En 1980, après les six défaites concédées devant l'Allemagne
(3-2), la Norvège (2-1), l'Angleterre (2-1), l'Argentine (5-0),
l'Uruguay (4-0) et le Brésil (2-0), l'ASF avait opéré une petite
révolution de palais en intronisant Paul Wolfisberg. A deux mois et
demi de l'Euro, Köbi Kuhn peut être rassuré. Il est désormais trop
tard pour faire la grande lessive. Malgré la terrible gifle reçue
mercredi soir devant l'Allemagne.
Couronné personnalité suisse de l'année 2006 malgré son coaching
défaillant lors du huitième de finale de la Coupe du monde contre
l'Ukraine, Köbi Kuhn ne jouit plus que d'un crédit bien limité.
Serait-il aujourd'hui toujours à la tête de l'équipe de Suisse si
Ottmar Hitzfeld n'avait pas, au printemps dernier, prolongé d'une
année sa «pige» au Bayern Munich ?
Les dirigeants de la Swiss Football League (SFL), auxquels revient
selon le fonctionnement de l'ASF la tâche de proposer chaque
nouveau sélectionneur, n'auraient-ils pas alors eu la tentation
d'accélérer le mouvement, de déboulonner un entraîneur qu'ils
tiennent en piètre estime ?
Un constat sans appel
Aux yeux de la SFL et du grand public, le constat est sans
appel: l'équipe de Suisse ne cesse de régresser depuis une année.
Il y un mois et demi à Wembley, le brio de Diego Benaglio dans la
cage avait permis à la Suisse de ne concéder qu'une défaite
honorable (2-1). Mercredi soir, le portier de Wolfsburg s'est,
cette fois, mis au niveau de ses coéquipiers. Sa responsabilité sur
l'ouverture du score de Klose est, ainsi, engagée.
Mais malgré cette erreur, son statut de no 1 ne doit pas être
remis en question. Il possède une marge énorme sur ses deux rivaux
en sélection. Si Benaglio sera bien dans la cage de l'équipe de
Suisse le 7 juin contre la République tchèque pour le «seul» match
qui compte selon le refrain entonné presque en désespoir de cause
par les joueurs et le staff, Köbi Kuhn ne possède plus aucune
certitude quant à sa défense.
La "Nati" orpheline de Müller
L'absence de Patrick Müller, dont on murmure que seul un miracle
pourrait lui offrir une chance de tenir sa place à l'Euro, fausse
tout. Sans le Lyonnais, qui fut remarquable lors de la Coupe du
monde 2006, la défense suisse a perdu tous ses repères. Face à
l'Allemagne, Köbi Kuhn avait titularisé dans l'axe deux joueurs qui
brillent dans leur club, Senderos et Eggimann. Si séduisante sur le
papier, cette association a tourné au fiasco.
Les deux derniers matches amicaux contre la Slovaquie, le 24 mai à
Lugano, et contre le Liechstenstein, six jours plus tard à St-Gall,
doivent permettre au Genevois et à l'Argovien de trouver enfin
leurs marques. Si Köbi Kuhn, comme on peut le croire, leur
maintient sa confiance.
Une option suicidaire
Köbi Kuhn a, par ailleurs, pu constater que le retour au 4-3-1
2, ce schéma de jeu qui avait été bâti il y a six ans déjà autour
de Hakan Yakin, serait suicidaire à l'Euro. Barnetta ne possède pas
le profil qui était celui de Hakan Yakin à l'époque. Le St-Gallois
est un joueur qui mise beaucoup sur sa vitesse, qui préfère
percuter. Il a besoin d'espaces.
Par ailleurs, ce schéma a l'inconvénient de déplacer Gelson sur la
gauche alors que l'ancien joueur du FC Sion ne donne sa pleine
mesure que dans l'axe. Enfin, le dernier enseignement de la soirée
est le plus réconfortant. Dans un style parfois désordonné,
Lichtsteiner et Behrami ont répondu à l'attente qui était placée en
eux. Köbi Kuhn pourra, s'il le désire vraiment, leur confier le
flanc droit à l'Euro.
si/tou
Alex Frei blessé
Frei forfait pour le derby contre Bochum Le buteur du Borussia Dortmund Alex Frei sera indisponible pour le derby contre Bochum samedi.
Le capitaine de l'équipe de Suisse souffre d'un étirement ligamentaire à une cheville contracté lors de la rencontre internationale perdue face à l'Allemagne (0-4).