait pas évoluer sur un tempo si élevé tout le match. Je ne me suis pas encore rendu compte de l'importance de mon but. Aujourd'hui, nous n'allons pas nous coucher de si tôt. Ca, c'est une certitude.
OTTMAR HITZFELD: C'est fou ! Un succès historique, qui fait déjà partie de la légende. Nous avons déjà utilisé tous les superlatifs durant ce tournoi, mais ce dernier chapitre a atteint des sommets. L'équipe a réalisé en finale une nouvelle performance de choix et a toujours cru au titre. Dany Ryser a également mis en place sa formation de manière admirable, notamment dans l'organisation défensive. Car le Nigeria était l'adversaire attendu, fort, rapide, qui va toujours au bout de ses possibilités. C'est pourquoi il a aussi fallu de la chance, mais une chance que la Suisse a vraiment méritée.
TRANQUILLO BARNETTA: La classe mondiale ! Toute la Suisse est fière de ces jeunes, de cette équipe qui a dominé les meilleures formations du monde dans ce tournoi. C'est un succès incroyable pour un petit pays comme le nôtre.
ALEXANDER FREI: Le titre est absolument mérité. La formation de Dany Ryser a été tout simplement la meilleure équipe du tournoi. Elle a surpassé toutes les autres sur les plans techniques et tactiques. Cette septième victoire en sept matches est la cerise sur le gâteau. Il s'écrit toujours de belles histoires dans le football, mais dans tous les cas, seuls comptent les qualités. Ce titre en est une nouvelle et merveilleuse preuve.
Coupe du monde M17, finale
SUISSE - Nigeria 1-0 (0-0)
63'Seferovic
Suisse: Siegrist; Martignoni (67e Gonçalves), Chappuis, Veseli (79e Hajrovic), Rodriguez; Xhaka (92e Nimeley), Buff, Kasami, Kamber; Seferovic, Ben Khalifa.
Nigeria: Paul; Oliha, Chukwudi, Omeru, Aliyu; Egbedi (71e Kayode), Azeez, Ajagun, Envoh; Omeruo, Emmanuel (77e Otubanjo).
Notes:
4e sauvetage sur la ligne de Kamber
78e tête sur la transversale d'Otubanjo
Avertissements: 20e Buff, 53e Martignoni, 80e Kayode, 81e Xhaka.
Arbitre: Vazquez (URU)
Abuja: 60'000 spectateurs
Le Palmarès de l'épreuve
1985 (Chine): Nigeria
1987 (Canada): URSS
1989 (Ecosse): Arabie Saoudite
1991 (Italie): Ghana
1993 (Japon): Nigeria
1995 (Equateur): Ghana
1997 (Egypte): Brésil
1999 (Nouvelle-Zélande): Brésil
2001 (Trinité & Tobago): France
2003 (Finlande): Brésil
2005 (Pérou): Mexique
2007 (Corée du Sud): Nigeria
2009 (Nigeria): SUISSE