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Ottmar Hitzfeld à l'interview

Ottmar Hitzfeld, figure charismatique du football mondial (Keystone)
Ottmar Hitzfeld, figure charismatique du football mondial (Keystone)
Ottmar Hitzfeld (58 ans) paraît, de plus en plus, un entraîneur plausible pour l'équipe de Suisse, en succession de Köbi Kuhn, après l'Euro 2008. Lisez ci-après ce qu'il en pense.

Entraîneur depuis 25 ans, le «Suisse» Ottmar Hitzfeld est en
passe de conquérir le... 32e titre de sa carrière d'entraîneur, si
le Bayern termine champion d'Allemagne 2008. 2 Ligues des
Champions, 9 titres de champion national et 5 Coupes sont les plus
beaux fleurons de son impressionnant palmarès.

Une carrière liée à celle de Stéphane Chapuisat

Et on évoque à peine ses 7 titres conquis comme joueur (voir
tableau ci-contre) ni son record d'Allemagne peu ordinaire qu'il
détient toujours : 6 buts marqués au cours d'une seule et même
rencontre !



Ottmar Hitzfeld le «Suisse», car de l'âge de 21 ans à 42,
(presque) toute sa carrière de joueur et d'entraîneur s'est passée
en Suisse. En Bundesliga, il avait ensuite fait confiance à un
joueur suisse pour faire de Dortmund le premier club
d'Allemagne.



Stéphane Chapuisat l'avait impressionné avec... Malley contre
Aarau, lorsque le petit Vaudois avait 17 ans. «En imposant Steph' à
Dortmund, j'ai lié toute ma carrière à son destin. En cas d'échec,
je serais retourné à mon métier de prof de maths.»

Hitzfeld avait déjà refusé l'équipe de Suisse

Hitzfeld fêtera ses 59 ans le 12 janvier prochain. C'est
peut-être le jour qu'il choisira pour annoncer qu'il met fin à son
aventure au FC Bayern Munich pour embrasser la carrière de coach de
l'équipe de Suisse comme successeur de Köbi Kuhn. Dans sa carrière,
il a déjà refusé deux fois le poste de sélectionneur national : en
2004, celui d'Allemagne.



On sait moins qu'Ottmar Hitzfeld aurait pu reprendre les destinées
de l'équipe de Suisse à 36 ans déjà, lorsque Paul Wolfisberg était
en difficulté. Or, non seulement, Hitzfeld n'a jamais «piqué» la
place d'un confrère où que ce fût, mais en plus, dit-il, «j'étais
trop jeune à ce moment-là.» Cette fois, son heure est peut-être
venue, ce qui constituerait la première bonne nouvelle de l'année
pour le foot suisse.



Populaire en Suisse romande

Notre interview débute par une question que lui avait déjà posée
L'Illustré, dans son édition du 15 décembre dernier.



TSRsport.ch: Un sondage du site internet
TSRsport.ch vous a valu un plébiscite avec 41% des suffrages,
contre seulement 17 à Christian Gross et 16 à Lucien Favre. Cette
popularité chez les Romands vous étonne-t-elle?




Ottmar Hitzfeld: Oui. Ça remonte probablement aux
années 80, lorsque le FC Aarau a sérieusement concurrencé les clubs
romands qui dominaient alors la Suisse (Aarau avait terminé 2e du
championnat 84/85 derrière Servette et avait battu Xamax en finale
de la Coupe). A part ça, les footballeurs romands représentent un
beau capital pour l'équipe de Suisse. Il ne m'a pas échappé que 6
ou 7 Romands partent titulaires à chaque match de la Suisse.



TSRsport.ch: Quel est votre agenda dans
l'affaire de l'équipe de Suisse?




Ottmar Hitzfeld: Je prendrai ma décision à
mi-janvier. Je la communiquerai au Bayern et à l'Association Suisse
de Football (réd.: dans L'Illustré, Hitzfeld estimait à 33% ses
chances de reprendre l'équipe de Suisse).



TSRsport.ch: La question du salaire paraît
insurmontable, non?




Ottmar Hitzfeld: Je ferai les concessions qui
s'imposeront.



TSRsport.ch: Mais vous gagnez probablement 4
ou 5 millions d'euros au Bayern... Et si vous reprenez pour 10% de
cette somme l'équipe de Suisse, cela ne «casserait»-il pas votre
valeur marchande?




Ottmar Hitzfeld: Je n'évoque pas mon salaire sur
la place publique, mais ma valeur marchande ne me pose pas de
problème. Un entraîneur ne sait jamais de quoi seront faits ses
lendemains. Rien ne dit que je ne retrouve pas, avec la Suisse, le
plaisir d'entraîner.



TSRsport.ch: Question plaisir, justement: en
éprouvez-vous encore au Bayern?




Ottmar Hitzfeld: Le travail avec mes joueurs est
passionnant, enrichissant. Mais ici, c'est comme dans tous les
clubs du monde: lorsque le président du club (réd.: Kalle
Rummenigge, ex-joueur du Servette FC) critique son entraîneur
publiquement, l'entraîneur est en danger. A Munich, il faut savoir
résister à une pression inouïe. Parfois, les dirigeants ne la
supportent pas mieux que les entraîneurs...

Les plus beaux jours de l'équipe de Suisse sont à venir

TSRsport.ch: En
Suisse y aura-t-il moins de pression?



Ottmar Hitzfeld: Battre la Suisse comme
entraîneur de l'équipe d'Allemagne, c'est possible. Battre
l'Allemagne avec la Suisse, c'est plus difficile, or toute la
Su
isse attend ça. Donc, la pression sera réelle en Suisse. Une
certaine pression n'est cependant pas préjudiciable au
plaisir.



TSRsport.ch: Quelles sont vos relations avec
le football suisse, que vous avez tout de même quitté en
1991?



Ottmar Hitzfeld: Je suis toujours avec intérêt ce
qui se passe en Suisse. C'est un peu mon pays. J'y ai joué une
quinzaine d'années, hormis 2 saisons à Stuttgart,
et j'ai été
entraîneu
r 8 ans en Suisse (Zoug, Aarau, GC). La formation des
entraîneurs et des jeunes est excellente depuis des années. Je
crois que le football suisse révélera encore bien des talents à
l'avenir.



TSRsport.ch: Comment jugez-vous les
possibilités de l'équipe de Suisse?



Ottmar Hitzfeld: L'équipe de Suisse a ses plus
beaux jours devant elle. Kuhn a permis l'éclosion des Barnetta,
Senderos, Djourou et de quelques autres. Ce sont d'o
res et déjà des
pilie
rs, et ils n'auront 28 ans, la fleur de l'âge du footballeur,
en 2014 seulement. L'année de la Coupe du monde au Brésil.



TSRsport.ch: Alors, c'est peut être trop tôt
pour vous ?



Ottmar Hitzfeld: Ce n'est pas ce que je veux
dire. L'équipe de Suisse me permettrait de rendre à ce pays quelque
chose
de tout ce qu'il m'a donné. Vous savez, je suis né à un jet
de pi
erre de la frontière suisse, à Stetten-Lörrach, près de Bâle.
Gamin, nous franchissions toujours la frontière avec notre ballon,
car en Suisse il y avait de bien meilleurs terrains de foot qu'en
Allemagne. Dommage, presque partout, il y avait des écriteaux avec:
«Betreten verboten!» (interdit de pénétrer sur le terrain).



TSRsport.ch/Ed.Stutz

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Ottmar Hitzfeld: un vrai palmarès

Date de naissance: 12 janvier 1949

Tous ses titres et son âge au moment de leur conquête

Joueur - 7 titres

Champion de Suisse

23 ans : avec Bâle

24 ans : avec Bâle

Coupe de Suisse

26 ans : avec Bâle

Meilleur buteur

21 ans : meilleur buteur de la Ligue régionale allemande de Lörrach

23 ans : meilleur buteur Jeux olympiques 1972 (Allemagne/5 matchs, 5 buts)

24 ans : meilleur buteur LNA suisse

28 ans : meilleur buteur 2e Bundesliga (VfB Stuttgart)

Entraîneur - 31 titres

Ligue des Champions: 2

48 ans : avec Borussia Dortmund

52 ans : avec Bayern Munich

Champion: 9

35 ans : Champion LNB (Zoug)

41/42 ans : Champion de Suisse (GC)

43 à 54 ans: 6 x Champion d'Allemagne (Dortmund 2, Bayern 4)

Coupe: 5

36 ans : Coupe de Suisse (Aarau)

40/41 ans : 2 x Coupe de Suisse (GC)

51/53 ans : 2 x Coupe d'Allemagne (Bayern)



Autres titres - 15

2 x Supercoupe d'Allemagne

3 x Coupe de la Ligue allemande

1 x Supercoupe suisse

2 x Entraîneur mondial de l'année

7 x Entraîneur allemand de l'année

Hitzfeld et ses collègue suisses de Bundesliga

Favre et Koller sont deux noms d'entraîneurs suisses qui officient en Bundesliga...
J'ai fait de Marcel Koller mon libero à GC. Entraîneur, il a épousé beaucoup de mes idées. Lucien Favre avait déjà mon admiration lorsqu'il jouait au Servette FC et que j'entraînais Aarau. Comme entraîneur, je rêvais d'un meneur de jeu comme lui. J'ai d'ailleurs failli entraîner Servette. Le président Lavizzari avait proposé de racheter mon contrat à Aarau en 1985. Ça ne s'était encore jamais vu pour un entraîneur.

Et pourquoi le « transfert » n'a-t-il pas eu lieu ?
J'avais 36 ans. Aarau constituait ma première station comme entraîneur professionnel. J'avais aussi des offres de Stuttgart. Mais je me suis dit, 'Ottmar, si tu ne respectes pas ton contrat ici, on ne respectera pas ton contrat ailleurs.' (réd.: et en fait, il a fallu attendre 20 ans, avant que Hitzfeld soit licencié dans un club, le Bayern).