Malgré deux buts d'avance, la Suisse n'a ramené qu'un point
(2-2) de son déplacement à Tel Aviv, lors de son premier match
qualificatif pour la Coupe du monde 2010. Si Ottmar Hitzfeld et Cie
se seraient satisfaits d'un tel score avant la partie, le
déroulement de la rencontre, avec une égalisation israélienne à la
92e, laisse forcément en bouche un goût d'inachevé.
Enorme déchet technique
«Nous avons offert deux points, acquiesce Hitzfeld, mais nous en
avons aussi pris un sur la pelouse d'un concurrent direct.» Tel est
bien le premier paradoxe d'une rencontre où la Suisse paya cher son
énorme déchet technique: l'objectif initial est atteint - revenir
avec un point - mais la manière énerve. «Si tu mènes 2-0 à un quart
d'heure de la fin, tu dois gagner !», assène simplement un
Tranquillo Barnetta bien loin de son meilleur niveau.
En concédant à Benayoun (73e) et Sahar (92e) deux buts, la défense
helvétique articulée autour de la paire Djourou-Grichting ne
ressortit pas vainqueur du rendez-vous. Et ce malgré 70 premières
minutes plutôt encourageantes qui l'avait vue exercer un pressing
très haut que l'on ne connaissit pas du temps de Köbi Kuhn. Pour
Hitzfeld, il fallait «gagner des mètres», expliquait Grichting.
Les latéraux hors du coup
«C'est de notre faute, nous ne pouvons pas nous cacher. Nous
n'arrivions pas à garder la balle devant, ce qui nous aurait permis
de mieux sortir», analysait le Valaisan. Un point de vue partagé
par la presque totalité du camp helvétique. Perte de «ballons
simples» selon Magnin, «déchet» selon Djourou et Lichtsteiner,
nécessité d'une «meilleure conservation» pour Nkufo, les voix
concordaient.
Les deux réussites israéliennes, consécutives notamment à des
absences récurrentes de Lichtsteiner et surtout de Magnin, mirent
aussi en évidence les carences des couloirs suisses en phase
défensive. Même si, comme plaidait Hitzfeld en faveur de Magnin,
encore faut-il «être épaulé par ses coéquipiers». Or, sur le but de
Sahar, presque toute l'équipe joua le coup de manière
catastrophique.
Inler, bon mais coupable
La Suisse fut trahie par une technique déficiente. Behrami, qui
obtint certes les deux coup francs décisifs, n'était pas dans un
grand jour. Barnetta passait à côté de son match. Huggel tournait
souvent dans le vide et reculait beaucoup trop en fin de partie. «A
2-0, nous avons peut-être eu un peu peur et n'avons de ce fait plus
pressé assez haut. Dès lors, derrière, nous avons beaucoup
couru.»
Autre paradoxe de la rencontre, la copie rendue par Gökhan Inler.
Le demi d'Udinese soutint à lui seul la maison helvétique en
première mi-temps. Bon dans les duels et propre dans ses passes,
l'ancien zurichois se rendit cependant coupable, à l'instar de ses
partenaires, d'une position bien trop reculée dans le quart d'heure
final et d'une perte de balle qui donna le corner par lequel vint
l'égalisation d'Israël.
Yakin l'indispensable
Les attaquants n'échappèrent pas à la tendance «chaud-froid» qui
caractérisa la prestation des Suisses. Physiquement encore moins
affûté que lorsqu'il évoluait aux Young Boys, Hakan Yakin était
régulièrement en déficit de vitesse. Il ouvrait pourtant le score
sur un maître coup franc, avant d'en délivrer un autre sur la tête
de Nkufo pour le 2-0. «La Suisse ne peut pas se passer de Yakin. Il
a marqué à l'Euro. Il marque contre Israël», relevait très
justement Rolf Fringer sur la TV alémanique.
Nkufo, pour sa part, passa les 45 premières minutes à perdre ses
duels. Incapable de conserver le cuir, il n'offrait que très
rarement la possibilité aux siens de remonter le terrain. Il donna
néanmoins à la Suisse deux longueurs d'avance et abattit un gros
travail en seconde période.
si/mor
Changements en vue
Ottmar Hitzfeld ne pouvait pas, le lendemain, s'avouer heureux d'un match «qui ressemble presque à une défaite», pour reprendre les mots de Behrami. «Plusieurs joueurs doivent élever leur niveau. Il y aura des changements mercredi. J'ai de bons joueurs dans le groupe. Je vais mettre du mouvement dans le cadre», prévenait l'Allemand qui précisait aussi ne pas avoir apprécié la victoire de la Lettonie en Moldavie.
Car le sélectionneur de l'équipe de Suisse sait bien que sa formation doit encore beaucoup progresser. «Nous prenons deux buts sur coups de pieds arrêtés. Sinon, la Suisse ne nous met jamais en difficulté dans le jeu», avait à juste titre rappelé son homologue israélien Dror Kashtan.