Quatre points. Juste quatre points. Voilà la mission que doit
accomplir l'équipe de Suisse pour valider son billet sans escale
pour la Coupe du monde 2010. Avec, au menu, un déplacement
revanchard au Luxembourg le 10 octobre et la réception d'Israël à
Bâle quatre jours plus tard.
Si près de l'Afrique du Sud, la sélection d'Ottmar Hitzfeld n'a
toutefois jamais paru en être si éloignée. Retour sur le paradoxe
helvétique. Les mines ne sont pas réjouies, au sortir du Skonto
Stadion de Riga, après le nul arraché contre la Lettonie. Le
sélectionneur ne s'y trompe d'ailleurs pas. "La meilleure
nouvelle de la soirée est venue de Moldavie", glisse-t-il en
faisant référence à la très bonne idée qu'a eue la Grèce de ne
prendre qu'un seul point à Chisinau.
Une victoire au Luxembourg, et un nul suffira face à Israël. Une
victoire au Luxembourg et, si Grecs et Lettons - qui s'affronteront
au même moment - ne se départagent pas, la qualification sera
acquise avant même la dernière rencontre. Tout cela, la délégation
helvétique le sait bien. C'est pourquoi la satisfaction prime après
son succès de samedi et ce 2-2 au Skonto Stadion. Deuxième et
virtuelle barragiste avant cette dizaine, la Suisse est devenue
leader et en position de force pour terminer en tête du groupe.
"Il nous manque des idées sur le terrain"
La satisfaction prime, certes, mais ne fleurit pas, ne
s'épanouit pas. Comment le pourrait-elle? Oui, les résultats furent
au rendez-vous. Mais que dire de la manière? Que dire de
l'indigence de la prestation, de la misère créative, du dénuement
d'inventivité? "C'est clair, il nous manque des idées sur le
terrain", reconnaît honnêtement Michel Pont.
Soucieux de ne pas trop enfoncer ses ouailles, Hitzfeld préfère,
lui, relever les quelques points positifs, sans toutefois pouvoir
éluder toutes les difficultés criardes de son équipe. L'Allemand,
meilleur atout du football helvétique dans sa quête mondiale, parle
alors de "manque de précision" ou encore de "problèmes
techniques". Plus généraliste, Pont estime que la Suisse a
besoin "de plus de niveau un peu partout", et surtout au
moment de faire le jeu, de trouver des espaces, de forcer des
décalages.
Trop d'absents de marque
Ses joueurs de couloirs contenus, bloqués, la Suisse n'a presque
plus aucun argument solide à faire valoir. Du moins aussi longtemps
qu'Inler est indisponible. Aussi longtemps que Dzemaili, récemment
prêté à Parme, ne retrouve pas temps de jeu et rendement. Aussi
longtemps que Margairaz n'est qu'à 80% du potentiel qui était le
sien avant son départ en Espagne. Aussi longtemps, peut-être, que
le sélectionneur privilégie un système à deux demis récupérateurs.
"Hitzfeld n'est pas rigide, précise Pont. S'il sent
qu'il doit changer quelque chose, il le fera. Mais c'est un éternel
problème en équipe nationale. Nous voyons les joueurs tellement peu
souvent que, si l'on change quelque chose à chaque rassemblement,
on perd la base solide que l'on essaie de construire."
Alors, il ne reste presque plus à la Suisse qu'à espérer un retour
aux affaires des locomotives du groupe citées plus haut. Et aussi
des retrouvailles avec les terrains pour Senderos et Djourou,
d'autant que Grichting sera suspendu au prochain match et que les
solutions non seulement ne se bousculent pas, mais surtout ne sont
pas forcément mieux loties - blessures ou difficultés en club - que
les deux Genevois (Eggimann, Ferati, Barmettler ou encore les M21
Rossini, Affolter et Djuric).
Un rôle de favori qui handicape
Certes, l'arrière-garde helvétique ne devrait logiquement pas
être trop sollicitée lors de sa prochaine sortie. Enfin, "la
fracture ouverte avec le Luxembourg" (dixit Pont) saigne
toujours, dans l'orgueil blessé et humilié de la nation, et
rappelle à tous que, quand elle est favorite et doit dicter sa loi,
la Suisse peut se montrer fort empruntée.
si/ggol
Le record de Zubi tient toujours
Avant la frappe égalisatrice de Cauna à la 62e minute du Lettonie - Suisse, Diego Benaglio n'avait plus encaissé de but en sélection depuis celui inscrit par Charisteas à la 68e de la rencontre d'octobre 2008 en Grèce. Soit un total de 444 minutes d'invincibilité. Le record est ainsi toujours détenu par Pascal Zuberbühler, qui avait rendu une fiche vierge durant 581 minutes entre mai (Italie) et novembre (Brésil) 2006, avec au passage un blanchissage historique durant la Coupe du monde en Allemagne.
Mondial 2010, qualifications
Europe, groupe 2
Israël - Luxembourg 7-0 (4-0)
Lettonie - Suisse 2-2 (0-1)
Moldavie - Grèce 1-1 (0-1)
Classement
1. Suisse 8 5 2 1 15- 8 17
2. Grèce 8 4 2 2 13- 7 14
3. Lettonie 8 4 2 2 13- 8 14
4. Israël 8 3 3 2 17- 9 12
5. Luxembourg 8 1 2 5 3-20 5
6. Moldavie 8 0 3 5 3-12 3
1=Mondial 2010
Prochains matches
10 octobre: Grèce - Lettonie, Luxembourg - Suisse et Israël - Moldavie
14 octobre: Lettonie - Moldavie, Suisse - Israël et Grèce - Luxembourg
Le télégramme du match
Lettonie - Suisse 2-2 (0-1)
43'Frei 0-1, 61'Cauna 1-1, 75'Astafjews 2-1, 80'Derdiyok 2-2.
Lettonie: Vanins; Klava, Ivanovs, Gorkss, Kachanows; Cauna (88'Zirnis), Astafjews, Kolesnicenko (86'Rafalskis), Rubins; Karlsons (85'Grebis), Verpakovskis.
Suisse: Benaglio; Lichtsteiner, Von Bergen, Grichting, Spycher; M.Padalino (76'Yakin), Gelson (79'Derdiyok), Huggel, Barnetta (76'Vonlanthen); Nkufo, Frei.
Skonto Stadion, Riga. 9000 spectateurs (estimation). Arbitre:
Kralovec
Notes: la Suisse sans Inler (blessé), Wölfli ni Nef (pas sur la feuille de match). Avertissements: 16e Ivanovs. 23e Grichting (suspendu contre le Luxembourg). 72e Kolesnicenko. 73e Astafjevs.