Battue par l'Uruguay 3-1, la Suisse fait peine à voir

"Je veux des joueurs conquérants et le droit à l'erreur
n'est pas permis!". Ottmar Hitzfeld n'y était pas allé par
quatre chemins avant ce Suisse-Uruguay de St-Gall, il voulait voire
autre chose que contre la Norvège (0-1) en novembre dernier à
Genève. Raté, encore raté. Le 700e match de la Nati n'a été rien
d'autre qu'un fiasco.



Le capitaine Inler - un penalty brillamment transformé tout de
même - et ses coéquipiers n'ont pas montré grand-chose, se faisant
le plus souvent danser sur les plates-bandes par des Sud-Américains
autrement plus affûtés sur le plan technique. Pis, le premier but
de la "Celeste" découle d'une grosse erreur du néophyte Rossini.
Comme baptême du feu on a vu mieux!

Des essais peu concluants

Tout mettre sur le
dos du Tessinois serait pourtant bien malvenu. Les essais du
sélectionneur se sont révélés guère concluants dans leur ensemble.
Si Rossini et Grichting manquent évidemment d'automatimes pour
rêver mener la vie dure aux cadors Forlan et Suarez, le jeune
Shaqiri (18 ans) a été bien trop nerveux sur son aile.



Maîtrisant parfaitement le jeu court, les changements de rythme ou
encore les petits ballons par-dessus la défense, la "Celeste" s'est
littéralement amusée avec une arrière-garde suisse peu à son
affaire. Et sans un Wölfli parfaitement concentré, pas sûr que les
Helvètes seraient allés au thé sur ce 1-1 chanceux...



Mais voilà, Hitzfeld a bien trop de vécu pour ne pas voir qu'en
jouant de la sorte, ce n'est pas vers l'Afrique du Sud que la Nati
allait, mais bien directement au casse-pipe! L'Allemand a ainsi
introduit Von Bergen, Chiumiento, Bunjaku et Barnetta dès la
reprise. L'ambiance dans le stade, elle, ne changeait guère. A part
les tambours sud-américains, on n'entendait rien... si ce n'est les
joueurs! Pas mieux qu'autour d'un terrain de 3e ligue!

La suite plus pitoyable encore

Le mirage espéré par le sélectionneur avec ses nouveaux entrés
n'aura duré que trois minutes, le temps pour Suarez de déloger
l'araignée d'une splendide de mi-volée. Du grand art, rien à
redire. Le garçon a tout de même inscrit 38 buts en 36 matches avec
l'Ajax Amsterdam. La suite ne fut que plus pitoyable encore.



A 99 jours de la Coupe du monde, les inquiétudes ne se sont pas
estompées, bien au contraire. Certes, on pourra dire que bien des
éléments-clé sont actuellement blessés, que ce ne sont que des
matches de préparation, bla bla bla. Le constat n'en reste pas
moins implacable. Ce revers face à l'Uruguay, équipe supposée être
de valeur semblable au Chili et au Honduras, rendent bien
illusoires aujourd'hui les rêves de huitièmes en Afrique du Sud cet
été.



A l'heure qu'il est, Hitzfeld doit juste espérer qu'il ne perde
pas encore Grichting sur blessure...

LA PAROLE AU SELECTIONNEUR

OTTMAR
HITZFELD: Je suis bien sûr déçu. On a ainsi à peu près
vu à quel point le Chili et le Honduras seront forts en Afrique du
Sud, et voilà pourquoi ce match était important. Il m'a apporté
beaucoup d'enseignements: je sais désormais quel joueur peut jouer
à ce niveau, et qui ne peut pas, etc. Le 1-0 était un peu chanceux,
même si on aurait pu mettre le 2-0 peu après. En 2e mi-temps, il y
a encore eu plus de fautes. On voit qu'en Suisse, quand 2-3 joueurs
importants manquent, c'est difficile. Si l'Uruguay joue de la sorte
cet été, elle passera le 1er tour!

CE QU'ILS ONT AUSSI DIT

MICHEL PONT: Nous avons pris une bonne
leçon. L'Uruguay était bien plus fort. Si je suis inquiet? Nous
devons continuer à travailler et il faut que les meilleurs joueurs
soient présents.



STEPHANE GRICHTING: Nous avions fait le plus
dur en marquant les premiers. Malheureusement, l'égalisation est
tombée très vite. Nous avons été punis. C'est frustrant. Il nous a
manqué de la jouerie. Nous voilà avertis, car le Chili et le
Honduras évolueront de la même manière à la Coupe du monde. Si nous
avons les épaules pour faire le jeu, il faut le faire, sinon il
faut faire bloc en défense.



STEVE VON BERGEN: C'est un avant-goût de la
Coupe du monde. Je suis convaincu que l'état d'esprit du groupe
sera tout autre. Nous nous sommes créé des occasions. Bunjaku et
Chiumiento ont eu leur chance devant le but uruguayen. Derdiyok a
touché le poteau... Si Streller marque à la 33e minute, nous menons
2-0 et c'est un autre match. Il ne faut pas commencer à tout
remettre en question. Ce soir, nous n'avons pas évolué de manière
assez compacte. Nous devons travailler plus en équipe, resserrer
les lignes. La base, c'est de défendre et d'être dur dans les
duels.



STEPHAN LICHTSTEINER: Lorsque nous évoluons
devant notre public, nous devons montrer de l'envie et de la
volonté. Il nous a manqué de l'agressivité. Nous avons eu de la
peine dans nos enchaînements. Il faut travailler l'agressivité et
la volonté et ne pas avoir peur de gagner. Nous sommes déçus car
nous n'avons pas trouvé le bon rythme.



VALON BEHRAMI: Les jeunes ont tout essayé
mais une première sélection n'est jamais chose aisée. La réalité
est que nous ne sommes pas prêts actuellement. Nous avons 99 jours
pour suivre le programme que nous a donné le sélectionneur et être
au top.



MARCO STRELLER: Il y a une minorité de gens
qui me sifflent, et d'autres suivent. Mais j'ai réussi à mettre ça
de côté. Mon occasion? Il n'y a aucun doute, ça aurait dû rentrer!
C'est certes un très mauvais résultat, mais il ne sert à rien de
paniquer. Avant le Mondial 2006, nous avons aussi eu des matches
difficiles...



RETO ZIEGLER: On a eu de la peine à se
trouver, n'avons pas eu assez de mouvements. Cette équipe
d'Uruguay, si tu ne vas pas la chercher tout de suite, tu subis. De
plus, on n'a rien créé. J'espère que les fans continueront à nous
supporter, nous avons besoin d'eux!



DAVIDE CHIUMIENTO: Nous avons eu de bonnes
chances d'inscrire le 2-0. Et, de manière générale, avons eu
davantage le ballon que les Uruguayens. Ces derniers ne sont pas
les plus grands, mais physiquement ils sont là et font très bien
tourner le ballon. Je suis content que le coach m'a donné ma
chance, et que j'ai pu jouer pendant une demi-heure. Ottmar
Hitzfeld a essayé beaucoup de choses, et cela s'est ressenti en fin
de match... Mais le résultat fait un peu mal quand même.



JONATHAN ROSSINI: Je ne suis pas du tout
content de ma prestation. J'ai raté des passes faciles. J'ai été
submergé par l'émotion. Beaucoup trop... A moi d'effacer au plus
vite cette énorme déception. La Coupe du monde? Je n'y pense pas. A
moi de travailler dur en club pour continuer ma
progression.



XHERDAN SHAQIRI: J'ai eu de la peine à entrer
dans la partie. J'ai essayé de rester cool mais ce n'était pas
facile.



DIEGO FORLAN (no10 de la sélection uruguayenne):
Nous avons contrôlé la partie. Le résultat est mérité. La
Suisse est qualifiée pour la Coupe du monde. Cela signifie qu'elle
a des qualités. Ne vous inquiétez pas pour elle.



St-Gall, Daniel Burkhalter et Miguel Bao