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La gueule de bois pour Ottmar Hitzfeld

La mine des mauvais jours pour le coach Ottmar Hitzfeld.
La mine des mauvais jours pour le coach Ottmar Hitzfeld.
Au lendemain de la défaite mortifiante de la Suisse contre le Luxembourg, l'entraîneur Ottmar Hitzfeld a fait face à la presse et n'a pas mâché ses mots.

L'impensable arrive parfois. Impensable comme une défaite à
domicile contre le Luxembourg, dans un match qui compte, un match
officiel, un match éliminatoire de la Coupe du monde 2010. Un match
au cours duquel les Suisses, repus de suffisance, "manquant de
classe"
selon leur entraîneur, se sont mués en risée d'un
public en colère et d'une planète football moqueuse.



"Je suis très déçu de mes joueurs sur le plan mental",
explique Ottmar Hitzfeld le lendemain. "Nous avons des
problèmes d'ordre psychologique. L'équipe a perdu la tête!"

Directement mis en cause dans son coaching, l'Allemand accepte la
critique. "Il est normal de discuter de mes choix après une
défaite contre le Luxembourg."

Soirée noire

Pourquoi? Pourquoi cette défaite contre une sélection ne
comptant dans ses rangs que deux joueurs professionnels? Emu,
assommé, Ottmar Hitzfeld parlera de "soirée noire", d'une
incapacité à "jouer de manière unie, de trouver la
cohésion"
, il ira même jusqu'à utiliser le mot
"crise", essayant d'atténuer les conflits internes -
"faire son autocritique et ne pas accabler d'autres
joueurs"
-, tout en promettant qu'il n'allait "pas
abandonner"
et qu'il fallait "encore croire aux chances de
qualification"
.



Huit matches sont encore au programme de la Suisse avant le
verdict final. Assez pour arracher le billet sud-africain. Mais la
sélection nationale a déjà grillé tous ses jokers. Les trois points
perdus contre le Luxembourg devront être récoltés ailleurs. En
Grèce, en Lettonie. Et à domicile, contre tous les adversaires qui
se dresseront devant elle. Elle n'a plus le choix.

Manque de patron

Alexander
Frei, devant "la pire défaite de ma carrière
internationale"
, ne peut pas "trouver du positif".
"C'est celle qui fait le plus mal", reconnaît-il encore, avant
d'oser la comparaison. "La Suisse, c'est comme une formule 1
qui a un problème de moteur. Mais nous avons tout en mains pour
revenir en pole position"
.



Une foi en l'avenir qui contraste forcément avec la qualité du jeu
proposé par une équipe en manque de patron tant à Tel Aviv qu'à
Zurich. Contrairement à ce qu'il fait en club, Diego Benaglio,
impliqué sur les deux réussites luxembourgeoises, n'est toujours
pas décisif sous le maillot à croix blanche (22 buts encaissés en
11 matches depuis qu'il est no 1!). Derrière, Patrick Müller
manque, Senderos, dans une moindre mesure, aussi.

Zéro

"J'ai été zéro!", reconnaît Ludovic Magnin, dont les
mauvais choix commencent de peser sur la bonne marche de l'équipe.
Ni Lichtsteiner contre Israël, ni Nef contre le Luxembourg, n'ont
su trouver les bons réglages. L'entre-jeu a clairement été le
secteur le plus sinistré. Un Gökhan Inler dépassé, un Tranquillo
Barnetta ô combien décevant, un Valentin Stocker ne confirmant pas,
un Johan Vonlanthen insipide, un Almen Abdi inadapté.



"Plusieurs joueurs ne sont pas au point sous la
pression
", concède Hitzfeld, pensant notamment à Stocker.
"Valentin doit apprendre maintenant à gérer ces moments pour
progresser. Il demeure un immense talent. Mais nos jeunes joueurs
manquent encore de mordant offensif".




Dans la débâcle, trois joueurs ont toutefois marqué des points.
Valon Behrami a répondu présent. Comme à l'Euro. Indispensable
travailleur envoyé au charbon, doté de qualités physiques
supérieures à celles de ses coéquipiers et d'une technique qui peut
faire la différence. Hakan Yakin a également rappelé qu'il était
incontournable, en dépit de sa lenteur nonchalante. Et, en
l'absence de Marco Streller et Eren Derdiyok, Blaise Nkufo s'est
profilé comme l'attaquant no 2 de l'équipe.

Plus de cadeau

Pourtant, les bonnes individualités qui composent la sélection
suisse ne sauraient donner au groupe une âme sur la pelouse. Un
état d'esprit. Un vrai, pas celui qui est vanté face à la presse,
mais celui qui jaillit de lui-même dans le jeu. L'absence cruelle
de caractère contre le Luxembourg, qui s'était déjà signalée depuis
plus de deux ans maintenant, interpelle. Tout comme les choix
d'Ottmar Hitzfeld.



"J'aurais bien fait trois changements supplémentaires",
avait-il l'audace d'avancer après le match. Lui qui est
complètement passé à côté de son coaching tant en Israël qu'à
Zurich. Le temps des tests est terminé. Celui des cadeaux aussi. La
Suisse n'a plus le droit à l'erreur.



si/alt

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Hitzfeld: «La pire défaite de ma carrière»

Ottmar Hitzfeld a reçu la presse à Riehen, douze heures après la déroute suisse face au Luxembourg, pour clore ce premier stage longue durée depuis son arrivée à la tête de l'équipe. Deux matches officiels, cinq points perdus, et de gros doutes. «C'est la pire défaite de ma carrière», a-t-il concédé.

Ottmar Hitzfeld, avez-vous pu dormir cette nuit?
HITZFELD: Ce fut une nuit agitée. L'amer goût de la défaite ne m'a pas quitté. C'est un coup de massue pour moi, les joueurs, les journalistes et les fans.

Quelles sont les raisons de l'échec?
HITZFELD: Nous n'avons pas réussi à élever notre concentration après l'égalisation, qui est pourtant tombée à un moment idéal. L'équipe a montré trop peu de force mentale. Je me suis demandé s'il n'avait pas été trop risqué de titulariser Frei. Mais non, nous devions gagner ce match avec ou sans Alex. Même avec plusieurs joueurs de M21 nous aurions dû gagner ce match.

Pensez-vous que la concurrence que vous avez instaurée dans l'équipe ait pu mettre certains joueurs en situation de surcharge?
HITZFELD: C'est possible. Mais nous affrontions le Luxembourg, pas l'Italie ou un autre grand. Chaque joueur doit être capable de jouer contre un tel adversaire.

Le prochain match est dans un mois...
HITZFELD: C'est la seule raison qui me fait regretter la vie d'entraîneur de club. Ce serait optimal de pouvoir se réhabiliter das trois jours avec une bonne performance.