Voilà, le coup d'envoi du match dont toute le pays parle depuis
plusieurs mois n'est plus qu'à quelques heures. La Suisse reçoit la
Grèce, samedi à Bâle (20h30), avec une mission très claire:
remporter la victoire et, du même coup, prendre une option
peut-être définitive sur une qualification directe pour la Coupe du
monde 2010.
Etablie à la deuxième place du classement, ex aequo avec les
Hellènes mais dominés à la différence de buts (+8 contre +5), la
sélection d'Ottmar Hitzfeld sait pertinemment que son adversaire
peut tout à fait se contenter du match nul. Or, le dispositif
complexe et solide du rusé Otto Rehhagel n'est jamais facile à
prendre à défaut.
Convertir les occasions
C'est pourquoi, devant les quelque 38'000 spectateurs annoncés
au Parc St-Jacques (guichets fermés), les Helvètes vont devoir
percuter, prendre le jeu à leur compte, trouver la faille, faire
sauter un verrou qui, s'il n'offre plus les mêmes garanties
d'étanchéité que lors de l'Euro victorieux en 2004, peut encore
résister aux assauts de bien des équipes.
Encore que, en matière de rigueur défensive, la Suisse n'a
vraiment pas de quoi rougir de la comparaison. Depuis août 2008,
les Grecs ont encaissé 18 buts en 18 matches. La formation de
Hitzfeld, elle, affiche exactement la même moyenne (17 buts en 17
matches).
Une égalité qu'il faut relativiser en ne tenant compte que des six
rencontres disputées jusque-là dans cette campagne qualificative.
La Grèce a plié 4 fois, la Suisse 6. Une donnée qui pousse tout
l'encadrement de la sélection à répéter en choeur que le plus
important sera avant tout de convertir les occasions, car ces
dernières risquent de ne pas être très nombreuses.
Recherche inspirateur
Face à l'attentisme dont va
probablement faire preuve l'opposition, il faudra se montrer
patient et dicter le jeu. Une spécialité qui n'est pas le fort de
la Suisse ces dernières années, faute d'un véritable inspirateur
dans le rond central. Or, comme Gökhan Inler, touché à la cuisse,
risque de manquer à l'appel, le onze de Hitzfeld pourrait bien être
régi par le tandem Huggel-Fernandes, certes très travailleur, mais
pas forcément brillant en phase offensive.
L'importance des joueurs de couloir tels Barnetta, Padalino ou
encore Magnin sera dès lors capitale dans l'optique de destabiliser
l'organisation rigoureuse des Grecs. Des Grecs qui auront à coeur
de prendre leur revanche de leur défaite 2-1 infligée par la Suisse
au Pirée en octobre. «Cette fois, ils ne nous prendrons pas de
haut, comme cela avait pu être le cas chez eux, alors que nous
venions de perdre face au Luxembourg, prévient d'ailleurs Stéphane
Gricthing. Il nous faut monter en puissance par rapport au match
contre l'Italie.»
Génération finissante
L'opposition sera cependant, cette fois-ci, un peu moins relevée
que contre les champions du monde. Génération dorée, la Grèce de
Rehhagel est une équipe vieillissante. Angelos Charisteas, le
buteur historique de la finale de Lisbonne contre le Portugal,
tirait en ce sens la sonnette d'alarme dans le «Tages Anzeiger» de
mercredi, accusant la Fédération et les clubs grecs de n'avoir rien
mis en place pour entamer un réel travail de formation.
Et de prédire la fin du conte de fées pour 2010 ou 2011, une fois
la volée des champions d'Europe partie à la retraite. Mais pas
avant. «La Grèce et la Suisse termineront devant au classement,
pronostique un Charisteas confiant. J'espère que nous serons à la
première place, et que nous rejouerons contre la Suisse en Afrique
du Sud.»
si/alt
«Nous n'avons rien à leur envier»
Ludovic Magnin sera, à moins d'une énorme surprise ou d'un coup dur, titulaire samedi contre la Grèce, en match qualificatif pour la Coupe du monde 2010. Le Vaudois de Stuttgart, qui du haut de ses 61 sélections dépassera Kubilay Türkilmaz et rejoindra Beat Sutter à la 21e place des joueurs les plus capés du pays, refuse de nourrir le moindre complexe face aux champions d'Europe 2004.
«Je connais la plupart des Grecs, puisqu'ils évoluent ou ont évolué en Bundesliga, commente-t-il, et nous n'avons rien à leur envier !» Le décor est planté par un homme qui, fidèle à son habitude, n'hésite pas à se montrer vindicatif dans ses propos pour faire passer son message.
Titulaire dans le couloir gauche du VfB, le latéral estime être dans une bonne période. Une situation qui diffère passablement de celle de l'an dernier, quand, décrié par beaucoup, Magnin avait été une des victimes de marque, en septembre dernier, des matches en Israël (2-2) et surtout de la débâcle contre le Luxembourg (1-2).
Craintes en défense
Samedi passé, le vice-capitaine de l'équipe de Suisse n'a pourtant pas été convoqué par son entraîneur lors du Stuttgart Nuremberg (0-0). Un fait qui non seulement semble satisfaire le joueur, mais qui, de plus, a été décidé d'un commun accord avec Markus Babbel. «J'ai joué cinq matches en entier ou presque durant le mois d'août et j'avais besoin de souffler. Ca m'a fait du bien d'être en tribunes. Ca ne sert à rien de trop tirer sur la corde en début de saison et d'exploser plus tard», explique-t-il.
Alors que tout porte à croire que le plus grand défi des Suisses à Bâle sera de faire sauter le verrou grec, les talents des Hellènes dans l'art du contre obligeront également l'arrière-garde à être attentive de bout en bout. Or, ce secteur de jeu, frappé par les blessures et les méformes individuelles, suscite de grandes craintes.
«Quand tu prends un but, c'est toujours la défense qui a l'air stupide, nuance Magnin. Mais, comme je l'ai toujours dit, si toutes les lignes effectuent leur travail, la défense s'en sort. Sinon, si par exemple nous laissons des espaces comme contre l'Italie, nous allons être en difficulté.»
Mondial 2010, qualifications
Europe, groupe 2
05 septembre
Israël - Lettonie
Moldavie - Luxembourg
Suisse - Grèce
Classement (01.04)
1. Grèce 6 4 1 1 12- 4 13
2. Suisse 6 4 1 1 11- 6 13
3. Lettonie 6 3 1 2 10- 6 10
4. Israël 6 2 3 1 10- 8 9
5. Luxembourg 6 1 1 4 3-13 4
6. Moldavie 6 0 1 5 2-11 1
1=CM 2010