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Stephan Lichtsteiner, un homme sensible

Stephan Lichtsteiner a passé son été au Mozambique.
Stephan Lichtsteiner a passé son été au Mozambique.
Stephan Lichtsteiner, devenu un pilier de l'équipe de Suisse et de la Lazio, a passé en juin une semaine au Mozambique. Le latéral lucernois a été touché par "la misère d'un continent oublié des plus riches".

Stephan Lichtsteiner n'est pas uniquement un talentueux
footballeur au passé d'espoir caractériel. Devenu maître de ses
nerfs avec les années et ses expériences parfois difficiles à
l'étranger, le Lucernois affiche, à 25 ans, une maturité que peu
lui prédisaient.



De retour d'un séjour humanitaire en Afrique, le latéral de la
Lazio Rome évoque, avec une touchante humanité, la misère d'un
continent oublié des plus riches et la futilité de certains
problèmes que rencontrent les privilégiés de cette planète.



Lichtsteiner a passé en juin une semaine dans plusieurs villages
du Mozambique, en tant qu'ambassadeur de Solidarmed, une
organisation humanitaire notamment active dans la construction
d'hôpitaux dans des pays dévastés tels le Lesotho, la Tanzanie et
le Zimbabwe, et qui a contacté le joueur après l'Euro 2008. «Le
projet m'a intéressé, mais je ne voulais pas parler d'un endroit
sans l'avoir vu
, explique-t-il. J'en garde un très bon
souvenir, même si ce séjour te laisse des cicatrices dans la tête
et dans le coeur»
, affirme-t-il encore en toute sincérité.

Changer les mentalités

«Ici, en Suisse, nous avons tout.
Eux, là-bas, ils n'ont rien. Ce qui n'empêche pas les enfants de
rire, de s'amuser, d'avoir l'air heureux. J'ai joué au football
avec eux. Nous avions pour ballon un sachet en plastique tel qu'on
en distribue dans les magasins en Suisse. Pour faire office de
lance-pierres, ils utilisent des capotes. C'est
impressionnant.
»



Une leçon que le Lucernois n'oubliera certainement pas. «Nous
avons l'habitude de nous plaindre dès que quelque chose ne marche
pas immédiatement, ou alors de nous lamenter après une mauvaise
journée. Regarde ic
i, invite-t-il en désignant le splendide
panorama que propose la terrasse du luxueux hôtel des Suisses à
Feusisberg. C'est magnifique. Par contre, si un jour nous nous
trouvons dans un établissement de standing inférieur, ça va
immédiatement gueuler. Ce voyage m'a apporté la confirmation qu'il
fallait toujours essayer de positiver et la certitude qu'un
changement dans notre mentalité est nécessaire.
»



Une capacité à relativiser les tracas quotidiens que Lichtsteiner
puise également de sa vie privée. «Ma mère était aussi très
malad
e, lâche-t-il sobrement. Et ça m'a beaucoup
appris.
»

«Tu n'as pas le droit»

La réalité du monde des laissés pour compte, dans cette Afrique
privée de son droit de vivre et pillée de ses richesses, a
«profondément bouleversé» l'ancien gamin impétueux d'Adlingenswil,
dont la voix se trouble au moment de raconter les scènes auxquelles
il a assisté. «Tu rencontres des mères porteuses du HIV qui
n'ont aucune notion du danger que cela peut représenter pour leurs
enfants, pour leurs bébés. Elles ne veulent même pas aller à
l'hôpital. Mais, en un sens, je les comprends. Quand tu vois
arriver 50 blancs qui prétendent te dire quoi faire et que,
surtout, tu es persuadé que ces blancs ne veulent pas ton
bien...»




La tâche des humanitaires devient alors presque impossible.
«Tu es obligé de répéter les choses 20 fois pour enfin être
pris au sérieux. Moi, d'habitude, au bout de 5 ou 6 fois, je laisse
tomber. Mais là, tu n'as pas le droit !»
Pas le droit non plus
de considérer la santé comme un immuable attribut que la nature
doit à l'Homme. «Le corps est une chose exceptionnelle. Nous
pouvons tous nous retrouver demain en fauteuil roulant. Quand un
accident survient, il est trop tard. Nous devons prendre soin de
nous. C'est pour cela que je veux tirer mon chapeau aux jeunes qui
ne boivent pas et ne fument pas. Aujourd'hui, j'ai peur en voyant
les enfants de 12 ou 13 ans, qui ne respectent pas leur santé. Les
parents ont le devoir de s'en soucier et de s'occuper
d'eux.»




Portant en lui son voyage comme un tatouage indélébile,
Lichtsteiner n'exclut pas de retourner un jour offrir de sa
personne et de son temps. «Même si cela donne à tes vacances
une profonde dureté et, qu'à ton retour, tu es fatigué et
troublé»,
conclut-il, comme semblant chercher de ses yeux
bleus, oscillant entre le lac de Zurich et les vallons schwyzois,
une source de courage à insuffler de nouveau au coeur.



si/ag

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Lichtsteiner: "Jamais à la maison"

Stephan Lichtsteiner a vu du pays cet été. En plus de son voyage humanitaire au Mozambique - durant lequel il a fait escale en... Afrique du Sud -, le latéral de la Lazio Rome s'est également rendu à Pékin pour y disputer la Supercoupe d'Italie et en Suède pour l'Europa League. Et le voilà qui s'est désormais envolé, avec l'équipe de Suisse, pour la Lettonie.

En rentrant du Mozambique, Lichtsteiner a passé une nuit à Johannesbourg, «une ville dont les alentours sont tellement pauvres qu'il n'y a pas de mot pour les décrire si la personne en face de toi ne les a pas vus». C'était au mois de juin. En août, après trois semaines de préparation, le Lucernois a pris la direction de la Chine, où il y a battu l'Inter Milan en Supercoupe d'Italie. «Pékin est une belle ville, mais pas du tout agréable, avec tout le smog qui y règne. Non, je n'ai pas trop aimé. Y disputer cette rencontre, c'est une question de business. Sportivement, c'est difficile à digérer.»

Après une semaine passée sur le site des derniers Jeux olympiques, Lichtsteiner est rentré en Suisse pour y affronter l'Italie le mercredi 13. Ensuite, retour à Rome pour deux matches et direction la Suède, avec un match d'Europa League contre Elfsborg le 27. Trois jours plus tard, la deuxième journée de Serie A l'emmène à Vérone. Puis de nouveau la Suisse et l'équipe nationale. Feusisberg et Bâle du mardi 1er au lundi 7, et Lettonie jusqu'à jeudi.

«Tu n'es jamais chez toi. C'est usant de vivre dans ta valise... Mais bon, cela fait partie du jeu.»